« Les entreprises doivent informer les banques de leur choix de remboursement du PGE »
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Franck Delafosse directeur commercial des marchés spécialisés de la Banque Populaire Méditerranée « Les entreprises doivent informer les banques de leur choix de remboursement du PGE »

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Depuis le début de la crise, la Banque populaire Méditerranée a octroyé 12 000 prêts garantis par l’État sur son territoire (Alpes-Maritimes, Bouches-du-Rhône, Drôme, Gard, Hérault, Var, Vaucluse, Corse et Monaco) pour près d’1,2 milliard d’euros, dont 2 800 dans les Alpes-Maritimes pour 260 millions d’euros. Franck Delafosse, directeur commercial des marchés spécialisés, veut sensibiliser les chefs d’entreprise sur le choix du remboursement de leur prêt, pour éviter que celui-ci soit automatiquement débité.

— Photo : BPMed

À quelle étape cruciale les entreprises arrivent-elles quant au remboursement de leur prêt garanti par l’État (PGE) ?

Franck Delafosse : Les chefs d’entreprise vont en effet devoir agir rapidement. Neuf mois après avoir décaissé son PGE, le client reçoit un courrier dans lequel il lui est fait plusieurs propositions. Il doit choisir s’il veut rembourser son prêt sur un an, deux, trois, quatre ou cinq ans. Il a un mois pour informer la banque de son choix. Nous encourageons les entreprises à le faire en ligne. C’est vraiment le circuit privilégié pour faciliter le processus car nous avons 12 000 PGE à traiter sur le territoire couvert par la Banque populaire Méditerranée. Nous appelons nos clients, nous les conseillons, afin de trouver avec eux la meilleure solution mais nous n’imposons rien. Les chefs d’entreprise sont un peu seuls, tout est encore très flou. Beaucoup nous avaient dit qu’ils rembourseraient au bout d’un an mais jouent finalement la sécurité et demandent une franchise d’un an. Il y a encore tant d’incertitudes !

Que risque le chef d’entreprise s’il ne répond pas à ce courrier ?

Franck Delafosse :
S’il ne répond pas au bout d’un mois, la garantie de l'État sera perdue. L’entreprise sera automatiquement débitée du montant de son PGE et il sera alors impossible de faire marche arrière. Et il ne sera pas possible de refaire un PGE. C’est le sujet majeur pour nous aujourd’hui. Nos équipes sont hyper mobilisées car le pic est attendu pour la semaine prochaine, le temps fort des PGE ayant été en avril 2020. Il ne faut donc pas attendre et agir dès réception du courrier. Cela vaut quelle que soit l’enseigne. Je ne prêche pas pour la Banque populaire Méditerranée en particulier, il y va de l’intérêt économique de tout notre territoire.

Restez-vous confiant sur l’avenir des entreprises du territoire ?

Franck Delafosse : Oui. Je suis confiant sur la capacité des entreprises à passer cette crise, à rebondir par la suite, car il n’y a pas eu que les PGE. Il y a des aides concernant la prise en charge des frais fixes ou de l’activité partielle.

Êtes-vous confiant pour l’ensemble des secteurs ? Y compris pour le tourisme, l’hôtellerie ou la restauration ?

Franck Delafosse :
Dans l’événementiel, le chiffre d’affaires perdu ne sera jamais récupéré. Il y a deux cas de figure : ceux qui évoluent dans l’organisation, la conception et qui travaillent principalement avec des sous-traitants et qui ont donc des charges fixes peu élevées. Et puis il y a des structures avec des salariés, en CDI, pour lesquelles je suis plus inquiet.

Quant à l’hôtellerie et la restauration, je ne les mets pas sur le même plan. L’hôtellerie a des charges très lourdes. Dans la restauration, certains réussissent à s’en sortir grâce à la vente à emporter mais aussi avec les aides de l’État et le chômage partiel. Ils repartiront. Néanmoins, l’impact psychologique est monstrueux, nous le voyons dans les entretiens que nous avons. Ils ont besoin de parler, d’être rassurés. Nous nous faisons le relais des aides existantes. Nous n’avons rien à y gagner en tant que banque, mais c’est notre rôle. Nous avons même fait des réunions avec la Région Sud afin de former nos collaborateurs pour qu’ils puissent informer nos clients sur ces aides et sur les dispositifs mis en place.
La sortie du tunnel se fera quand les hôtels et les restaurants rouvriront, ce sera le drapeau à damier levé à l’arrivée et qui marquera la fin de cette période.

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