Les entreprises de la propreté ne veulent plus être oubliées
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Les entreprises de la propreté ne veulent plus être oubliées

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Emplois menacés, entreprises fragilisées, chiffre d’affaires en berne… aux avant-postes dès le début de la crise, le secteur de la propreté n’a bénéficié d’aucun effet d’aubaine dans ce contexte sanitaire. Réunie à Nice, la branche -dont fait partie la Fédération des Entreprises de Propreté- réclame des aides spécifiques.

— Photo : O. Oreggia

Il est un secteur dont on aurait pu imaginer qu’il puisse tirer parti de la situation sanitaire. Les demandes en matière de nettoyage, désinfection ou décontamination sont en effet sans doute plus fortes que jamais. Mais cette hausse ne compense pas la perte globale d’activité. Non seulement le secteur de la propreté souffre comme tant d’autres du Covid – une baisse de son chiffre d’affaires de près de 35 %, des entreprises fermées et des milliers d’emplois menacés – mais en plus il ne bénéficie d’aucune aide spécifique.

C’est dans ce contexte que l’assemblée générale annuelle de la Fédération des Entreprises de Propreté et des services associés (FEP) s’est tenue à Nice jeudi dernier, réunissant quelque deux cents acteurs de la profession. L’occasion pour son président d’exprimer son inquiétude et sa colère. « On a beaucoup parlé de la caissière de supermarché qui était remarquable parce qu’elle poursuivait son activité. C’est vrai et c’est tant mieux », a ainsi souligné Philippe Jouanny, « mais on a oublié que pour que cette caissière puisse travailler, il fallait que des agents de propreté, dans des horaires extrêmement décalés, interviennent au préalable. Nos salariés de la première ligne ont été totalement oubliés. »

"Des dizaines de milliers d’emplois menacés"

En région Sud, la propreté regroupe 1 891 entreprises (44 160 salariés) parmi lesquelles le numéro un français, Onet (1 356 M€ de CA propreté en 2018, 39 295 salariés), basé à Marseille et le numéro quatre, GSF (930 M€ de CA 2019, 36 000 salariés) implanté à Sophia Antipolis. Globalement en France, la propreté compte 13 000 entreprises pour un chiffre d’affaires de 16 milliards d’euros et 540 000 emplois (chiffres FEP.) Des emplois aujourd’hui menacés, car trop dépendants de secteurs sinistrés tels que le transport aérien, l’événementiel, l’hôtellerie ou les loisirs, sans bénéficier pour autant des mêmes aides. « Notre profession n’est pas encore listée comme pouvant bénéficier des conditions exceptionnelles de chômage partiel, indispensables à son activité et à sa pérennité. Nous bénéficions bien entendu des conditions de chômage partiel de droit général mais pas de la même manière que nos donneurs d’ordre », reprend Philippe Jouanny. « Je connais une entreprise de 4 800 salariés qui ne travaille que dans le secteur hôtelier mais n’a pas la même prise en charge. »

Déjà 3 % des entreprises françaises, principalement des TPE et PME, auraient déposé le bilan. Le plus dur restant à venir une fois les PGE consommés. « On parle aussi, et à juste titre là encore, des salariés de Bridgestone. Mais plusieurs dizaines de milliers de salariés de nos entreprises sont dans le même état, risquant fortement de perdre leur emploi. Un agent de propreté vaut-il moins qu’un salarié de Bridgestone ? Nous étions déjà invisibles, travaillant en horaires décalés, je constate que nous sommes aussi inaudibles. »

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