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Les entreprises déplorent le nouvel accès de fièvre sociale sur le port de Marseille Fos
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Les entreprises déplorent le nouvel accès de fièvre sociale sur le port de Marseille Fos

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Véhicules incendiés, pose de barricades, blocage de terminaux : les manifestations contre la réforme des retraites entravent l’activité du port de Marseille Fos. Les trafics de certains terminaux de marchandises s’effondrent. L’activité de transport de passagers n’est en revanche pas impactée.

Incendies de véhicules porte 2, pose de barricades au siège social du port de Marseille Fos. Ce 13 avril, dockers et agents portuaires étaient aux avant-postes du mot d’ordre de grève national — Photo : JPA

À la veille de la décision du Conseil constitutionnel sur la légalité du projet de loi sur la réforme des retraites, les entreprises de la place portuaire de Marseille Fos s’inquiètent. En cause : le blocage par les manifestants du siège du port, situé place de la Joliette à Marseille, ainsi que de la porte 2C du Grand Port maritime de Marseille. Condamnée depuis un mois par la CGT, cette porte permet d’accéder aux terminaux rouliers vers le Maghreb.

25 % de trafic en moins par rapport à l’an passé

"Les entreprises sont en danger. Elles se sentent abandonnées par le gouvernement et par les autorités portuaires", dénoncent Stéphane Salvetat et Delphine Chouin, réélus le 7 avril coprésidents du Syndicat des transitaires de Marseille-Fos à l’issue de l’assemblée générale annuelle. "La situation est particulièrement préoccupante pour les marchandises réfrigérées, dangereuses et celles soumises à des contrôles phytosanitaires et vétérinaires. Les marchandises à l’export sont détournées vers Barcelone et Gênes. À l’import, les chargeurs doivent s’acquitter des surestaries et des frais de stationnement."

Le terminal à conteneurs MedEurope est totalement paralysé, tout comme les terminaux Eurofos et Seayard, à Fos-sur-Mer. "Nous perdons entre 800 et 1 000 conteneurs EVP par semaine", déplore le directeur du terminal Hugues Houzé de L’Aulnoit. Pour compenser l’arrêt en journée, le terminal reste ouvert la nuit permettant d’évacuer les conteneurs. Cependant, les transporteurs routiers, au regard des congestions, hésitent à enlever les boîtes. Au premier trimestre, le terminal Seayard a perdu 25 % des trafics comparé à la même période de 2022.

Les tracas pour les transitaires, les surcoûts pour les chargeurs

Quand la marchandise est déroutée vers un autre port ou bloquée sur les quais phocéens, c’est au chargeur qu’incombent les surcoûts. Il doit s’acquitter du temps supplémentaire de possession (surestaries) et de stationnement du conteneur dont le prix varie de 35 à 90 euros par jour pour un conteneur sec et 150 euros par jour pour une boîte réfrigérée. "Les marchandises arrivent à Anvers et Rotterdam et redescendent par camion. Nous avons de moins en moins de volumes. Les terminaux portuaires sont congestionnés ", dénonce Emilie Zamora, directrice générale du transitaire Martico, à la tête d’une équipe de 12 personnes.

Stephan Brousse, directeur général délégué de Brousse Vergez, négociant en fruits secs et en conserve, était monté au créneau lors de la réforme des ports autonomes. Dix ans plus tard, il se montre beaucoup plus tempéré : "Nous sommes désormais habitués. Ce sont des grèves perlées. La marchandise sort du port avec deux jours de retard et nous payons de 200 à 300 euros de surestaries par conteneur mais il faut relativiser au regard de l’envolée l’an passé des taux de fret". En revanche, l’activité de transport de passagers n’est pas affectée par le conflit social aussi bien sur les lignes du Maghreb que sur la desserte maritime de la Corse.

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