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Pascal Coste Coiffure : « Ce reconfinement est une claque »
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Pascal Coste Coiffure : « Ce reconfinement est une claque »

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Avec 260 salons de coiffure fermés en France et 1 500 salariés au chômage technique, Pascal Coste ne s’attendait pas du tout à être reconfiné. Un coup de massue que le coiffeur niçois vit comme une injustice pour l’ensemble des commerçants. Pour autant, le groupe poursuit ses projets de développement digital et de rachats.

— Photo : DR

Comment vivez-vous ce nouveau confinement ?

Pascal Coste : On garde le moral face à ce que nous considérons être du grand n’importe quoi ! C’est comme si de rien n’était : il y a du monde partout dans la rue et nous, on nous dit de rester chez nous. Nous sommes punis ! Aujourd’hui, j’ai 1 500 salariés au chômage technique et 260 magasins fermés. Nous avons acheté 18 salons le 1er novembre, comptant plus de 200 collaborateurs. Je dénonce des décisions prises hâtivement, bêtement, par des gens qui n’ont jamais eu à prendre un crédit pour ouvrir un commerce ou faire un chèque pour payer un salarié. Ce n’est ni logique, ni équitable.

"Je viens de racheter 32 salons le 1er novembre dernier "

Vous ne vous attendiez pas à ce reconfinement ?

Pascal Coste : Ça a été une claque, un nouveau coup de massue ! Jamais je n’avais pensé que nous serions reconfinés après tous les efforts et les investissements que nous avons faits pour les espacements, la circulation dans les salons, les outils que nous avons mis en place, les gestes barrières… Nous avons tous été très professionnels et aujourd’hui, tout cela me laisse un goût de gâchis.
À l’échelle de notre profession, deuxième artisan de France, 20 % de fermetures définitives sont annoncées. Au sein du groupe Pascal Coste, nous nous relèverons. Nous tiendrons car nous avons les reins solides. Nous avons acheté 32 salons depuis le début de l’année. Mais c’est la fin de l’artisan coiffeur, de celui qui représente ce métier. C’est pour les plus petits que je râle.

La forte activité au moment de la sortie du confinement en mai a-t-elle permis de limiter la casse ?

Pascal Coste : Au mois de mai, nous avons enregistré une hausse de 33 % par rapport à l’an dernier. Mais, en juin, nous sommes retombés à -20 % pour revenir peu à peu en septembre à -4 %. Nous étions donc en train de retrouver l’équilibre.
Parallèlement, le site internet a explosé avec une augmentation de 150 % par rapport à 2019, qui était déjà en augmentation de 69 % sur l’année précédente. Mais pas de quoi compenser la fermeture des salons. Je n’ai pas honte de dire que le premier confinement m’a coûté 10 millions d’euros. Celui-ci nous fera perdre 3 millions d’euros s’il ne dure qu’un mois. L’année est perdue.

"Beaucoup d’opportunités se présentent et nous ne voulons pas attendre."

Comment abordez-vous 2021 ?

Pascal Coste : Nous sommes obligés de nous réinventer. Nous préparons la reprise. Ainsi, sur notre site internet, on pourra acheter du shampoing, des sèche-cheveux mais nous allons aussi vendre des tickets « coupe-coiffage ».
Nous aménageons dès demain notre nouvel entrepôt à Carros, consacré à la vente en ligne. Entièrement robotisé, il s’étend sur 3 000 m2. Le chantier aura duré une année. On pourra ainsi passer de 10 000 à 20 000 références. Nous sommes numéro 1 en France en B to C, nous allons désormais nous lancer aussi en B to B. Nous sommes en train de racheter un grand entrepôt de 22 000 m2 à Paris à un groupe dont je ne peux communiquer le nom. Cela a été retardé par le Covid-19 mais nous espérons finaliser ce projet en 2021. Nous voulons créer un nouveau concept afin de livrer les coiffeurs en direct.
Nous sommes par ailleurs sur le rachat d’un groupe d’une centaine de salons en France dont nous prendrions 70 % du capital. Le confinement et la crise nous font accélérer. Beaucoup d’opportunités se présentent et nous refusons d’attendre. Disons que nous sommes en première division et que nous jouons le maintien.

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