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Le festival dissident Cannes Series croit en son destin
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Le festival dissident Cannes Series croit en son destin

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Annoncé le 3 avril en marge du salon MIPTV, Cannes Series veut s'imposer comme la référence internationale des festivals dédiés aux séries malgré le choix du ministère de la Culture de soutenir le projet de Lille. Car l'enjeu, pour la Cité des Festivals, est aussi économique...

— Photo : Le Journal des Entreprises

Sur la scène de l'amphithéâtre A du Palais des festivals et des congrès de Cannes, ce lundi 3 avril, le casting est "bankable". L'ex-ministre de la Culture Fleur Pellerin, l'ancien directeur chargé des droits audiovisuels du groupe TF1 Benoît Louvet, le président de Reed Midem Paul Zilk et le directeur général de Canal+ Maxime Saada entourent David Lisnard, le maire de Cannes. Tous sont venus, en marge du MIPTV, présenter et soutenir le projet Cannes Series, le Festival International des Séries de Cannes dont la première édition se tiendra en avril 2018.

Cannes lance son propre projet

L'engagement de ces poids lourds n'a rien de superflu quand on a comme objectif de faire de cette manifestation l'événement international de référence d'un genre qui n'en compte toujours pas malgré l'adhésion qu'il suscite. Et ce, alors même que le ministère de la Culture et le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) ont choisi fin mars, après un an de compétition, Lille pour accueillir du 1er au 10 juin 2018 le premier Festival international des Séries... pour lequel Cannes, mais aussi Nice, Paris et Bordeaux avaient candidaté.

Ecartée, la Cité des Festivals lance donc son propre projet, sûre de ses atouts : un savoir-faire irréfutable en matière d'accueil d'événements professionnels et culturels, des infrastructures dédiées, une destination à l'aura mondiale et des partenaires aux reins solides au premier rang desquels se trouvent Reed Midem, l'organisateur des marchés professionnels internationaux MIPCom, Mipim, Midem, MIPTV..., et le groupe Canal+. "La Région, le Département et beaucoup de partenaires privés croient au potentiel de Cannes et nous permettront de boucler le budget (estimé à environ 4 millions d'euros, ndlr)", avance David Lisnard qui "ne désespère pas que le gouvernement, dans une approche impartiale et objective, soutienne le projet". Même s'il y a de grandes chances pour que le festival de Lille capte l'essentiel des subventions. Dans ce cas-là, "(Cannes Series) fera sans", assure le maire.

Des enjeux économiques

Car pour l'élu, ce festival répond à un enjeu économique. "Cannes est une petite ville à l'équilibre du cycliste : elle est toujours obligée d'avancer. Or son développement, rappelle-t-il, a été construit sur la culture et l'événementiel international". En outre, ce festival s'inscrit dans un projet structurant global qui vise à déployer les industries créatives à Cannes et plus largement en région Paca avec la construction d'un campus universitaire dédié (prévu à la rentrée 2019) ou encore celle d'un ensemble de studios privés réservés à la production et la post-production son et image, le tout relié à la pépinière et hôtel d'entreprises qui accueillent déjà des start-up du secteur. La ville de Cannes y consacrera une enveloppe de 30,5 millions d'euros.

Fleur Pellerin en ambassadrice

Cannes Series sera une compétition internationale présentant une dizaine de séries inédites, avec un grand jury mené par une personnalité de renommée mondiale, des projections publiques et gratuites, des débats, des masterclass et des soirées. Côté professionnel, un marché, ou plutôt "un Forum de coproduction" soutenu par le MIPTV qui pourrait être par ailleurs en partie alimenté par les professionnels sélectionnés pour rejoindre des résidences d'écriture à Cannes ou à l'étranger. Un volet "Promotion de la créativité" qui a achevé de convaincre Fleur Pellerin de s'engager aux côtés de Cannes Series et de prendre la présidence de l'Association Française du Festival International des Séries de Cannes (AFFIS). Non pas par esprit de revanche face à l'équipe qui lui a succédée rue de Valois, se défend-elle, mais "par passion et enthousiasme".

Reste maintenant à savoir si la manifestation cannoise trouvera sa place dans un secteur qui risque bien d'être saturé par les offres de Lille, mais aussi Paris (Séries Mania), Monte Carlo (Festival de la Télévision), La Rochelle (Festival de la fiction TV) ou encore Fontainebleau (Série Séries). A Cannes, évidemment, on y croit, même si le maire David Lisnard - faussement - tempère : "Il y aura peut-être avec le temps une forme de darwinisme événementiel dont nous serons peut-être les victimes... ou pas !". La suite au prochain épisode.

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