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Éric Panijel : "Arkopharma a un grand savoir-faire mais doit le faire savoir"
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Éric Panijel président des laboratoires Arkopharma "Arkopharma a un grand savoir-faire mais doit le faire savoir"

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Dans son fief de Carros, près de Nice, le groupe Arkopharma fabrique depuis quarante ans des spécialités pharmaceutiques à base de plantes et des compléments alimentaires. Arrivé à la présidence des laboratoires en octobre 2020, Éric Panijel, 57 ans, veut voir rayonner haut et très loin le savoir-faire de cette entreprise encore discrète.

Éric Panijel a pris la présidence des laboratoires Arkopharma en octobre 2020 — Photo : Olivia Oreggia

Depuis votre arrivée en octobre 2020, quelles sont les forces d’Arkopharma (1 055 salariés, 183,5 millions d’euros de chiffre d’affaires 2020) que vous avez identifiées ?

La première d’entre elles est incontestablement son savoir-faire. On sait comprendre les besoins des consommateurs, ses besoins physiologiques. Sur ces bases-là, on sait réfléchir à de nouveaux produits et on sait les développer. On compte entre 400 à 500 références sur le marché français et lançons 15 à 25 nouveaux produits chaque année. Régulièrement de nouvelles plantes arrivent sur le marché dont on découvre les bienfaits thérapeutiques, à l’image de la spiruline ou du boswelia, un actif dont les vertus anti-inflammatoires s’apparentent à celles du curcuma. Il y a un vrai effet de bouche-à-oreille. Cela peut créer de la demande.

Concernant la demande justement, quels sont les produits qui "marchent" bien en ce moment ?

Il y a eu un véritable "effet Covid" sur les ventes de vitamines, en hausse de 30 %. Les ventes de vitamine D, les gélules d’huile de foie de morue, ont littéralement explosé. Le succès était tel que nous avons eu des ruptures. Les produits renforçant l’immunité ont aussi beaucoup de succès. Les ventes de gelée royale ont ainsi augmenté de 60 %. Enfin, tous les produits apaisant le stress ou facilitant le sommeil sont en hausse de près de 15 %.

À l’inverse, s’est effondré tout ce qui touche au rhume, comme le sirop contre la toux ou les pastilles pour la gorge, à la gastro-entérite ou à la minceur, notamment en Espagne où ces produits sont beaucoup plus développés. 2021 sera encore une année atypique.

Comment alors se projeter et parier sur de nouvelles tendances de consommation ?

C’est difficile. Comme toutes les entreprises, nous manquons de visibilité. Comment savoir comment nos ventes vont évoluer ? Quand la saison du rhume est passée, elle est passée. Pareil pour les produits minceur, s’ils ne sont pas vendus début juillet, c’est terminé.
On fait comme tout le monde, on essaye d’être agiles, c’est une des qualités d’Arkopharma. Nous l’avons montré l’année dernière en allant saisir des opportunités de croissance là où elles étaient, en se concentrant sur des produits ou des segments de marché en croissance et en produisant davantage. 95 % de nos produits sont fabriqués à Carros (dans une usine de 60 000 mètres carrés, NDLR), où travaillent 700 de nos 1 055 salariés.

À l’inverse, quelles sont les faiblesses de l’entreprise ?

Les gros sujets d’amélioration tournent autour du marketing. Nous avons un grand savoir-faire mais il faut le faire savoir. Peu de gens savent qu’Arkopharma est une entreprise française, qu’elle est la première entreprise de compléments alimentaires et de produits naturels de santé en Europe. J’ai toujours assimilé Arkopharma aux produits naturels, mais je n’imaginais pas jusqu’à présent son niveau d’expertise scientifique. Le département recherche et développement compte 96 personnes. Certains travaillent depuis quarante ans sur des plantes, sont capables de parler de n’importe quelle d’entre elles mais aussi de réfléchir à des produits, à des combinaisons optimales… Tout cela n’a sans doute pas été assez valorisé, mis en avant. Certains pharmaciens doivent mieux nous connaître. Le consommateur final aussi.
C’est notre façon de nous développer : le conseil du pharmacien d’abord, puis la publicité. Nous allons continuer d’augmenter nos investissements, soit plusieurs millions d’euros, en publicité et marketing. Un Français sur deux prend un complément alimentaire. Il en reste donc 50 % qui n’en achètent pas.

Quels sont les objectifs à court et moyen terme ?

Malgré la crise, 2020 a été une année correcte avec une croissance de 3 %. C’est ce qui était prévu et ce que nous prévoyions pour 2021. Nous restons prudents il y a encore trop d’incertitudes sur certains marchés, notamment en Espagne (plus de 20 % de nos ventes) et au Portugal.

Mon objectif est de remettre Arkopharma sur une tendance de croissance durable. La France est notre marché numéro un devant l’Espagne. L’Europe nous offre un cadre réglementaire et économique stable (Arkopharma y compte six filiales en Espagne, Italie, Portugal, Pays Bas, Belgique et Suisse, NDLR). Mais il faut aussi aller plus loin, là où se trouvent les opportunités, en Asie, en Amérique du Sud, en Russie où nous avons commencé en 2020, ou encore au Moyen-Orient. Aujourd’hui nous sommes présents dans une quarantaine de pays au grand export. Il y a de beaux marchés, comme le Mexique ou la Turquie, que nous n’avons encore jamais travaillés.

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