Il y a 17 ans, Thierry Boucard cassait son plan épargne logement pour créer Exatec ATM, une société spécialisée dans la fourniture d’automates bancaires reconditionnés, de pièces détachées et de consommables. Il est aujourd’hui à la tête d’une entreprise qui emploie 25 personnes et réalise 80 % de son chiffre d’affaires – attendu à 3,6 millions d’euros sur l’exercice en cours – à l’export, dont la moitié en Afrique et 30 % en Europe.
Le parcours n’a pas été linéaire, Exatec ayant été placée en sauvegarde en 2013 à la suite du regroupement de l’ensemble de l’activité dans les locaux actuels sur Menton. Thierry Boucard projette d’en sortir grâce à un plan de développement ambitieux. « À horizon 2021, nous prévoyons de réaliser 10 millions d’euros de chiffre d’affaires et d’embaucher une quarantaine de personnes », précise l’entrepreneur, qui doit pour cela opérer une véritable mutation de son activité.
« Le reconditionnement honteux »
Le métier historique d’Exatec consiste à acheter des automates en fin de vie aux banques – souvent françaises – puis d’en faire des pièces détachées pour les réseaux de maintenance, ou de les remettre à neuf pour leur offrir une seconde vie. Depuis 2014, la vente de logiciels et la formation sont venues enrichir l’offre de la PME.
« Le problème, c’est que les gens ont le reconditionnement honteux. L’automate d’occasion que nous vendons a l’aspect du neuf, fonctionne comme du neuf et coûte moitié moins cher que le neuf. Mais les clients veulent du neuf ! », explique Thierry Boucard. C’est pourquoi la vente de pièces détachées représente aujourd’hui encore 60 % du chiffre d’affaires. « Côté achat, ce n’est même pas plus simple, il y a encore beaucoup de banques qui payent pour détruire leurs appareils au lieu de nous les revendre ! », s’exclame-t-il. Une situation que Thierry Boucard a donc décidé de faire changer en partant des grands enjeux auxquels son métier répond.
Devenir intégrateur
« Notre mission, c’est l’accès au cash. C’est d’aider au développement économique et à l’aménagement du territoire en amenant des distributeurs dans des zones sous-équipées, en France comme à l’étranger », explique-t-il. Pour remplir cette mission, il y a bien sûr une question d’image. Exatec fait pour cela sa mue avec un nouveau site Internet et la création début 2018 d’Exatec Group, regroupant les activités au sein de cinq filiales, dont un site marchand qui sera lancé en 2019 pour les pièces détachées.
L’autre enjeu, c’est de développer des solutions complètes matériels / logiciels. Exatec discute ainsi actuellement avec des banques pour lancer une offre innovante, le kiosque rural et touristique (Kart), qui doit permettre d’équiper à moindre coût les zones en manque de distributeurs en France puis en Europe. En Afrique, la PME se positionne sur l’accompagnement à l’utilisation des distributeurs. « Il ne s’agit pas tant d’installer des automates que de les faire fonctionner, avec à la clé un enjeu de transfert de compétences », précise Thierry Boucard, pour qui la question du développement économique ne se limite pas à des billets de banque. Avec l’aide du Rotary Club dont il est membre, l’entrepreneur a récolté 3 tonnes de fournitures scolaires qui prendront place dans le prochain container à destination de Madagascar.
