24 % des créateurs d’entreprise dans les Alpes-Maritimes en 2021 sont des créatrices (7 % dans le BTP, 26 % dans les services, 28 % dans le commerce, 31 % dans l’industrie). Serait-il juste de dire 24 % seulement ? Ce chiffre est en tout cas inférieur à la tendance nationale : la France compte en effet 32 % de femmes entrepreneuses. "Un des freins à la création au féminin semble être que beaucoup de femmes n’osent pas se lancer dans l’aventure, souligne Jean-Pierre Savarino, président la CCI Nice Côte d’Azur, en préambule de la journée Ose ! consacrée à l’entrepreneuriat au féminin. Je vous encourage à continuer vos efforts, a-t-il ainsi lancé à l’assemblée. L’entrepreneuriat est une volonté, un besoin pour la société, la richesse de notre territoire, peu importe qu’il soit masculin ou féminin. La compétence seule compte. "La psychologie serait donc le premier frein au business féminin. Robert Jimenez, directeur PACA et Corse d’Harmonie Mutuelle, confirme : "Quand un homme se lance, il n’attend pas d’avoir toutes les réponses à ses questions, son ego prend le relais. Il part du principe qu’il apprendra. La femme, avant de se lancer, se demande si elle est capable, si c’est le moment."
Peu importe le secteur d’activité dans lequel elles souhaitent se lancer, "les femmes ont plus de doutes et d’humilité que les hommes, analyse Sophia Palacios qui dirige ABP Talents, spécialiste des RH et du recrutement à Nice. Les freins sont souvent liés à la vision qu’elles ont d’elles-mêmes. Mais la posture de future chef d’entreprise se travaille. Ce qui compte est de croire en soi."
88 % des levées de fonds réalisées par des équipes masculines
Ce manque de confiance n’a visiblement rien d’anecdotique, chiffres à l’appui : "Dans les start-up, les équipes dirigeantes intégralement masculines lèvent 4,3 fois plus que leurs homologues féminines. 88 % des levées de fonds sont faites par des équipes masculines", affirme Karine Brut. Première trésorière dans l’histoire de la CCI Nice Côte d’Azur (fondée en 1860), elle dirige Tell Us Conseil, spécialisé dans le conseil en investissement financier. "La finance reste un bastion qui résiste à la féminisation. Les barrières essentielles sont dans notre tête, il faut les lever. Mais les choses changent."
La finance, l’industrie, la tech… autant de bastions à investir. Elles sont nombreuses à se mobiliser et baliser le chemin pour leurs congénères. Ingénieure en nanotechnologies, passée par Texas Instrument ou Intel, Carole Malbrancq a créé il y a six ans l’association What 06 (Women Hackers Action Tank) pour attirer des jeunes filles dans la tech et les sciences et mettre en avant celles qui y évoluent avec talent. Ainsi, organise-t-elle chaque année le Trophée Women in Tech qui récompense salariées, chercheuses et entrepreneuses au CV plus qu’étoffés. "Quand elles candidatent, à la question "Vous sentez-vous légitime ? Pensez-vous être un role model ? 100 % d’entre elles répondent non !"
Même écho dans l’industrie. Directrice générale de la PME niçoise Wit (qui compte 35 % de femmes dans ses rangs), Fabienne Gastaud aime elle aussi évangéliser parmi les plus jeunes et œuvre à distiller ce fameux sentiment de légitimité manquant. "Rien ne me destinait à devenir dirigeante, explique-t-elle. J’adore aller dans les collèges, surtout en milieu favorisé. Quand je raconte mon parcours, je sais que cela provoque des étincelles. Donner l’exemple est essentiel. On doit toutes s’y mettre."