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Eca Group se voit en leader de l'exploration des abysses
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Eca Group se voit en leader de l'exploration des abysses

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Dans les airs, sur terre et sur mer et jusqu’à 6 000 mètres de profondeur, les systèmes de drones, de logiciels et de robots autonomes de l’entreprise toulonnaise Eca Group ont décroché des contrats majeurs, à travers le monde. Avec une expérience des grands fonds de plus de 40 ans, une expertise reconnue dans le déminage sous-marin et l’acquisition récente d’iXblue, Eca Group espère devenir un acteur important de la stratégie française de maîtrise des fonds marins.

Eca Group propose une large gamme de drones sous-marins, dont l’AUV A9, drone sous-marin autonome léger pour la surveillance maritime, portuaire et environnementale, et la détection des mines sous-marines — Photo : ECA Group

En 1980, le premier sous-marin autonome au monde, l’Épaulard, est mis à l’eau. Développé par l’Ifremer avec la contribution de l’entreprise toulonnaise Eca Group, il effectuera 200 plongées en 10 ans et ira jusqu’à 6 000 mètres de profondeur pour explorer des nodules, rechercher des épaves, reconnaître les fonds faits de canyons ou de volcans, de zones d’encroûtement cobaltifère ou de zones de déchets radioactifs à faible teneur. Depuis, "nous avons imaginé, développé et produit de nombreux robots capables d’explorer et d’intervenir au fond des océans", confie Dominique Giannoni, directeur général d’Eca group dans un message sur LinkedIn, le lendemain du dévoilement, par la ministre des Armées Florence Parly, de la stratégie française en matière d’exploration des fonds marins. Car, depuis le 14 février 2022, un cap est fixé : la France doit redevenir "une nation phare dans la maîtrise de ces fonds et l’exploration des grandes profondeurs." Pour cela, Florence Parly souhaite accroître les capacités françaises de surveillance. Alors que selon elle, "c’est maintenant que se joue notre capacité à devenir un acteur crédible", elle a décidé de doter les Armées de moyens capables d’atteindre une profondeur de 6 000 mètres, qui permet de couvrir 97 % des fonds marins.

Être un leader au service de la France

Il s’agit justement de la distance sous-marine à laquelle sont capables de descendre les engins mis au point par Eca, devenu l’un des principaux systémiers français dans le domaine de la robotique sous-marine civil et militaire, et ceci depuis 40 ans. "L’Épaulard en 1980, le Victor 6 000 en 1997, l’Ariane en 2015 sont des robots pour les grandes profondeurs que nous avons développés avec l’Ifremer. Le plus récent d’entre eux, Ulyx, est en cours de déploiement, faisant de la France le quatrième pays au monde à se doter d’un tel engin, un bijou de technologie capable de descendre à 6 000 mètres de fond. Dans le domaine militaire, nos robots de lutte contre les mines équipent plus de 80 marines, et pour la France, nous fournissons le drone sous-marin autonome du Système de Lutte AntiMines navales Futur (SLAMF)", détaille Dominique Giannoni, devenu directeur général d’Eca Group au mois de novembre 2021 et qui espère bien décrocher les futures réalisations pour l’armée française.

Dominique Giannoni, directeur général d’Eca Group — Photo : ECA Group

Une ambition rappelée au cours du mois de mars 2022, à l’occasion de l’acquisition de la société française iXblue (750 collaborateurs, CA 2021 : 138 M€), spécialisée dans la conception et la fabrication d’équipements de haute technologie dans les domaines de la mer, de la photonique et de l’autonomie. Ce nouveau groupe français, valorisé à près de 800 millions d’euros, doté d’une taille critique, d’un leadership technique et d’une plus grande capacité d’investissement indique, par voie de communiqué, sa volonté de "contribuer significativement au programme français Grands Fonds Marins."

Pour Eca, qui a son siège historique à La Garde, à l’est de Toulon, l’objectif est fixé : être le leader français de la robotique sous-marine, civile et militaire, être un leader capable de fédérer un écosystème varié, comprenant des laboratoires, start-up ou autres entreprises. "Tout ceci pour offrir des capacités souveraines à la France, pour doter rapidement la Marine Nationale d’équipements à la pointe de la technologie qui garantiront au pays sa souveraineté et son autonomie stratégique pour la maîtrise des fonds marins", complète le directeur. Plus de cinquante ans après le premier homme sur la lune, l’exploration des grands fonds marins en est toujours à ses débuts et Eca se verrait bien apporter toute sa palette de compétences dans une aventure qui s’annonce extraordinaire, sachant que nous avons aujourd’hui une idée moins précise de ce à quoi ressemblent les profondeurs océaniques que certaines planètes situées à des millions de kilomètres, comme Mars, Vénus et Mercure.

