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Les entreprises varoises s'adaptent pour accompagner le déconfinement
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Les entreprises varoises s'adaptent pour accompagner le déconfinement

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Les entreprises varoises, des start-up aux PME familiales, ont participé à l’effort collectif dans la lutte contre le Covid-19 et adapté leurs outils de production. Elles accompagnent aujourd'hui le déconfinement. Pour favoriser les achats locaux tout en relançant l’activité économique sur le territoire, voici un tour d’horizon - non exhaustif - de ces expérimentations innovantes.

Pour accompagner la reprise économique, la Métropole Toulon Provence Méditerranée ont mené différentes actions de communication visant à valoriser les structures locales qui produisent tout le nécessaire dans cette période de déconfinement. — Photo : TVT Innovation

Gels hydroalcooliques, masques, visières, plexiglas, bornes de prises de températures. Pendant le confinement, les entreprises varoises ont été nombreuses à adapter leurs outils de production pour répondre aux nouveaux besoins liés à la crise sanitaire. À l’heure du déconfinement, l'agence de développement économique TVT Innovation, la Métropole Toulon Provence Méditerranée et AG2R La Mondiale ont réuni toutes ces structures locales qui ont su faire preuve d’agilité pour les mettre en lumière.

« Alors que certains professionnels connaissent des difficultés pour s’approvisionner en masques, gels ou autres produits, l’objectif est de communiquer ces initiatives pour favoriser l’achat local et donner un coup de pouce à ces entreprises par la même occasion », explique Patrick Valverde, directeur général de TVT Innovation. « La mobilisation a été impressionnante, un mouvement incroyable s’est créé et nous espérons demain pouvoir le structurer et le faire perdurer », renchérit Boris Bernabeu, directeur général adjoint Pôle économie au sein de la Métropole TPM.

« Nous voulons favoriser l’achat local. »

Le libraire et spécialiste des fournitures de bureau Charlemagne s’inscrit dans cette logique visant à offrir davantage de visibilité aux initiatives locales. Il a référencé une quarantaine de produits autour de la lutte contre le Covid-19, que le dirigeant Jacques Rouard a tenté de sourcer localement pour soutenir la reprise de toutes les entreprises. Toujours dans la même veine, une citoyenne varoise, Karine Introini, a décidé de créer un groupe Facebook visant à mutualiser toutes les offres des commerçants et producteurs du département qui favorisent la livraison ou le drive pour permettre aux Varois de consommer « local ». « En une journée, 1 000 membres s’inscrivent sur la page. Aujourd’hui, ils sont plus de 11 600, consommateurs ou professionnels à avoir adhéré à cette logique de consommation locale », précise Karine Introini.

De nouvelles productions pour maintenir une activité

D’autres entreprises ont adapté leur production et ainsi réussi à maintenir une certaine activité. Ainsi, du côté de La Seyne-sur-Mer, après avoir pensé arrêter totalement son activité de production pendant la durée du confinement en raison de l’absence de personnes clés au sein de l’entreprise, Grégoire Tutenuit, un des deux dirigeants fondateurs de Pôle Cosmétique a décidé de relancer la machine après avoir obtenu un arrêté dérogatoire pour produire des produits biocides.

« Nous avons dressé un état des lieux des approvisionnements en matières premières, transformé notre formule de gel nettoyant sans rinçage en gel hydroalcoolique en l’adaptant aux normes de l’OMS et aux pénuries de matières premières, nous avons augmenté la capacité de notre osmoseur pour avoir de l’eau purifiée en grandes quantités et embauché un opérateur de production », raconte le dirigeant. En quelques jours, « nous avons sauvé notre activité de production » et l’entrepreneur se dit aujourd’hui en capacité de produire 15 tonnes de gel hydroalcoolique par semaine. Grégoire Tutenuit confie avoir « des commandes en cours pour environ 100 tonnes. » Il espère désormais séduire davantage les entreprises locales et envisage même de payer demain les taxes nécessaires pour poursuivre cette activité biocide après la fin de l’arrêté dérogatoire le 1er septembre.

