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Le réseau Albax réinvente à nouveau la carrosserie
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Le réseau Albax réinvente à nouveau la carrosserie

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Avec Albax, il avait déjà imaginé la "carrosserie rapide" dans les années 80. Aujourd’hui, dans un secteur dont la mauvaise santé devrait s’accentuer dans les années à venir, Max Alunni parvient encore à se démarquer pour rester le réseau de carrosserie indépendant numéro un en France.

Max Alunni, président et fondateur d'Albax en 1978, entouré de ses fils Bastien Alunni, directeur des opérations Albax Île-de-France et Thomas Alunni (à gauche), directeur de la Carrosserie Lecoq, Gilles Alunni, directeur des opérations Albax Côte d’Azur ; et de François Dejante, directeur général du Groupe Albax Carrosserie Lecoq — Photo : Léa Lejeune

Elles ont peu à peu envahi nos voitures. On les appelle les ADAS, les aides à la conduite automobile (en anglais Advanced driver-assistance systems) : radar ou caméra de recul, détection de piétons, alerte de franchissement involontaire de ligne ou régulateur de vitesse. Dans son étude prospective sur l’après-vente automobile réalisée à la demande du CNPA (Conseil national des professions de l’automobile), le cabinet TCG Conseil estime qu’en 2025, 36 % du parc automobile français sera équipé de systèmes tels que le freinage automatique d’urgence, entraînant une baisse de 15 % des sinistres. Mais la bonne nouvelle a évidemment son corollaire moins réjouissant pour les professionnels de la réparation-collision : d’ici 2025 toujours, le nombre de réparations devrait baisser de 12 %, comparé à 2016.

« C’est vrai, il y a une baisse des sinistres, confirme Max Alunni, mais le prix de la réparation explose. Aujourd’hui un choc sur un pare-chocs oblige souvent à le remplacer avec les pièces attenantes capteurs ou cameras qui doivent être reprogrammées. Cela est onéreux. Il faut aussi des outils spécifiques pour réparer tout cela et bien évidemment des gens formés pour s’en servir. Cela représente de gros investissements, sachant que le coût de la main-d’œuvre, elle, n’a quasiment pas augmenté. »

« Je voulais surtout être un chef d’entreprise, pas un carrossier. Peu à peu ma réflexion m’a amené à faire d’un métier manuel, un métier de services. »

Redéfinir l’espace et la chaîne de valeur

Max Alunni affirme tout cela très posément. Il faut dire que l’homme a quarante-deux ans de métier derrière lui. Après s’être rapidement essayé à la boucherie puis à la restauration, il rejoint le chemin familial. Nous sommes à Nice en 1978. Ce sera finalement la carrosserie, comme son père et son grand-père avant lui. Mais à sa façon. « Dix ans après l’ouverture de mon premier atelier, je me suis intéressé à ce qui pouvait nous différencier, car je voulais surtout être un chef d’entreprise, pas un carrossier. Peu à peu ma réflexion m’a amené à faire d’un métier manuel, un métier de services. C’est ce que voulaient les gens : proximité, rapidité, qualité et prix. »

Ainsi naît le concept de carrosserie rapide qui sera la signature d’Albax. Le jeune patron d’alors redéfinit l’ergonomie des ateliers, sépare les flux de voitures entrantes et sortantes, optimise l’utilisation de la cabine de peinture pour y faire travailler plusieurs personnes en même temps… Le temps de travail moyen consacré à un véhicule passe de 17 heures à 9 heures.

« À cette époque, une chose m’avait marqué : le four micro-ondes chauffait un plat en quelques secondes alors que nous n’arrivions pas à faire sécher une peinture rapidement. J’ai alors collaboré avec EDF. Nous avons créé les premiers séchages rapides à ondes courtes, qui chauffaient la tôle. L’évaporation permettait de sécher la peinture en sept minutes au lieu de vingt. » S’en est suivi la mise au point de nouvelles résines, devenues, depuis, monnaie courante, afin que la peinture ne perde pas de sa brillance une fois sèche.

