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Coronavirus - Résistex : « Nous n’attendons pas la reprise, nous sommes la reprise »
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Coronavirus - Résistex : « Nous n’attendons pas la reprise, nous sommes la reprise »

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Bernard Alfandari est à la tête de Résistex (48 salariés, 16 M€ de CA), entreprise familiale experte de l’éclairage professionnel basée près de Nice. La crise n’aura pas été un révélateur pour le dirigeant. Elle a surtout conforté ses choix stratégiques résolument tournés depuis des années vers le développement de la RSE.

A Saint-André-de-la-Roche près de Nice, Resistex compte 48 salariés. Spécialiste de l'éclairage professionnel à haute efficacité énergétique, la PME est engagée de longue date dans la RSE — Photo : Résistex

« Je n’irai pas jusqu’à dire que cette crise est une chance mais elle nous permet de côtoyer nos limites. Deux mois sans travailler, c’est un crash test grandeur nature ! Nous avons arrêté notre activité avant tout le monde, le 13 mars, dès l’annonce d’une menace. Les salariés sont la partie prenante la plus importante de l’entreprise, leur santé et leur sécurité passent avant tout. Une de mes premières intentions était de les rassurer, en leur garantissant notamment l’intégralité de leur salaire.

« La crise nous a permis de vérifier que nous ne faisions pas fausse route. »

La société a été créée en 1937 par mon grand-père, réfugié italien. En 1943, il a dû se cacher des Allemands avec femme et enfants pendant 18 mois. Il a ensuite dû redémarrer de zéro. C’est la première confrontation de l’entreprise avec la résilience. Nous avons connu une deuxième fermeture, moins lourde, en mai 1968. Résistex a toujours su rebondir. Son nom lui-même l’indique ! Je l’ai écrit à mes salariés dans le journal de confinement que je tenais et que je leur envoyais régulièrement.

Comment l’entreprise, en tant qu’entité, s’est comportée dans la crise ? Je l’analyse avec une capacité à faire face, à ne pas s’affoler. Cette crise nous montre notre degré de résilience. Nous travaillons depuis longtemps sur l’implication, la raison d’être de l’entreprise et la raison d’être de chacun au travail… Nous avons conservé cette idée de force, de roc au milieu de la tempête, l’idée qu’il ne pouvait rien nous arriver puisque nous avons une raison d’être, c’est logique.

Cette période ne m’a pas forcément aidé à faire naître des idées nouvelles mais a conforté celles que nous avions commencé à mettre en place mais qui évoluaient lentement. L’économie de la fonctionnalité, la primauté de l’usage sur le produit, l’économie circulaire… nous sommes là-dedans depuis longtemps, mais c’était très incompris. Je pense qu’il va y avoir une appétence plus grande pour la qualité, le local, la durabilité. La crise nous a permis de vérifier que nous ne faisions pas fausse route.

Concernant les économies d’énergie notamment. Moins nos dispositifs consomment, moins les usagers paieront. Le lien se fait logiquement avec la précarité énergétique. Les contrats avec les bailleurs sociaux représentent une grosse part de marché. Notre axe de développement vers l’économie solidaire prend tout son sens. Cela peut aussi s’appliquer aux maisons de retraite.

« La RSE et son développement rapportent plus que ce qu’ils coûtent »

Quant à l’innovation liée à la led, elle sera de plus en plus axée sur le bien-être. Cette technologie est utilisée pour reproduire la lumière du soleil selon l’heure de la journée. Cela s’appelle l’éclairage circadien. Des études ont montré son impact sur la qualité du sommeil, de l’humeur. Après l’économie d’énergie, le prochain déclencheur d’achat sera la santé. La crise donne un peu plus d’aspiration vers cela.

Dans le contexte de la crise, notre activité a baissé de 30 %. C’est très compliqué mais nous n’allons pas nous mettre à baisser les prix. Nous n’allons pas attendre la reprise, nous sommes la reprise ! L’objectif est de mettre en place notre business plan "Horizon responsable 2023". Ce que j’exige, après avoir été rassurant, est que ces ambitions pour 2023 soient réalisées en 2022, en accélérant l’investissement et les embauches pour compenser les pertes 2020 et renforcer l’entreprise.
Les enjeux sont là, pas en se morfondant. Je mets en pratique le Global Compact des Nations Unies dont je suis ambassadeur. La RSE et son développement rapportent plus que ce qu’ils coûtent ! »

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