Maryline Bellieud-Vigouroux : Sous toutes les coutures

Maryline Bellieud-Vigouroux : Sous toutes les coutures

S'abonner
Présidente de l'Institut Mode Méditerranée, et par ailleurs consultante, Maryline Bellieud-Vigouroux, ex-épouse de l'ancien maire de Marseille, est la figure emblématique du monde de la mode dans la région. Retour sur le parcours et les projets d'une véritable passionnée.
— Photo : Le Journal des Entreprises

C'est dans son vaste bureau de l'Institut Mode Méditerranée, dont la terrasse offre une vue imprenable sur l'hyper-centre de Marseille, avec, à l'horizon, la silhouette protectrice de Notre-Dame-de-la-Garde, que Maryline Bellieud-Vigouroux choisit de nous rencontrer. Souriante et décontractée, la grande prêtresse de la mode locale revient sur un parcours marqué par l'engagement et la passion.




Brassage des cultures

Maryline Bellieud-Vigouroux est née le 1erseptembre 1957 à Marseille, fille unique au sein d'une famille d'origine italienne et de tradition ouvrière, dont «le travail était la vertu». «Petite fille, j'étais une élève pressée de comprendre et d'apprendre. Mais sur le terrain. Je n'étais pas en adéquation avec le système scolaire. Je m'y ennuyais». Son amour de la mode, Maryline Bellieud-Vigouroux le tient de sa grand-mère maternelle. «Elle était un peu ronde, et s'habillait sur-mesure. Elle m'emmenait parfois chez les artisans marseillais. Je me souviens même qu'avec les chutes de tissu, la couturière me confectionnait des robes pour ma poupée...» Après avoir obtenu son baccalauréat, elle a suivi des cours de philosophie, mais sans but précis. «Je n'avais pas d'objectif de carrière, confirme-t-elle. Mon souhait était plutôt de m'épanouir dans ma vie familiale. C'est un choix de vie. J'ai ainsi eu mon premier enfant à 20 ans». Épouse, à l'époque, de Robert Vigouroux, professeur de médecine, elle aime tout particulièrement faire visiter la Provence aux invités de congrès médicaux. Entre1980 et1984, elle organise des expositions de peinture, de sculptures et de photographie. Puis sa vie bascule en 1986, lorsque son époux d'alors devient maire de Marseille. «J'avais à peine 30 ans, mais déjà un caractère bien trempé. Je souhaitais contribuer à l'émergence d'une nouvelle image de la ville. Je me suis tournée vers le monde de la mode, en me posant une question simple: qu'est-ce qui fait l'originalité et la force de Marseille? Pour moi, c'est le brassage des cultures et des communautés, qui s'expriment notamment à travers la mode». La première dame de la ville décide alors de créer l'Institut Mode Méditerranée. Un combat qui n'est pas forcément allé de soi. «Les personnalités locales, à l'époque, étaient plutôt sceptiques. Elles ont tenté de me décourager. Je suis donc allé chercher des appuis à Paris. Là-bas, de nombreuses personnalités m'ont encouragé. Parallèlement, j'ai décidé de fonder le Musée de la mode, en créant un fond patrimonial qui n'existait pas. Il compte aujourd'hui 6.000 pièces de très grande qualité. Je n'ai jamais abusé de mon statut. Ma légitimité, je la tiens de mon travail et de ma ténacité».




Valoriser la filière mode

Maryline Bellieud-Vigouroux, qui est par ailleurs consultante (MBV Conseil), préside ainsi bénévolement l'Institut Mode Méditerranée depuis vingt ans. Une structure qui, depuis sa création, a multiplié les initiatives au service des créateurs locaux et de la filière textile régionale. Valorisation des cycles de formation liés à l'industrie de la mode, création d'un Bureau de la Mode, du Pass CréaMode pour les jeunes créateurs, du concours Espoirs de Mode, ou encore de l'Itinéraire Mode: Maryline Bellieud-Vigouroux est sur tous les fronts. Avec un seul objectif: animer la filière mode locale, et au-delà, méditerranéenne. C'est d'ailleurs tout l'enjeu de la Cité euroméditerranéenne de la Mode, créée en 2005. «Nous nous sommes simplement demandé comment le bassin méditerranéen pouvait adapter son industrie textile, face à une nouvelle concurrence, notamment chinoise. Notre but est d'essayer d'apporter de la valeur ajoutée aux acteurs de ces pays». La plate-forme devrait prendre vie de manière tangible courant 2010, avec une prise de décision concernant sa probable installation dans Euromed Center, au coeur du quartier d'affaires Euroméditerranée, à Marseille.