Marseille
Les parfums de Technicoflor misent sur la Chine
Marseille # Chimie # International

Les parfums de Technicoflor misent sur la Chine

S'abonner

La société Technicoflor, basée à Allauch, a tout récemment fait l’acquisition d’un terrain de 10 000 m² à Beautéville en Chine afin d’y construire un nouveau centre de production. Le site devrait être opérationnel d’ici à fin 2020 et permettrait de couvrir l'ensemble des pays asiatiques.

— Photo : D.Gz.

10 000 m². C’est la surface du terrain que vient d’acheter en Chine la société Technicoflor, spécialisée dans la création de parfums et basée à Allauch, près de Marseille. Un investissement de 4 millions d'euros qui va permettre à la PME créée en 1982 par François-Patrick Sabater de construire un nouveau centre de production directement en Asie. Une zone que l’entreprise, qui fournit les grands noms de la parfumerie et de la cosmétique, connaît bien puisqu’elle y réalise actuellement près de 30 % de ses 66 millions d'euros de chiffre d’affaires.

« Ma première visite en Chine date de 1987. Et dès l’année suivante, nous avons installé un bureau de représentation à Pékin », rappelle François-Patrick Sabater dans la grande salle de réunion de Technicoflor, envahie d’une multitude de senteurs. L’entreprise a ensuite créé en 1991 une filiale à Hong Kong, qu’elle a conservé jusqu’en 1997. C’est ensuite à Canton que Technicoflor s’est installée et où elle a monté une joint-venture en 2004. « Cette première aventure s’est mal passée. Nous n’avions pas les mêmes perspectives de développement avec nos partenaires chinois. Ils ne sont souvent pas assez préoccupés du long terme et en l’occurrence, la production ne respectait pas la législation. Notre image était en jeu. Nous avons donc choisi de vendre nos parts », explique le dirigeant. C’est alors vers Shanghai que Technicoflor s’est tournée. Elle y dispose d’une usine de 1 800 m² en propre. « Nous y produisons et le marché est porteur. Technicoflor commence à être connue dans le secteur de la parfumerie chinoise, mais notre laboratoire de production n’est que de 700 m². Nous y sommes à l’étroit, sans aucun espoir de nous agrandir. La Chine est très rigoureuse en termes d’environnement et la parfumerie est considérée, comme la chimie lourde, dangereuse pour l’environnement. Nous ne pouvions pas y rester ».

La Silicon Valley de la cosmétique

D’où le choix de Beautéville. Ce site de 500 hectares, installé entre Shanghai, Hanghou et Nankin, est le futur grand pôle beauté de la Chine, totalement dédié aux cosmétiques. « Le n°3 chinois s’est implanté sur ce site et depuis Beautéville a attiré des centaines de sociétés cosmétiques chinoises. Beautéville veut devenir la Silicon Valley de la cosmétique et comprendre de nombreuses installations comme une zone dédiée à la production, mais également un centre commercial, un musée showroom, des jardins botaniques, un complexe hôtelier et un centre d’exposition et de tendances ».

Technicoflor est ainsi la toute première société française à s’y installer. « Nous ne sommes qu’à trente minutes de Shanghai et la zone est desservie par autoroute et par trains à grande vitesse. Nous sommes en train de construire notre usine et notre laboratoire. La législation chinoise nous contraint de construire 10 000 m² d’un coup, mais les autorités facilitent beaucoup de choses ».

Actuellement, l’usine de Technicoflor de Shanghai compte 40 salariés. À terme, 70 salariés travailleront pour l’entreprise française à Beautéville. « En 2020, la Chine représente à elle seule 11 % de notre activité, mais la croissance de ce pays est énorme. Le pouvoir d’achat se développe et, jusque-là, ils n’utilisaient pas de parfums. Il y a un potentiel incroyable avec l’arrivée des jeunes générations, dans la cosmétique, les parfums mais aussi les désodorisants d’atmosphère, dans les magasins, dans les hôtels. Nul doute que ce sera notre plus important marché ». Le site de Beautéville servira de plateforme pour gérer l’ensemble du marché asiatique, trop éloigné de la France pour être efficacement traité depuis Allauch. Technicoflor possède aussi une implantation à Jakarta, qui lui permet de couvrir le marché indonésien.

L’entreprise, qui réalise 72 % de son chiffre d’affaires à l’export, est par ailleurs implantée aux États-Unis, à Miami et envisage de retourner s’installer à New York. Depuis le premier janvier, Technicoflor dispose d’un bureau à Moscou, alors qu’elle travaillait jusqu’alors ce pays par le biais d’un agent. « La Russie est également un important marché. Nous sommes également présents à Dubaï, via un bureau.

« Nous sommes positionnés sur un métier très fermé dans lequel nous n’avons que 37 ans d’existence alors que la plupart de nos concurrents en ont 200 ans. Ce qui compte c’est la réactivité, c’est le service. Le parfum c’est un coup de cœur », s’enthousiasme François-Patrick Sabater, dont la société, qui compte 250 salariés, dont 130 à Allauch, est également en train de commencer les premiers travaux de construction de son nouveau site de production français de 3 500 m², à côté de son site historique.

Marseille # Chimie # International # Investissement