Kem One : L'interraction de la filière est un atout
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Kem One : L'interraction de la filière est un atout

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Chimie Le placement en redressement judiciaire du groupe Kem One et ses répercussions sur l'ensemble des sous-traitants ont relancé le débat sur l'avenir de la filière de la chimie de base en Paca. Marc Bayard, délégué régional de l'Union des industries chimiques, rappelle que l'interraction entre l'ensemble des industriels peut aussi être un atout pour le territoire.
— Photo : Le Journal des Entreprises

La nouvelle est tombée le 28 mars dernier : Kem One, ex-activité vinylique du groupe spécialiste de la chimie Arkema, est en cessation de paiement et le groupe chimique, spécialisé dans le PVC, a donc été placé en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Lyon. Une nouvelle qui a fait tressaillir le secteur industriel de la chimie de base, une nouvelle fois mis à mal. Sur les 1.800 salariés de l'entreprise, 1.200 sont en région Paca, où Kem One compte quatre installations, à Berre, Fos-sur-Mer, Lavéra et Saint-Auban, dans les Alpes de Haute-Provence. « Ces 1.800 personnes en font travailler près de quatre fois plus. La chimie de base est caractérisée par une très forte interdépendance entre les acteurs », confie Marc Bayard, délégué régional de l'Union des industries chimiques (UIC). « Il y a une vraie problématique de compétitivité. L'accès à l'énergie est ainsi beaucoup plus coûteux qu'en Allemagne, par exemple. L'arrivée de l'électricité dans l'usine est environ 30 % plus cher en France. Kem One se situe à l'avant-garde de ce qui peut arriver au secteur de la chimie de base. C'est un coup de semonce. Pour Kem One s'ajoute un autre problème, celui du PVC, principalement utilisé dans le bâtiment, qui est en perte de vitesse. Il y a surcapacité de production de PVC de près de 15 % en Europe », poursuit-il.




Une cellule de crise

La préfecture de région vient de mettre en place une cellule de crise. Le préfet Hugues Parant a chargé cette cellule, composée des services de l'État concernés, notamment la Direction régionale des finances publiques (DRFIP) et la Direccte, de l'UPE 13, de la CCIM-P, de mettre en place un guichet unique permettant de faciliter le traitement des demandes des entreprises, en particulier s'agissant d'un éventuel étalement des dettes fiscales et sociales ou de prise en charge d'activité partielle. « L'idée est d'avoir un circuit souple et clair pour venir en aide aux sous ? traitants. Au sein de l'UIC, aucune entreprise ne nous a encore contactés », souligne Marc Bayard. Jacques Pfister, président de la CCIM-P, s'interroge quant à lui sur les raisons qui ont conduit Kem One (dont la trésorerie avait pourtant été remise à flot par Arkéma avant sa vente au groupe suisse Klesh en 2012) à se retrouver en situation de cessation de paiement. « Le problème, c'est qu'avant, les entreprises de ce type étaient gérées par des industriels. Puis, ça a été le tour des financiers. Et aujourd'hui, des aventuriers... »




« Il faut attirer des investisseurs »

« Dans le système mis en place autour de l'Étang de Berre, toutes les entreprises sont interdépendantes. Il est difficile d'isoler une activité des autres. La filière s'est développée comme cela. Cela peut être vu comme une fragilité, mais c'est surtout une grande force. Il y a synergie des flux et des produits », précise le délégué régional de l'UIC. « J'ai confiance dans l'avenir, car la position de Fos-sur-mer reste extrêmement forte et les salariés du site sont très professionnels, ajoute de son côté Jacques Pfister. Sans oublier que nous sommes dans une logique de cluster. Cette filière est très imbriquée : si une unité sort du dispositif, par effet domino, l'ensemble est fragilisé ». « Ce système a un avenir. Il existe des portes de sortie, une évolution vers une chimie d'aval qui doit être trouvé. Nous disposons, autour de l'Étang de Berre, de plateformes de compétences. Si des industries chimiques doivent s'implanter sur le territoire, c'est dans ce secteur. Tout a été conçu pour elles, les espaces sont déjà classés Seveso... Nos sites sont idéaux pour développer une chimie d'aval. Il faut attirer des investisseurs dans ce secteur », insiste Marc Bayard. La chimie de base autour de l'Étang de Berre ne représente toutefois qu'un quart du secteur chimie en Paca.

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