Dans les bureaux aussi, l’activité est repensée. Véritable révolution à la fois pour le secteur et pour l’époque, l’entreprise appuie son organisation et sa gestion sur son propre logiciel quand les méthodes de management évoluent, pour « passer d’une logique d’obéissance à une logique de responsabilité ». Albax est devenue une marque avec une réputation à assumer auprès du client.

Industrialiser le service

Max Alunni le revendique. Il est toujours à la tête du premier réseau de carrosserie indépendant de France. Le chiffre d’affaires 2019 s’élève à 27 millions d’euros pour 256 salariés et 15 implantations détenues en propre, réparties sur la Côte d’Azur et en Ile-de-France. Trois ans avant d’acquérir le fleuron Lecoq en 2006, le dirigeant rachète « les plus grosses carrosseries de Paris ». Mais le passif s’avère bien plus lourd que prévu. « Je me suis mis en redressement judiciaire et ai travaillé nuit et jour pendant quinze ans pour redresser la barre. Aujourd’hui, nous avons les plus belles boutiques de Paris. J’ai compris que pour reprendre de la marge, il fallait industrialiser, dans des ateliers beaucoup plus grands. J’ai appris mon métier une deuxième fois. »

Quand le patron niçois revient dans les Alpes-Maritimes, son enseigne ne possède que des locaux de moins de 500 mètres carrés « qui mourraient. Tout perdait de l’argent. » Ces trois dernières années, elle se refait donc une santé, inaugurant par exemple au printemps dernier, un atelier flambant neuf de plus de 2 200 mètres carrés à Cagnes-sur-Mer pour près de deux millions d’euros et qui, selon les calculs du dirigeant, pourrait générer plus de trois millions d’euros de chiffre d’affaires.

Les « snap care » pour relancer le volume d’affaires

Max Alunni doit donc investir pour garantir ses ambitions. « Pour pouvoir réparer la voiture qui sort en ce moment sur le marché, je dois constamment envoyer du personnel en formation, je dois avoir les outils adaptés pour pouvoir la contrôler et la réparer. Les carrosseries traitent des véhicules de dix ans d’âge en moyenne, contre cinq chez nous. »

En attendant de pouvoir financer d’autres ateliers de plus de 2 000 mètres carrés, Max Alunni a eu une nouvelle idée. Il lance ce qu’il a baptisé des « snap care ». Carte routière du département à l’appui, il explique son nouveau concept. Le service et la qualité restent érigés en valeurs cardinales de la maison, mais remises au goût du jour. Il s’agit d’abord de rapprocher l’enseigne des sorties de l’autoroute qui traverse les Alpes-Maritimes. Non pas en y implantant de nouveaux ateliers mais de petites boutiques où les automobilistes viendront faire photographier leur véhicule accidenté. Le temps de prendre un café (les locaux sont pensés en conséquence), le devis sera préparé. « Une fois l’ordre de réparation signé, vous repartez avec votre voiture si elle est en état de rouler. Nous nous occupons de toutes les formalités administratives auprès de votre compagnie d’assurance. Quand le dossier est prêt, nous venons chercher votre voiture à domicile ou sur votre lieu de travail, en vous en prêtant une neuve en remplacement. Nous vous rendons votre véhicule une fois réparé. C’est du commerce, en un quart d’heure à peine ! »

Plus que jamais, Max Alunni veut être incontournable. Dans le courant de l’année, il a lancé ces « snap care » et prévoit d'autres ouvertures de Cannes jusqu’à Menton. Et pour ce faire, nul besoin d’investissements conséquents ni de grandes surfaces. Le chef d’entreprise estime le coût moyen d’un tel centre de réception à 80 000 euros. « Mon but est de trouver des volumes d’affaires très bien situés. Notre problématique est donc de trouver des locaux aux abords d’une sortie d’autoroute pour pouvoir aller vite et qu’il soit impossible de ne pas passer devant. Je veux que mes enseignes soient des cartes de visite. »

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