« En quelques jours, nous avons sauvé notre activité de production. »

La même volonté a motivé Philippe Pic, gérant de l’entreprise Loxcea, spécialisée dans la fabrication de maillots de bain (marque KoomKatt) pour les clubs de natation, une entreprise qui s’est retrouvée à l’arrêt forcé, comme tous les clubs avec lesquels elle travaille. « Contactés pour mettre notre savoir-faire technique à la disposition de la fabrication de masques, nous avons réalisé un premier prototype, qui a été validé par la Direction générale de l’armement aux normes UNS1 et UNS2, affichant des propriétés de filtration allant de 70 % à plus de 90 % », raconte Jean-Philippe Pic. Habitué à réaliser des maillots de bain sur mesure et aux couleurs des clubs, le dirigeant, qui travaille avec une infographiste et des couturières, propose, à partir de 10 pièces, le même service de personnalisation pour ses masques, « qui pourraient intéresser les restaurants, hôtels et entreprises en général » et a créé un site Web dédié et une boutique en ligne. Pour les particuliers, une vingtaine de modèles sont proposés. En revanche, l’entrepreneur précise qu’il a voulu « rendre service » et n’imagine pas pérenniser cette activité. Cette production lui a aussi permis « de limiter un petit peu la casse » mais il espère retrouver « son activité d’avant crise le plus vite possible. »

Des visières pour tous les styles

Des start-upper toulonnais n’ont pas hésité, eux non plus, à revoir leur modèle, à l’image d’Alexandre Juving-Brunet, qui a adapté sa technologie de marketing olfactif, baptisée Sniffy, pour proposer un système de désinfection des mains par pulvérisation ou de Jérôme Demeulemeester, dirigeant de Beepoz, qui propose des produits innovants spécialisés dans le solaire et les économies d’énergie. Ce dernier a voulu participer à l’effort collectif et a mis à profit son expérience en ingénierie et son imagination pour proposer une visière de protection, livrable à plat (pour un moindre encombrement) et dont « l’ensemble du cycle de vie a été pensé pour minimiser son impact sur l’environnement. » Sa visière obéit à la norme CE et l’entrepreneur confie en avoir fabriqué plus de 2 000 en deux semaines et est aujourd’hui en capacité d’en produire de 1 000 à 10 000 par jour.

« Nous avons ainsi participé au redémarrage des TPE/PME locales et mobilisé nos équipes. »

Plusieurs entreprises varoises, Semantic, Cesigma, Charlemagne, JSB Production, Cadif Caoutchouc et Adesim, accompagnées de l’IUT de La Garde et coordonnées par TVT Innovation sous l’impulsion du cluster industriel System Factory ont fait parler d’elles jusqu’en Bretagne. Ensemble, elles ont produit et distribué gratuitement plus de 15 000 visières aux forces de l’ordre, EHPAD, commerçants, personnels soignants, etc. Près de 70 « makers » dans tout le département, ont également produit plus de 9 000 visières. Les modèles, ainsi éprouvés et testés, les industriels ont pris le relais. Pendant plus d’un mois, les équipes d’Adesim, une société toulonnaise d’ingénierie pour les industriels et hautes technologies et d’Intec Meca ont proposé des visières, hygiaphones et kits de protection complets et un site Web dédié avait même été créé. « Nous avons ainsi participé au redémarrage des TPE/PME locales et mobilisé nos équipes alors que notre activité avait chuté de 80 % », confie le dirigeant de ces deux sociétés, Lionel Caparros, qui a depuis repris son activité habituelle.

Le groupe Cadif Caoutchouc (CA : 4 M€), qui regroupe cinq sociétés, emploie 25 personnes et dispose d’un important parc machines (trois machines de découpe jet d’eau, une fraiseuse numérique, un laser plastique, un cutter oscillant), a également produit des visières en nombres avant de basculer vers la fabrication d’hygiaphones en plexiglas. « Pendant trois semaines, 7 jours sur 7, nous avons réalisé 10 000 visières gratuitement. Au moment du déconfinement et après six semaines de travail soutenu, qui ont mobilisé cinq personnes, nous en avions produit plusieurs dizaines de milliers et nous avons encore la possibilité d’en produire 30 000, mais nous faisons face à un vrai problème d’approvisionnement », explique Franck Bernard, le dirigeant.

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