Capitaliser sur une expérience reconnue

La capacité à innover du groupe expert en robotique sous-marine ne l’a jamais quittée depuis sa création en 1936 et lui a valu de décrocher, en 2019, le plus gros contrat de son histoire, portant sur la fourniture de douze navires de chasse aux mines pour les marines belge et néerlandaise. Un marché de 450 millions d’euros sur 10 ans, remporté en partenariat avec Naval Group, dont une première étape a été franchie en début d’année, validant la conception détaillée des systèmes de drones et du système conteneurisé. Cette validation permet de lancer la fabrication des équipements, réalisée dans l’usine d’Ostende (Belgique) en cours d’achèvement.

Ce succès est l’aboutissement d’une stratégie menée depuis de nombreuses années et axée sur le développement de systèmes de drones, des drones multiples et variés coopérant de manière la plus autonome possible au sein d’une même mission. Cette réussite repose aussi sur une politique partenariale.

Les équipes d’Eca Group conçoivent et fabriquent le K-STER, un véhicule sous-marin pour la neutralisation de mines sous-marines — Photo : ECA Group

Au-delà de son montant, quatre fois le chiffre d’affaires annuel de l’époque (102 M€ en 2018), la réalisation de ce contrat permet à Eca Group de dupliquer ses compétences sur d’autres marchés, sous mer, sur terre et dans les airs, dans les domaines de l’hydrographie, l’océanographie ou encore la production d’énergie en mer.

Dans le prolongement du programme belgo-néerlandais, Eca Group a remporté, en 2021, une importante commande d’un système de drones supplémentaire destiné à la marine royale néerlandaise pour 20 millions d’euros et un autre contrat de plus de 20 millions d’euros pour la modernisation de chasseurs de mines des forces navales lettones. Et d’autres marines, notamment celles du Canada, des Émirats arabes unis ou encore de l’Australie ont lancé des programmes d’acquisitions de systèmes de déminages robotisés sur lesquels le groupe est positionné.

Une activité en croissance

Eca Group, devenu le 30 décembre 2020, filiale à 100 % du groupe Gorgé (CA : 202 M€), qui détenait déjà 65,2 % du capital et accompagnait Eca depuis 28 ans, constitue désormais le principal moteur de croissance de la société. Sa branche d’activité, regroupée sous le vocable "Drones & Systèmes" a enregistré une croissance de 20 % en 2021, à 115,3 millions d’euros de chiffre d’affaires. "Cette progression est notamment due à la bonne exécution du contrat d’envergure avec les marines belge et néerlandaise, dont la contribution représente 40 millions d’euros en 2021, contre 20 millions d’euros en 2020, conformément aux attentes", explique Dominique Giannoni. En parallèle de ce programme majeur, les ventes de drones et de systèmes intégrés dans le domaine naval ont également progressé en 2021, d’environ 8 %, à travers le gain de programmes de modernisation en chasse aux mines sous-marines et la vente d’équipements et de services à haute valeur ajoutée technologique (systèmes de pilotage, conversion d’énergie, architecture navale, etc.). Quant au carnet de commandes, il se maintient à un niveau de 576 millions d’euros pour l’ensemble du groupe Gorgé et est essentiellement porté par l’activité Drones & Systèmes, pour près de 490 millions d’euros. Le carnet de commandes monte jusqu’à 620 millions d’euros depuis le rapprochement avec iXblue. Les deux groupes réunis, qui veulent créer un acteur de premier plan mondial sur des technologies de pointe à destination des applications critiques, notamment de la défense, du spatial et des opérations maritimes, visent un chiffre d’affaires supérieur à 500 millions d’euros et une marge d’EBITDA d’environ 25 % à horizon 2025-2026.

Un siège social modernisé

Ces perspectives de croissance, estimées entre 10 et 20 % pour 2022, s’accompagnent d’un projet à "plusieurs millions d’euros", portant sur l’agrandissement des locaux historiques de La Garde, à travers l’acquisition d’un terrain voisin de 13 400 m². "Nous doublons la surface de notre site varois, dont l’activité principale est le développement et la fabrication de systèmes de drones, de logiciels et de robots autonomes. Nous allons pouvoir créer de nouveaux espaces dédiés à des activités de R & D, nous allons proposer des conditions de travail optimisées pour nos 350 collaborateurs toulonnais (sur un total de 800, répartis sur six sites, Lannion, Saclay, Montpellier, Nantes, Brest et Toulon) et nous allons nous doter d’un outil industriel performant", confie Dominique Giannoni, pour qui il ne s’agit pas d’un projet immobilier, mais d’un projet visant à accompagner la transformation de l’entreprise et de ses métiers.

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