L’éditeur toulonnais de logiciel cyber, Égérie, a bouclé fin janvier sa deuxième levée de fonds, qui n’est pas passée inaperçu au sein de l’écosystème varois, habitué à des montants plus modestes. L’entreprise fondée par Jean Larroumets et Pierre Ogier a bouclé une opération à 30 millions d’euros, une somme équitablement répartie entre des investisseurs spécialistes de l’assurance et de la cybersécurité : Tikehau Capital, actionnaire historique, Open CNP, la Banque des Territoires et le fonds hollandais Tiin Capital.
Une avance technologique
Ce financement s’appuie sur une "technologie mondiale". Résultat de plusieurs années de développement, cette innovation permet aux dirigeants d’entreprise d’analyser et de quantifier les risques financiers d’une attaque cyber. "Grâce à un jumeau numérique du système d’information, nous permettons aux entreprises de faire le lien entre les actifs informatiques et les risques métiers associés, de modéliser toutes les conséquences financières et opérationnelles d’un risque cyber sur un processus métier et finalement de calculer le retour sur investissement des actions menées pour atténuer les risques", explique Jean Larroumets, président d’Égérie.
Partant du postulat que la résilience en la matière repose principalement sur l’humain, la solution d’Égérie redistribue le risque auprès de chaque partie prenante et s’appuie notamment sur l’expérience de ses quelque 300 clients, comme Veolia, Orange ou Accenture, disposant ainsi de milliers de modèles de risques orientés cyber. Une spécificité qui lui vaut d’être régulièrement citée par le cabinet américain d’analystes Gartner, comme étant une solution à suivre. Et qui lui ouvre aussi les portes des assureurs avec lesquels des partenariats sont en cours de discussion dans un contexte où le nombre d’enquêtes pour des attaques cyber est passé de 65 à 600 en trois ans au sein de la section dédiée du Parquet de Paris.
Expansion internationale
Avec ces nouvelles briques technologiques, "l’heure est maintenant venue d’accentuer et de consolider notre position de leader européen", ajoute Jean Larroumets, qui a multiplié par cinq son chiffre d’affaires au cours des trois dernières années et vise les 50 millions d’euros d’ici à 2026, soit dix fois plus qu’aujourd’hui.
Ainsi, la levée de fonds, outre le financement de la R & D, est aussi destinée à renforcer le développement commercial en Europe. Trois filiales seront créées en 2023 : "la première verra le jour outre-Rhin pour adresser l’Allemagne, l’Autriche et la Suisse. Quant aux autres implantations, aucune décision n’est encore figée", souligne l’entrepreneur. Ce dernier entend s’appuyer sur le fonds hollandais Tiin pour percer en Europe du Nord, il vise aussi la Grande-Bretagne, puis l’Europe de l’est et du sud. Une vingtaine de recrutements internationaux sont programmés en 2023 pour accompagner cette expansion. Au total, Égérie devrait doubler ses effectifs d’ici à la fin de l’année, passant de 90 à 180 collaborateurs, avant d’atteindre les 350 collaborateurs d’ici à trois ans. "Un enjeu stratégique de taille", selon le dirigeant qui mise sur la visibilité offerte par la levée de fonds, travaille sa marque employeur et crée en interne "une équipe dédiée au recrutement de talents." Alors que deux tiers des effectifs sont basés à Toulon et un tiers à Paris, cette croissance bénéficiera notamment au territoire toulonnais.
