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L'application Bodyguard se bat contre la haine en ligne
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L'application Bodyguard se bat contre la haine en ligne

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Le jeune Niçois Charles Cohen a créé Bodyguard il y a trois ans. Depuis, l’application qui protège du cyberharcèlement a séduit près de 50 000 utilisateurs, particuliers ou entreprises. Et a un bel avenir devant elle face à la hausse des contenus haineux sur internet.

— Photo : Bodyguard

Le créateur

Passionné par la programmation informatique alors qu’il n’est âgé que d’une dizaine d’années, Charles Cohen a aujourd’hui 25 ans. Autodidacte, il commence à s’intéresser à l’intelligence artificielle il y a trois ans, créant une technologie qui détecte 90 % des contenus haineux en ligne, quand visiblement, les grands noms des réseaux sociaux ne sont pas efficaces. Ainsi, le jeune Niçois fonde-t-il Bodyguard. « Je n’ai jamais été victime de cyber harcèlement, mais plutôt d’autocensure », explique le dirigeant de l’entreprise qui compte 15 collaborateurs établis au sein de l’Allianz Riviera depuis une levée de fonds de 2 millions d’euros l’an dernier. « Par peur de retours potentiellement violents, on en arrive à ne rien dire, à ne pas s’exprimer. Et cela peut avoir des conséquences. »

Le concept

Insultes (fautes d’orthographe ou langage SMS inclus), moqueries, homophobie, antisémitisme, racisme... Bodyguard ne laisse rien passer ou presque et surtout, la technologie « intervient avant que le mal soit fait, car tout est réalisé en une fraction de seconde, quasi en temps réel ». Charles Cohen affirme ainsi être, avec son équipe, « les seuls au monde sur le marché de la modération intelligente autonome » à proposer une telle technologie, loin des filtres à mots-clés qui ne savent contextualiser des propos. La start-up revendique 50 000 utilisateurs, du ministre au chanteur, du chef d’entreprise à l’enfant de huit ans. L’application est gratuite et le "restera toujours" selon son créateur, du moins pour les particuliers. "Il est hors de question de payer pour se protéger."

Les perspectives

Traduite en italien et en anglais, Bodyguard lance en avant-première sa déclinaison dédiée aux familles, qui alerte les parents dès lors que leur enfant reçoit ou envoie un commentaire haineux. Grâce au financement de BNP Paribas Cardif (groupement d’intérêt économique du groupe BNP Paribas, spécialisé dans l’assurance), elle sera d’abord testée en Italie.
Mais l’objectif global est de pouvoir équiper directement les plateformes en amont afin que ce soit elles qui financent la protection de leurs utilisateurs. Des sites de rencontres sont ainsi intéressés. Des plateformes de gaming (jeux vidéos) aussi, dont les forums sont parfois très virulents. « Si l’appli ne rapporte pas d'argent depuis le début. depuis le début, je ne suis pas inquiet pour la suite. Nous attendons de gros contrats.» Bodyguard prévoit un déploiement aux États-Unis en janvier. Quant au développement technique, il portera sur le traitement non plus seulement du texte mais aussi de la voix, de l’image et de la vidéo. « Peut-être d’ici fin 2021, je veux que ça aille vite. » Une nouvelle étape qui pourrait susciter une levée de fonds.
Un objectif de chiffre d’affaires ? Charles Cohen préfère ne pas se prononcer. «On verra. Je ne veux pas sembler trop sûr de moi mais je sais que le besoin est là, la demande est là. » En effet, Bodyguard a un bel avenir devant lui : 63 % des jeunes disent avoir déjà été victimes de cyber harcèlement (source: Axa Prévention). Globalement, la haine en ligne a nettement augmenté pendant le premier confinement : + 43 % sur Twitter (selon l’UEJF, SOS racisme et SOS homophobie).

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