Sans vitrine, avec seulement des logos floqués sur des fenêtres closes et leur rideau métallique tiré, ils fleurissent doucement dans de grandes villes françaises. Les "dark stores" ou "supermarchés de l’ombre", souvent implantés en pieds d’immeubles, inquiètent les élus locaux depuis quelques semaines. C’est le cas à Nice où le maire monte au front contre ces entrepôts de stockage qui permettent à des sociétés de livrer le plus vite possible les courses en ligne de leurs clients. "Leur déploiement réduit notre tissu commercial, dévalorise les commerces de proximité et porte atteinte à l’attractivité de nos cœurs de ville. Ils sont générateurs de pollutions et de nuisances sonores importantes", déplore l’édile. Pire encore, ces nouvelles enseignes génèrent selon lui, "d’importants troubles à l’ordre public du fait du comportement incivique de certains livreurs et de l’activité qui peut s’exercer en continu, 24 heures sur 24".
Les maires interpellent le gouvernement
Des propos tenus noir sur blanc dans un courrier adressé, ces jours-ci, à Olivier Klein, ministre délégué chargé de la Ville et du Logement. "Je me fais aujourd’hui le porte-parole de nombreux maires de France", écrit-il notamment pour demander que les villes "aient la liberté de décider ou non de l’ouverture de ces entrepôts urbains". Un appel également lancé par les mairies de Paris, Lyon ou Marseille auprès du gouvernement qui veut légiférer sur la question.
Le 30 juin dernier, le conseil municipal de Nice avait voté à l’unanimité une délibération "contre le déploiement non contrôlé" de telles structures. Les "dark stores" accompagnent le phénomène des "quick courses" (ou courses rapides) né aux États-Unis et amplifié par la crise sanitaire. En France, c’est encore un marché de niche : le chiffre d’affaires de ce commerce est estimé entre 120 et 150 millions d'euros en 2021 selon une étude de l’Institut IRI citée par plusieurs médias.