Daniel Sfecci (UIMM06) : « La moitié du tissu industriel local risque de disparaître »
Interview # Métallurgie

Daniel Sfecci Daniel Sfecci Daniel Sfecci (UIMM06) : « La moitié du tissu industriel local risque de disparaître »

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Daniel Sfecci, président de l'Union des Industries et Métiers de la Métallurgie des Alpes-Maritimes (UIMM06), prévient. L'industrie doit être plus visible et mieux considérée au risque de poursuivre son long - et inexorable ? - déclin. Cela valait bien une campagne. Interview.

— Photo : Le Journal des Entreprises

Le Journal des Entreprises : L’UIMM a lancé fin juin une campagne de communication inter industrielle baptisée la Fabrique de l’Avenir. Quel est son objectif ?

Daniel Sfecci : « Force est de constater que les années se suivent et se ressemblent. L’industrie française, tous corps confondus, continue de péricliter. Dans les Alpes-Maritimes, par exemple, on estime que dans les 3 à 5 ans, avec le papy-boom, environ 50% du tissu industriel local risquent de disparaître faute de vocations, de compétences adaptées voire de volonté et de vision politiques. Cette campagne sur le long cours, en mixant affichage, TV, réseaux sociaux et blogs influents, vise donc à promouvoir auprès des jeunes et de leurs parents l’industrie d’aujourd’hui, porteuse de valeurs et d’avenir. L’idée est de se rapprocher du modèle "Top Chef" qui a remis au goût du jour le métier pourtant très dur de la restauration. Certes on ne pourra pas faire un "Top Industrie", mais si on parvient à donner une image positive de l’industrie, à la cadrer sur le périmètre qu’elle occupe réellement et à démontrer qu’elle est nécessaire non seulement sur le plan de ce qu’elle produit mais aussi de ce qu’elle induit, on aura gagné. Je rappelle que le modèle industriel est générateur d’emplois pérennes – un emploi industriel crée deux emplois dans les services – rémunérés 13 à 15% plus hauts que les emplois équivalents dans les autres secteurs. »

C’est donc encore et toujours une question d’image ?

D.S. : « Oui, mais pas que. Nous avons par exemple une vision partielle du poids de l’industrie, ne serait-ce que dans la manière dont elle est référencée. En tant que vice-président de la CCI NCA, j’ai demandé aux services de l’Observatoire Sirius d’établir une vision précise de l’industrie dans les Alpes-Maritimes jusqu’à présent présentée sous le code NAF. Si l’on s’en affranchit pour privilégier le métier en lui-même, on passe de 3.200 entreprises à près de 8.000. Et c’est sans compter les sociétés de service qui délèguent de la main-d’œuvre aux entreprises industrielles, ni les bureaux d’études sans lesquels aucun des produits que nous fabriquons n’existerait. Ce département est donc une terre touristique ET industrielle. Mais de cela, on n’en parle pas. Il ne s’agit pas de réécrire l’histoire, mais de redéfinir clairement ce que nous sommes pour être mieux présent, plus visible et plus pertinent économiquement et sociétalement. »

Avec une priorité, la formation...

D.S. : « Nos métiers exigent des compétences qui n’ont plus rien à voir avec ce qu’elles étaient auparavant. Le système éducatif doit s’adapter avec des formations plus agiles, plus souples et plus en phase avec le terrain, sachant que 70% des métiers de demain n’existent pas encore. Le champ des possibles est énorme et concerne aussi bien les grands groupes que les PME. Cela aussi, il faut le faire savoir. »

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