Les climatiseurs Airton sont made in China. Ils l’ont toujours été. Composante du groupe MIH (une cinquantaine de collaborateurs), basé à Nice, la marque a généré un chiffre d’affaires de 25 millions d’euros en 2022 et devrait atteindre les 48 millions d’euros cette année.
Économie d’énergie
Richard Mazigh, 28 ans, a repris les rênes du groupe en 2018 à la suite de son père. La situation financière est alors dans le rouge écarlate. Le jeune dirigeant décide donc de se lancer sur internet, "où il n’y avait encore personne pour vendre des climatiseurs". Depuis, le chiffre d’affaires double chaque année. Tout aurait donc pu continuer ainsi si ce n’était une prise de conscience écoresponsable de la part du nouveau dirigeant. "La société est devenue pérenne, nous avons pris des parts de marché, nous sommes la marque française de référence, il n’est donc pas possible et envisageable que nous ne puissions apporter une innovation écologique à ce produit pour l’empêcher d’être dans ce cercle vicieux : "Il fait trop chaud donc je mets la climatisation donc ça réchauffe l’air, etc.". Je considère que c’est notre rôle de sortir de cela", explique Richard Mazigh.
Ainsi, les équipes d’Airton ont décomposé et analysé les impacts environnementaux de leur produit, identifiant cinq points clés : la fabrication, le transport, le rejet du gaz, le rejet d’air chaud, et la consommation énergétique. "Nous avons résolu ces problématiques, si ce n’est pour le cuivre et l’aluminium que nous sommes obligés d’intégrer. C’est une énorme avancée pour le marché de la climatisation. Nous avons plusieurs systèmes brevetés qui peuvent être installés soi-même et empêchent toute fuite de gaz, qui récupèrent l’eau pour refroidir l’unité extérieure et permettent donc de ne plus envoyer d’air chaud, le tout en diminuant la consommation énergétique de près de 24 %."
Une usine à Roanne
Restait, pour boucler tout à fait la boucle, à ne plus fabriquer à l’autre bout du monde. Pendant un an, le dirigeant a donc cherché le lieu idéal pour sa production made in France et l’a trouvé à Roanne, dans la Loire : une usine de 5 500 m2 qui pourra encore être agrandie. L’affaire devrait bientôt être signée et permettre à Airton d’installer d’abord son laboratoire de R & D puis sa ligne d’assemblage, tout en conservant son siège social à Nice. Le projet global, qui devrait être opérationnel avant la fin de l’année, représente un investissement de 10 millions d’euros. Richard Mazigh prévoit l’embauche d’une quarantaine de salariés pour démarrer et jusqu’à 250 à terme. "Sans entrer dans de grands débats politiques, il s’agit de réindustrialiser la France. Cela impliquera de vendre nos produits 100 ou 200 euros plus chers mais nous pourrons réaliser des économies sur les frais de logistique en fabriquant au compte-goutte pour le marché français."
Airton se projette aussi à l’international. La marque a déjà fait ses premiers pas en Italie et imagine un développement européen via la franchise. Et vise encore plus loin, jusqu’en Australie et au Canada à l’horizon 2026, afin de gommer ses contraintes liées à la saisonnalité de la climatisation et pouvoir ainsi compter sur des marchés qui vivent toujours en été.
