Impossible de consacrer du temps à une réunion. Au sein des Arts Graphiques, la quinzaine de salariés est dans l’action constante et dans cette agilité si souvent érigée en vertu cardinale de la gestion entrepreneuriale. Une agilité inhérente à l’activité de cette imprimerie de labeur (par opposition à l’imprimerie de presse) dont elle a fait l’un de ses atouts majeurs et qui lui permet d’assurer des délais pour le moins serrés. "En temps normal, hors Covid, nous n’avons déjà pas de visibilité. Le planning est fait le soir pour le lendemain", explique Sébastien Lerique, président de la société implantée au cœur de Nice. "Nous travaillons par exemple pour les élections municipales et départementales. À l’issue du premier tour, nous avons deux jours pour imprimer et conditionner circulaires et bulletins de vote le second tour. Dès le lundi à deux heures du matin, nous sommes donc sur le pont. De même, un restaurateur m’a appelé ce matin car il changeait son menu le soir même. Nous devions donc imprimer et plier cent cartes menus et 75 cartes desserts, moitié en français, moitié en anglais, en quelques heures. Cela n’est pas particulièrement difficile mais nous devons répondre et devons donc parfois refuser du travail qui nous occuperait toute une semaine pour ne pas bloquer les machines et risquer de perdre des clients."
Pas de commerciaux dans l’entreprise
Car au-delà de la qualité du produit livré, la relation client est capitale pour l’entreprise qui ne compte aucuns commerciaux dans ses rangs. Ce sont les clients qui viennent essentiellement à elle, portés par le bouche-à-oreille ou des recommandations. Là encore, elle n’a aucune visibilité. Les commandes sont ponctuelles. Rien ne retient le client sur le long terme, si ce n’est sa satisfaction. "L’avantage est que nous avons des relations directes. Je sais ce qui se passe dans l’atelier, pas besoin de demander, je peux répondre à toute question. C’est une culture inculquée par notre ancien dirigeant parti à la retraite fin 2017 et que nous avons naturellement prolongée." Les Arts Graphiques sont, depuis, organisés en SCOP, Société coopérative et participative : les salariés sont les associés majoritaires et le pouvoir y est exercé démocratiquement. Sébastien Lerique est ainsi un salarié comme les autres, élu président par ses pairs.
Une implication de chacun qui séduit in fine un panel varié de clients dont une très grande majorité se situe entre Monaco et Saint-Tropez : de l’hôtel Negresco à la régie Ligne d’Azur à Nice, des laboratoires pharmaceutiques comme Horus Pharma, Arkopharma ou Forté Pharma aux instituts de beauté Guinot, au parfumeur Molinard dont la société imprime les emballages, ou à des dîners ou événements du Festival de Cannes… On vient aussi parfois chercher le savoir-faire de l’équipe pour réaliser des décors ou accessoires (affiches, livrets, pochettes de disques) de films ou séries tournés sur la Côte d’Azur.
Parmi ces activités, certaines ont été durement touchées par la crise sanitaire entraînant une baisse de chiffre d’affaires de 40 à 50 % pour l’imprimerie niçoise entre avril 2020 et avril 2021. "Si nous ne sommes pas sereins, nous ne sommes pas inquiets. L’activité a repris même si elle n’égale pas le niveau de 2019 où nous avions réalisé deux millions d’euros de chiffre d’affaires. Si nous arrivons à atteindre 1,7 million d’euros cette année, ce sera bien."
