Le spatial pèse près d'un milliard d'euros dans les Alpes-Maritimes
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Le spatial pèse près d'un milliard d'euros dans les Alpes-Maritimes

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L’Observatoire économique Sirius a réalisé pour la CCI Nice Côte d’Azur la première enquête sur l’industrie spatiale dans les Alpes-Maritimes. Elle détaille la composition de cet écosystème et les attentes des 70 entreprises du secteur.

Lancé dans l’espace fin 2021, le satellite de télécommunications SES-17 a été fabriqué dans les salles blanches du site cannois de Thales Alenia Space — Photo : Marie-Ange Sanguy

La France compte parmi les grandes puissances spatiales, avec 7,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires consolidé réalisé dans ce secteur sur le plan national, et 16 800 emplois. Parmi les territoires où se développe l'industrie du spatial, les Alpes-Maritimes sont plutôt bien orientées, comme en témoigne l’étude conduite en octobre 2021 par la CCI Nice Côte d’Azur. Pour la première fois, l’institution consulaire a recensé les entreprises du secteur et les interroge sur leurs attentes et les freins à leur développement.

Les 70 établissements recensés sont majoritairement situés sur la Communauté d’agglomération de Cannes Pays de Lérins (24 %), comme le concepteur de satellites franco-italien Thales Alenia Space (1,85 milliard d'euros de chiffre d'affaires en 2020), et celle de Sophia Antipolis (47 %). Selon l’étude, ils "contribuent à développer un écosystème sur le territoire générant en 2020 environ 957 millions d’euros de chiffre d’affaires (soit 13 % du chiffre d'affaires national de ce secteur industriel, NDLR) et employant 5 806 salariés". Pour autant, l’enquête révèle que très peu d’entreprises font partie de la chaîne d’approvisionnement des grands donneurs d’ordres (Thales Alenia Space, Arianespace, Airbus, etc.).

Sur le sol azuréen, "les industries manufacturières sont en moyenne plus grandes en termes d’emplois salariés (21 % des établissements pour 52 % des emplois salariés) et dégagent la grande majorité du chiffre d’affaires (plus de 880 millions d’euros)", détaille l’ouvrage, fruit du travail de l’observatoire économique Sirius.

L’industrie spatiale génère moins de richesses que les services

Pour autant, l’industrie manufacturière génère proportionnellement moins de valeur ajoutée que les activités de services : "pour 1 million d’euros de chiffre d’affaires généré, un industriel aura produit environ 170 000 euros de valeur ajoutée, contre 400 000 pour les services de la filière", précise encore l’étude. La majorité des activités déclarées concerne des missions de conseil et d’assistance (environ 54 % du chiffre d’affaires des services).

Les entreprises qui réalisent ces missions emploient 43 % des effectifs des services de la filière. Spécialiste de l’ingénierie spatiale, le groupe belge Rhea a ouvert en décembre 2021 une filiale à Nice, préférée à Paris pour la diversité des filières (spatial, Défense, cybersécurité) et pour son ouverture à l’international. "Nous voulions résider dans un environnement high-tech (énergie, santé, cyber) avec de bonnes connexions aériennes afin de nous rendre dans nos 18 établissements en Europe et aux États-Unis", détaille Michel Bosco, président de Rhea Groupe France, qui prévoit 50 recrutements sous deux ans.

Un marché de 1 400 milliards de dollars d’ici à dix

Le dirigeant ne cache pas sa surprise à la lecture de l’étude en découvrant que 74 % des entreprises sondées ont déclaré qu'il existait un ou plusieurs freins à l’innovation. Et 30% d'entre elles ont déploré un manque de moyens humains ou financiers. À l’inverse, le groupe Rhea mise sur la France. "Nous allons regrouper à Nice l’ensemble de notre R & D car la France possède les meilleurs dispositifs, avec par exemple le crédit impôt recherche", réagit Michel Bosco.

Les entreprises de la filière spatiale azuréenne sont positionnées sur différents domaines de façon équilibrée. "Si le premier marché concerne la Défense en nombre de réponses (30 %), les parts de chiffre d’affaires associées aux marchés des télécommunications et de l’observation de la Terre sont supérieures. Les chiffres d’affaires correspondant à l’observation du globe (42 %) et l’exploration et la recherche spatiale (17 %) sont étroitement liés à la spécialisation du site de production de Thales Alenia Space. Ce positionnement est aussi un atout pour notre territoire", complète l’étude, qui précise en outre que 70 % des entreprises locales rayonnent à l’international.

Selon une étude de Bank of America, le marché du spatial pourrait atteindre 1 400 milliards de dollars d’ici dix ans à l’échelle mondiale contre 447 milliards en 2020. Des perspectives gigantesques au regard de la conquête de l'espace par les entreprises du secteur privé (SpaceX, Blue Origin, Virgin Galactic) et les partenariats publics-privés portant création de nouvelles stations spatiales internationales.

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