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Denis Philippe (CRESS Paca) : "Je demande une révision du statut des chambres régionales de l’économie sociale et solidaire"
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Denis Philippe président de la Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire Paca "Je demande une révision du statut des chambres régionales de l’économie sociale et solidaire"

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Reconduit à la présidence de la Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire de Paca, Denis Philippe revient sur la feuille de route 2022-2024 et demande à l’État une reconnaissance du rôle des Chambres régionales de l’ESS à travers un changement de statut, proche de celui des chambres consulaires.

Denis Philippe, président de la CRESS Paca — Photo : Dogan Boztas

Aujourd’hui, vous exprimez votre mécontentement vis-à-vis de l’État. Pour quelles raisons et qu’attendez-vous de l’État ?

Je suis en effet très mécontent de ce qui se passe aujourd’hui. On parle beaucoup d’économie sociale et solidaire (ESS), un terme très à la mode, mais je déplore l’incapacité des acteurs à s’organiser pour porter une parole conjointe auprès de l’État et notamment auprès de notre Secrétaire d’État, Marlène Schiappa.

La loi Hamon de 2014 a défini l’ESS, elle a créé ESS France et les CRESS en leur confiant des missions. Depuis, la loi prend la poussière et force est de constater que les moyens ne sont pas au rendez-vous du déploiement des missions déterminées par cette loi. Nous n’avons pas les moyens pour assumer pleinement notre rôle de promotion, de développement et d’accompagnement des entreprises de l’ESS. Selon un rapport parlementaire récent, les CRESS disposent de 50 fois moins de moyens que les chambres consulaires.

Par ailleurs, si nous avons obtenu la reconnaissance de notre collectivité régionale, je n’ai pas, aujourd’hui, d’interlocuteur pleinement dédié au sein des services déconcentrés de l’État et nous ne sommes pas dans les radars de la Préfecture de Région. À titre d’exemple, lorsque l’État délivre les agréments ESUS (Entreprise sociale d’utilité solidaire), nous ne sommes pas informés alors que nous avons l’obligation de tenir à jour les effectifs des entreprises de l’ESS.

Je demande donc une révision du statut des CRESS. Une CRESS, Chambre consulaire sous tutelle du préfet serait légitime à la fois, par notre rôle et par ce que nous représentons : en région Paca, les 11 794 structures que nous représentons (entreprises de l’ESS, coopératives, associations, mutuelles, banques coopératives) se distinguent des autres par une responsabilité territoriale importante et s’inscrivent dans une logique de proximité. Elles représentent 13 % des emplois régionaux (173 436 salariés).

"Une CRESS, Chambre consulaire sous tutelle du préfet serait légitime à la fois, par notre rôle et par ce que nous représentons."

Ce changement de statut que je réclame participerait à une vraie reconnaissance de notre modèle et de nos acteurs, cela nous mettrait au même niveau que les autres chambres consulaires.

Quel est le modèle économique de la CRESS Paca ?

La CRESS Paca est la seule CRESS à réunir le mouvement associatif, la mutualité, les syndicats, les entreprises sociales d’utilité solidaire. Nous faisons front commun et avons d’ailleurs créé la Maison de l’ESS, à Marseille et espérons prochainement créer un bâtiment totem.

En région Paca, nous avons remis à plat notre modèle économique il y a sept ans, pour ne pas dépendre exclusivement de subventions. Notre modèle économique repose en partie sur l’adhésion de nos membres. Sur un budget annuel d’1,2 million d’euros, 300 000 euros proviennent de recettes d’adhésion, 300 000 autres euros proviennent de partenariats que nous avons noués avec de grands acteurs de l’ESS, comme les banques et les mutuelles, qui ont décidé de soutenir notre projet, à savoir accompagner le développement des entreprises de l’ESS.

"Notre modèle économique repose en partie sur l’adhésion de nos membres."

La collectivité régionale nous soutient également et nous avons engagé des discussions avec deux des trois métropoles, Nice Côte d’Azur, Toulon Provence Méditerranée et demain, avec Aix-Marseille-Provence métropole.

Nous avons innové et je propose aujourd’hui à l’État de nous confier une expérience pilote, visant à faire évoluer les CRESS.

Vous commencez un troisième mandat à la présidence de la CRESS, quelle est votre feuille de route 2022-2024 ?

J’entends mener un projet politique fort. Je souhaite que l’ESS dans cette région soit pionnière des transitions au service de l’emploi solidaire et de l’environnement. Je souhaite aussi inscrire l’appui à l’ESS dans les projets territoriaux des trois métropoles et des EPCI volontaires de la région.

Pour porter cette feuille de route, la CRESS ne peut se résumer à la parole de son président et j’ai donc souhaité renforcer la gouvernance de la chambre, avec des élus, qui vont chacune et chacun porter un de nos projets, parmi lesquels, la transition écologique, les fonds européens, les Jeux Olympiques 2024, l’économie circulaire, le tourisme, ou encore l’égalité femmes-hommes.

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