Leloutre Industrie aurait dû célébrer en 2020 un anniversaire important, celui de ses cinquante ans. Covid oblige, la fête est remise à plus tard, dans un contexte forcément plus difficile. Depuis 1970, la PMI (15 salariés, CA : 1,5 M€) est spécialisée dans la tôlerie de précision. Implantée sur 1 000 m2 à la Gaude près de Nice, elle exerce exclusivement un activité de sous-traitant, transformant les métaux en feuilles, pour des clients qui se situent pour 70 % d’entre eux en région PACA.
Le socle de la proximité
« Nous travaillons pour des secteurs très diversifiés : la défense et le militaire avec Thales ou Aqualung, l’énergie avec Augier à Carros, l’emballage avec Tournaire à Grasse, la signalisation avec Lacroix Traffic ou le groupe Snef », détaille Corinne Bernardo, cogérante de la société aux côtés de Denis Leloutre. « Nous travaillons aussi pour l’éclairage public auprès de l’entreprise Ragni, avec laquelle nous avons un lien de fidélité très fort. La proximité est importante. En phase de prototypage par exemple, on peut agir dans des délais très courts pour répondre aux exigences du client, c’est un atout majeur d’autant plus argumenté aujourd’hui. Je n’aurais sans doute pas évalué l’importance de cette proximité de la même façon il y a dix ans. » Quant à envisager un développement au-delà d’un périmètre régional, Leloutre est contraint. Même si la PMI compte quelques clients fidèles ailleurs qu’en PACA, le transport de ses produits métalliques semi-finis pèse trop sur les coûts pour les rendre compétitifs.
"Ne pas perdre de temps"
Mais parce qu’elle sait pouvoir compter sur la solidité des liens tricotés localement, l’entreprise a décidé de maintenir son plan d’investissements dessiné avant la crise, pour les trois années à venir. Un challenge de taille alors que le chiffre d’affaires a reculé de 15 %. « L’impact du Covid a été assez brutal », reprend Corinne Bernardo. « Nous avons réussi à ne pas fermer pendant cette période mais de nombreux métiers ont été touchés comme la restauration et donc certains de nos clients comme les fabricants de machines à café Unic à Carros ou Sacome-Conti à Monaco. Avant la crise, nous avions établi une stratégie de développement impliquant de renouveler notre parc de machines. Les budgets sont très lourds, un équipement de découpe laser coûte, par exemple, entre 350 000 et 450 000 euros. Nous sommes inquiets, c’est un gros risque mais nous faisons le pari de le maintenir afin de ne pas perdre du temps. »
Poursuivre vers l’industrie 4.0, ne pas freiner sa digitalisation, sa mise à jour matérielle et sa mise à niveau des compétences, fournir toujours plus de certifications pour répondre aux exigences toujours plus poussées du marché, Leloutre Industrie ne peut s’en affranchir et se doit d’être prêt dès que la reprise sera là. En attendant, l’entreprise, qui prévoit d’ouvrir un site e-commerce courant 2021, a pu bénéficier de subventions de la Région Sud pour l’accompagner dans ses projets de robotisation. Elle est également éligible au parcours Industrie Sud 4.0 qui vise à accélérer la transformation des PMI régionales vers l'Industrie du futur.
