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Les innovations de Marine Tech rencontrent leurs marchés
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Les innovations de Marine Tech rencontrent leurs marchés

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Spécialisé dans le développement d’innovations liées à la mer, le bureau d’études Marine Tech grandit au gré des nouveaux marchés qu’il décroche. Ses drones ont récemment convaincu l’armée française, et son système de production d’eau potable, Helio, capable de produire l’eau la moins chère du monde, est promis à un bel avenir.

Le système Helio est la réponse de Marine tech au manque d'eau potable. Une ferme est composée de plusieurs modules, chaque module (surface utile de 1 m²) permettant de produire de l'eau pour une famille de cinq personnes, soit environ 10 litres par jour. — Photo : P. Texier

En fin d’année 2020, le bureau d’études Marine Tech, créé en 2014 pour développer des technologies de pointe, signait le plus beau contrat de son histoire. L’entreprise, installée à Six-Fours-les-Plages, près de Toulon, a en effet remporté « l’un des plus importants marchés français de fourniture de drones marins autonomes et téléguidés », confie le dirigeant et fondateur Thierry Carlin. Le contrat, d’une durée de quatre ans, est phasé et prévoit une première tranche ferme visant la fabrication d’un premier drone pour validation, suivie d’une seconde phase pour la production de 19 drones identiques. « Nous fabriquons des drones depuis plus de 15 ans. Le marché se structure depuis quelques mois et ce contrat constitue une belle avancée pour notre entreprise », se félicite Thierry Carlin.

Imaginer les drones du futur

Une chaîne de production, inspirée de l’industrie du futur, pourrait voir le jour, mais pour l’heure, le dirigeant confie réfléchir « à une croissance programmée en fonction des différentes échéances. » Et d’ajouter : « Marine Tech reste un bureau d’études, capable de réaliser des prototypes et de les commercialiser, capable de s’adapter aussi. Notre vision à cinq ans est de compter 20 personnes pour un chiffre d’affaires de 5 à 10 millions d’euros. C’est une bonne taille pour rester réactifs, contrôler nos coûts, poursuivre des projets de R & D, permettant d’anticiper les marchés et leurs évolutions. »

Cette capacité d’anticipation, inscrite dans son ADN, lui avait d’ailleurs valu, dès l’été 2020, de convaincre la Marine nationale d’expérimenter, au sein de la base navale de Toulon, un drone de surveillance. En octobre de la même année, le bureau d’ingénierie varois avait aussi décroché un financement de la Direction générale de l’armement, via son Agence de l’innovation défense, pour développer, au cours des 36 mois à venir, un drone de nouvelle génération, un drone capable d’évoluer, à la fois sur l’eau, sous l’eau et dans les airs.

Helio produit l’eau la moins chère du monde

Les drones ne sont que l’une des nombreuses facettes de l’entreprise varoise, qui détient six brevets et dont la palette d’intervention est très large, du filet antipollution aux drones, en passant par Helio. Cette dernière invention a d’ailleurs placé l’entreprise sous les feux de la rampe dès la fin de l’année 2019 à la faveur d’une communication européenne sur l’utilisation des fonds européens.

Helio est l’illustration parfaite de la capacité d’innovation de cette société composée de huit salariés et réalisant 800 000 à 1 million d’euros de chiffre d’affaires. Ce système, soutenu par l’Europe et issu de quatre années de R & D, est 100 % autonome, particulièrement simple d’utilisation et transforme l’eau de mer en eau potable grâce à l’énergie solaire, selon un processus de distillation (l’eau est chauffée par le rayonnement solaire, elle s’évapore et se condense dans la sphère ; l’eau pure est ensuite recueillie ou stockée dans le module, NDLR).

Internaliser la production

Un terrain de 3 000 m², situé à Signes, accueille une ferme pilote de cinq sphères et un atelier d’assemblage depuis le début de l’année 2020. Une dizaine de ces sphères ont déjà été expédiées vers le Moyen-Orient, le Sultanat d’Oman ou encore en Polynésie française. « Le confinement est passé par là, mais ce n’est qu’une question de temps », selon le dirigeant Thierry Carlin, qui n’a pas remis en cause le projet d’internaliser une bonne partie de la production des sphères. « Aujourd’hui, 90 % des pièces sont réalisées en sous-traitance, exclusivement en France, et nous réalisons à Signes leur assemblage. Dès cette année, nous allons investir 1 million d’euros dans de nouvelles machines, avec le soutien du fonds Feder à hauteur de 800 000 euros. À terme, cette usine pourrait occuper 10 à 15 personnes, pour une production avoisinant les 1 000 unités par an. »

Les fonds européens serviront aussi à la réalisation d’une ferme pilote de 200 modules pour promouvoir la solution Helio, labellisée Solar Impulse Efficient Solution. Le lieu de cette ferme n’est pas encore choisi, mais Thierry Carlin souhaiterait pouvoir l’implanter dans un lieu qui ait du sens, un lieu où les populations manquent d’eau potable. « Ciblant dans un premier temps les États, des discussions sont engagées avec des pays du Moyen-Orient, Madagascar ou encore le Chili. Un projet est aussi en cours au Mali pour installer Helio dans quatre écoles et un dispensaire », détaille l’entrepreneur, convaincu que le développement d’Helio n’est que partie remise et est promis à un bel avenir.

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