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La saga familiale ADI prend une dimension nationale
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La saga familiale ADI prend une dimension nationale

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En signant l’acquisition du plus gros indépendant du Sud-Ouest, le groupe varois ADI, spécialiste de la sécurité incendie, étend sa zone d’influence et devient le premier indépendant de son secteur dans les régions Sud et Occitanie. Porté par un marché particulièrement dynamique, son dirigeant, Yoël Sayrous, souhaite désormais offrir à son groupe une envergure nationale et se dit à l’affût de nouvelles opportunités.

Yoan et Yoël Sayrous dirigent ADI. Le premier assure la direction commerciale du groupe, le second est le PDG. — Photo : ADI

Le 1er janvier 2020, la société varoise ADI, spécialiste de la sécurité incendie auprès des professionnels et particuliers, entérinait la première opération de croissance externe de son histoire, commencée en 1987. À cette époque, Didier et Nadia Sayrous rachètent, pour quelques milliers de francs, un petit portefeuille de clientèle, avant de créer leur propre société, Alpine Drômoise Incendie, rebaptisée Azuréenne d’Incendie (ADI).

Depuis, l’entreprise, implantée à Six-Fours-les-Plages, près de Toulon, s’est fait un nom sur l’ensemble de la région Paca, ouvrant des agences stratégiquement positionnées à proximité des autoroutes. De Marseille à Nice, de Gap à Avignon, en passant par Toulon et Fréjus, le groupe ADI vend, installe et assure la maintenance des matériels de sécurité incendie, de l'extincteur aux robinets en passant par les plans de sécurité. Elle a ainsi tissé sa toile, revendiquant le statut de leader de son secteur dans le sud-est de la France. Un leadership récemment étendu au Sud-Ouest, avec l’acquisition du « plus gros indépendant du secteur », Européenne de Protection Incendie, qui emploie 35 personnes pour 3,5 millions d’euros de chiffre d’affaires.

De Nice à Toulouse

« Nous n’avions jamais quitté la région Paca et, avec le recul, nous pouvons dire que cette opération est une réussite », confie Yoël Sayrous, le fils de Didier et Nadia, entré dans l’entreprise familiale en 2004, en faisant alors la promesse à son père qu’il en prendrait la responsabilité à ses 30 ans. Passé par les métiers de technicien incendie, de chef d’équipe et de responsable commercial, Yoël Sayrous a pris les rênes du groupe familial en 2010. Il avait alors 26 ans. Avec son frère Yoan, entré dans l’aventure en 2007 et devenu directeur commercial en 2012, ils propulsent ADI au rang de leader régional. En l’espace de sept ans, le chiffre d’affaires du groupe a été multiplié par trois, passant de 7 à 21,5 millions d’euros en 2019.

La croissance, jusqu’alors exclusivement organique, repose sur « une stratégie commerciale, ciblant en priorité les syndics de propriété et les bailleurs sociaux (70 % de l’activité). Les PME et les industriels sont arrivés après, mais connaissent un développement important, les entreprises étant soumises à des obligations de certification de plus en plus nombreuses », explique Yoël Sayrous.

La même stratégie a été déroulée à Toulouse, fief de la société Européenne Protection Incendie. Avec cette reprise, le groupe varois a récupéré 4 000 clients, avant d’activer son réseau immobilier du sud-est et de « dupliquer les recettes qui ont fait notre succès sur nos terres historiques, de transposer notre savoir-faire et notre organisation pour décrocher de belles références, parmi lesquelles Foncia ou le groupe Auchan », se félicite le dirigeant, qui confie avoir posé les bases de cette opération, bien avant 2020. « Ce rachat a en effet été rendu possible grâce à la bonne santé financière du groupe. Nous avons toujours été très bien entourés et très conservateurs sur les investissements engagés », ajoute l’entrepreneur.

