Les lieux sont flambant neufs. L’Artelier Sellerie Motor Yacht a emménagé il y a quelques mois derrière la façade ocre de l’ancien cinéma de La Trinité près de Nice. "Fermé depuis cinquante ans, le bâtiment datait de 1840 et n’avait jamais été rénové. Il n’y avait plus de charpente, plus de toiture", décrit Julia Turi, présidente de l’entreprise, tombée amoureuse de l’édifice découvert par hasard.
Après 800 000 euros d’investissement et deux ans de gros travaux, voilà donc plus de 400 m2 de showroom et d’ateliers à la hauteur du travail réalisé ici : sellerie nautique, canapés, sièges, coussins, rideaux, voilages, couvre-lit, plaids, le tout sur-mesure. "Notre niche est le très, très haut de gamme concernant le travail de tissu et de cuir". Le tout à destination des yachts, des villas de luxe ou des hôtels multi-étoilés.
Pour autant, malgré ce beau et nouveau terrain de jeu, les 9 collaborateurs sont déjà à l’étroit. Ainsi, pour faire face à la demande grandissante, l’Artelier Sellerie Motor Yacht vient de signer le rachat d’une sellerie située dans les environs qui lui permettra de doubler son activité, son chiffre d’affaires (aujourd’hui de 1,2 million d’euros), ses effectifs et sa superficie.
Convergence de compétences
Julia Turi est donc loin des 5 m2 de l’atelier dans lequel elle officiait dans le centre-ville niçois. Formée parmi les Compagnons du Devoir, une fois son tour de France accompli, la jeune femme a été à son compte pendant vingt ans avant de s’associer à Gilbert Gaetani et Thierry Locci et de créer l’Artelier Sellerie Motor Yacht. "Nous avons associé nos compétences. Aujourd’hui, la sellerie et la tapisserie sont un seul métier. Réunir nos techniques nous a permis d’entrer dans des niches très haut de gamme. Nous arrivons à faire des décors que d’autres selleries ne peuvent pas faire."
Un savoir-faire qui attire de nombreux palaces, sur la Côte d’Azur d’abord et désormais aussi à Paris. L’entreprise adresse ainsi l’hôtellerie depuis un peu plus de deux ans. Le secteur représente désormais 35 % de son activité et devrait rapidement constituer la majeure partie des demandes. "Nous avons travaillé pour trois hôtels en trois mois pour livrer rideaux, coussins, plaids, moquettes… Nous avons aussi mené l’ensemble d’un projet de décoration car le client ne voulait pas de décorateur et nous avons les ressources en interne pour proposer de la 3D, du chevet, qui n’est pas notre cœur de métier, à la lampe, en passant par la tête de lit sur-mesure avec prises intégrées… nous savons faire du volume. Nous nous organisons alors avec des menuisiers spécialisés et nous faisons le reste. Les clients veulent de plus en plus avoir affaire à un seul interlocuteur."
Le sellier-tapissier-décorateur n’en délaisse pas pour autant l’univers du yachting ou de la construction, en France ou à l’étranger puisqu’il exporte aussi son savoir-faire à Dubaï, au Cap-Vert ou en Suisse.
