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L’État prêt à s’engager pour sauver le groupe Cnim de la faillite
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L’État prêt à s’engager pour sauver le groupe Cnim de la faillite

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Alors que le groupe industriel Cnim, implanté depuis 100 ans à La Seyne-sur-Mer, vit des heures difficiles, les élus du Var ont annoncé qu'ils auraient obtenu un certain nombre de garanties de la part de l’État pour éviter sa fermeture ou sa vente, en petits morceaux, au premier venu. Un prêt d’État serait en cours de négociation pour offrir à l’entreprise le temps nécessaire dans sa recherche d’un repreneur. Une affirmation pourtant démentie dans la soirée par la députée du Var Cécile Muschotti.

Nathalie Bicais, vice présidente de la métropole Toulon Provence Méditerranée et maire de La Seyne-sur-Mer, Hubert Falco, maire de Toulon et président de la métropole, Jean-Pierre Colin, vice-président de TPM et 1er adjoint au maire de La Seyne-sur-Mer. — Photo : O. Pastor

La mobilisation pour sauver le groupe Cnim (CA 2019 : 588 M€), équipementier et ensemblier industriel français, qui emploie 2 800 salariés en France et à l’étranger, dont 1 200 à La Seyne-sur-Mer (Var), se dévoile au grand jour. Pour trouver une solution aux importantes difficultés financières de Constructions navales et industrielles de la Méditerranée depuis un an et demi, Hubert Falco, maire de Toulon et président de la Métropole, a annoncé le 1er octobre avoir obtenu un certain nombre de garanties et d’informations de la part de l’État, par la voix du ministre de l'économie Bruno Le Maire.

Selon le maire de Toulon, « l’État soutient de manière active l’entreprise dans sa recherche d’investisseurs et s’assure de son bon déroulement et dispose d’un droit de veto compte tenu du soutien public apporté au printemps de 8,8 millions d'euros et des conditions négociées, alors. » Bruno Le Maire aurait confié à Hubert Falco qu’un prêt d’État pourrait être octroyé, qui « pourrait permettre au groupe Cnim d’appréhender l’avenir de manière plus sereine. Et surtout à l’État d’être partie prenante dans ce dossier ». Une garantie de plus pour les élus locaux, qui ne veulent pas voir disparaître cette entreprise centenaire de leur territoire, et qui ne souhaitent pas davantage qu’elle soit découpée en petits morceaux, ou bradée au premier venu. Une affirmation, démentie dans la soirée par la députée LREM Cécile Muschotti, qui ajoute que si ce prêt pourrait être accordé, « il serait conditionné à une offre qui irait dans le sens de ce que souhaite l’Etat sur ce dossier. »

Aucune offre de reprise valable

Alors que la vente de Cnim est organisée depuis cet été, plusieurs investisseurs industriels et financiers ont manifesté, à fin septembre, leur intérêt pour la reprise des activités, sans toutefois qu’aucune d’entre elles ne couvre la totalité du groupe, à savoir les activités « environnement » et « innovations et systèmes ».

Rapportant les propos de Bruno Le Maire, Hubert Falco a souligné qu’aucune offre franco-française valable n’avait été reçue aujourd’hui. « Seul un candidat chinois s’est positionné sur la branche environnement de l’entreprise », a précisé Jean-Pierre Colin, 1er adjoint à la mairie de la Seyne-sur-Mer et vice-président de l’agglomération. Et d’ajouter : « C’est insatisfaisant. Une telle offre portant sur une entreprise stratégique, qui plus est implantée au cœur de la rade toulonnaise qui abrite le premier port militaire d’Europe, ne pouvait recueillir notre assentiment général. Il nous appartient aujourd’hui de sécuriser un certain nombre de points, que sont la conservation des savoir-faire et des emplois sur le territoire et la pérennisation du site seynois. Le prêt d’État et les centaines de millions d’euros de commandes de Cnim nous en donnent les moyens. »

Une étape importante pour le sauvetage de Cnim

Également présent, le directeur général de Cnim, Louis-Roch Burgard, nommé au mois de mai, s’est dit sensible à la bataille menée depuis ce printemps par les élus du territoire et veut y voir un « symbole du lien fort qui lie l’entreprise à ce département, à cette ville, alors qu’elle vit des mois difficiles. » Il a confié qu’un processus de cession d’actifs (pour l’heure confidentiel) avait été engagé et était en cours depuis septembre. Il a aussi assuré que toute décision future serait guidée par la sauvegarde de la technologie de Cnim, de son savoir-faire accumulé depuis des décennies et des emplois locaux.

Même si les élus locaux et les syndicats, Force ouvrière en tête, avaient sollicité une entrée au capital de Cnim de l’État, l’annonce de ce prêt d’État est une première victoire. Pour Hubert Falco, il s’agit d’un « geste fort » et il lui paraît dès lors peu probable que « l’État nous lâche au 1er décembre », date à laquelle les offres définitives de reprise de Cnim doivent être remises.

Une menace de disparition qui a grandi rapidement

Ce calendrier, très serré, est l’héritage d’un protocole de conciliation signé en avril 2020 entre le groupe Cnim et ses banques de financement, ses assureurs-crédits, l’État et son partenaire industriel historique Martin Gmbh. Ce protocole, homologué par le tribunal de commerce de Paris le 23 juin, avait alors permis au groupe Cnim, historiquement implanté à La Seyne-sur-Mer, d’échapper à la cessation de paiement.

En raison de la faillite soudaine de sous-traitants britanniques dans des projets d’usines de transformation des déchets en énergie au Royaume-Uni, Cnim s’est retrouvé face à des coûts exceptionnels et a été menacé de disparition en quelques mois seulement. La situation économique, liée à la crise du coronavirus, n’a rien arrangé depuis. Si l’accord de conciliation a permis un temps de sauver Cnim de la faillite, il a en même temps fait peser sur le groupe une épée de Damoclès.

Les modalités d’exercice de ce protocole et notamment les contreparties exigées par les créanciers, à savoir une durée de remboursement de 12 mois, la fiducie mise en place et l’adossement de l’ensemble des activités, ont mis l'entreprise en péril. Le groupe Cnim serait en effet dans l'incapacité de rembourser en un an le prêt de 44 millions d’euros (dont 8,8 millions d’euros par l’État) qui lui a été accordé, sachant qu’il a fait, en moyenne, sur les six derniers exercices, 30 millions d’euros de bénéfices par an. 

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