Des ambitions nationales

L’emménagement, il y a quelques mois, dans un nouveau siège social de plus de 4 500 m², qu’il apparente à un « porte-avions », en référence au port militaire de Toulon situé à quelques kilomètres, était aussi une autre condition requise. Car il a permis de doter le groupe d’un bâtiment et d’un centre de formation à la hauteur de ses ambitions, qui ne se limitent plus au sud de la France.

Le siège social du groupe ADI est implanté à Six-Fours-les-Plages, près de Toulon. — Photo : DR

Devenu en régions Sud et Occitanie, le premier indépendant de son secteur, figurant à la 32e place des entreprises de l’Hexagone, spécialisées en sécurité incendie, et classée première société de France comme distributeurs et mainteneurs non-fabricant, ADI est donc l’une des sociétés les plus importantes de France dans son domaine. Devant elle, et sur la première place du podium, le groupe Siemens, une entreprise nationale et internationale, le groupe Chubb ou encore la société familiale Desautel qui emploie plus de 1 500 salariés et qui, à la différence d’ADI, fabrique également des équipements de protection incendie. « Les suivants, Eurofeu et Isogard sont également fabricants d’extincteurs, en plus d’être installateurs. Aujourd’hui, le marché de la protection incendie est l’un des fleurons français, un marché dominé par quelques entreprises qui fabriquent le matériel et l’installent. À leurs côtés, il existe une myriade de sociétés, qui auditent, installent et entretiennent les matériels, dont 60 à 70 % réalisent en moyenne 2 à 3 millions d’euros de chiffre d’affaires », explique Yoël Sayrous.

Ses ambitions le sont tout autant, puisqu’en se développant à l’échelle nationale, le dirigeant espère atteindre rapidement les 30 millions d’euros de chiffre d’affaires et a d’ailleurs récemment rejoint les rangs de la FFMI (fédération française du matériel incendie) pour participer, à son échelle, à la conservation d’une excellence française dans le domaine de la sécurité incendie et au développement de cette filière, source de valeur ajoutée et d’emplois qualifiés.

À l’affût des opportunités

Pour réaliser ses objectifs, le PDG, qui a toujours privilégié une fabrication française, peut compter sur un marché, qui malgré sa maturité, reste particulièrement dynamique, porté par des sinistres encore trop nombreux. Ainsi, un incendie se déclenche toutes les deux minutes, 75 % des entreprises ne reprennent pas leur activité suite à un incendie et le coût de ces sinistres pour les assurances est estimé à 2,3 milliards d’euros par an. Ces quelques chiffres imposent un respect de normes et procédures dans les immeubles collectifs, les établissements recevant du public ou les entreprises.

Autant de terrains que les équipes d’ADI connaissent bien et qui feront la croissance future de leur entreprise. Yoël Sayrous entend, en particulier, renforcer sa clientèle de bailleurs sociaux, exigeante sur les certifications à détenir et qui présente l’avantage d’engager des contrats d’une durée de quatre ans, gages de visibilité. Des poids lourds, parmi lesquels Erilia et ses 61 000 logements ou encore le premier bailleur social des Bouches-du-Rhône 13Habitat (34 000 logements) ont récemment choisi de faire confiance à ADI, lui offrant ainsi une base pérenne et solide.

La maintenance obligatoire des équipements installés dans les entreprises et établissements recevant du public offre également des revenus récurrents pour ADI. Enfin, d’autres opérations de croissance externe pourraient être conclues dans les prochains mois, pour permettre au groupe varois de s’ancrer dans d’autres régions françaises. « Après nous avoir pris de court au mois de mars dernier, la crise sanitaire du Covid-19 a créé des opportunités que je compte bien saisir, confie Yoël Sayrous. Elle a aussi montré notre capacité de résilience, malgré un mois complet de fermeture du 17 mars au 17 avril, notre capacité à relancer l’activité, grâce à l’achat d’équipements sanitaires dont 30 000 masques. Elle a aussi mis le doigt sur notre nécessaire transformation digitale, qui sera le prochain grand chantier de l’entreprise ».

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