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Coronavirus : Pour reprendre son activité, Électronie a dû convaincre ses salariés
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Coronavirus : Pour reprendre son activité, Électronie a dû convaincre ses salariés

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Fabriquant des cartes et des systèmes électroniques, Électronie vient de rouvrir son usine, située dans les Alpes-Maritimes. Pour ce faire, la PME a dû procéder à certains aménagements mais surtout convaincre le personnel de reprendre son poste.

Électronie compte 25 salariés et produit plus de 350 000 cartes électroniques par an — Photo : Électronie

Machines et robots tournent à nouveau dans l’atelier d’Électronie depuis une dizaine de jours. Affichant 2,5 millions d’euros de chiffre d’affaires, la PME de 25 salariés basée à Mouans-Sartoux, près de Grasse (Alpes-Maritimes), conçoit et fabrique de cartes et systèmes électroniques.

Les premiers remous se sont fait sentir dès le mois de février. La crise sanitaire en Asie a d’abord entraîné un ralentissement des approvisionnements en composants, avant que l’entreprise ne doive finalement fermer ses portes mi-mars. « Nous avions réuni le personnel, ce fut une décision collégiale. Il a fallu amortir le choc. », explique le dirigeant et fondateur d’Électronie, Charles Pallanca. « Les salariés ont été mis en chômage partiel. Pendant cette période qui a duré environ deux semaines, nous avons fait le point avec nos clients afin d’identifier leurs besoins. Une très grande majorité était à l’arrêt mais nous avions des commandes et des travaux de R & D en cours. »

Activité réamorcée via la R & D en télétravail

De ces échanges et réflexions est ainsi née l’idée de placer le service R & D en télétravail. Les ingénieurs qui le pouvaient ont monté de micro laboratoires à domicile, réamorçant de fait l’activité auprès des clients qui le souhaitaient. « Mais dans les activités industrielles comme la nôtre, la R & D n’est pas toujours facturable. Nous avons donc dû trouver des accords avec nos clients. Certains n’en avaient pas les moyens, nous avons tout de même avancé, d’autres ont accepté et ont été ravis, notamment les entreprises qui évoluent dans les secteurs de la Défense, de la pharmaceutique ou la gestion d’énergie. »

« Notre discours leur demandant de revenir au travail était à l’opposé du "restez chez vous" martelé par le gouvernement »

Peu à peu, la vie a donc repris au sein de l’entreprise. Pour l’heure, la moitié des 25 salariés a retrouvé son poste, « mais ce chiffre augmente chaque jour », assure le dirigeant. « La problématique première a été de devoir convaincre les collaborateurs. Il y avait un frein psychologique et nous le comprenons, car notre discours leur demandant de revenir au travail était à l’opposé du "restez chez vous" martelé par le gouvernement ». Le patron a donc appelé chacun de ses employés pour les solliciter et faire état précisément de l’évolution de la situation. « Nous leur avons notamment expliqué que nous ne pouvons pas justifier du chômage partiel s’ils refusaient de reprendre. Il fallait alors se mettre en arrêt maladie, auquel cas je pouvais les remplacer, faire appel à des intérimaires. Cela a mis un certain temps à mûrir dans les esprits, mais cela a fini par faire son chemin, selon la personnalité et l’environnement familial de chacun. »

Nouvelles habitudes et nouveaux liens entre salariés

Gestes barrières, distanciation des postes de travail quotidiennement désinfectés, lavage des mains requis toutes les heures, gel hydroalcoolique mis à disposition, commande de masques… : au-delà de ces mesures de sécurité, l’entreprise compte sur la responsabilisation de chacun. « En production, une carte électronique passe entre plusieurs mains et ne peut être désinfectée. Nous demandons donc aux salariés d’être très disciplinés dans leur quotidien, lorsqu’ils vont faire leurs courses. Nous gérons au jour le jour en restant concentrés sur le quotidien. C’est le maître mot, la concentration, car nous ne sommes pas à l’abri d’avoir un cas de contamination qui viendrait de l’extérieur et qui entraînerait alors une mise en quarantaine générale et une nouvelle fermeture. »

« Je ne suis pas du tout inquiet pour l’avenir »

De ces nouvelles habitudes de travail sont nés aussi, de façon plus positive, de nouveaux liens entre salariés et direction. « Une solidarité s’est mise en place, nous nous organisons différemment et cela se ressent vraiment. En partageant cette situation commune, nos liens sont plus forts. Il y a peu de hiérarchie au sein d’Électronie, mais je dirais malgré tout que cela a resserré la tête et les jambes. J’étais cet après-midi dans l’atelier pour prêter main-forte aux opérationnels. Habituellement, vous m’auriez plutôt trouvé dans mon bureau. C’est très intéressant, cela met le doigt sur des attitudes et des procédures que nous devrions avoir. Nous mènerons bien sûr une réflexion afin de conserver ce bénéfice. Y compris dans l’apprentissage que nous faisons sur le télétravail. »

150 clients en région Paca

De nouveaux liens au sein du personnel, de nouveaux liens se sont aussi créés entre l’entreprise et ses clients avec lesquels elle maintient le contact. Électronie compte 150 clients en région Paca. Nombre d’entre eux rouvrent peu à peu, alimentant la confiance du dirigeant.

« Je ne suis pas du tout inquiet pour l’avenir », indique Charles Pallanca. « Certains de nos clients profitent même de cette période pour réfléchir à de nouveaux projets, nous échangeons sur ces idées. Même si elles ne compensent pas les pertes subies, des perspectives se créent. Si cette solidarité pouvait perdurer, nous, entrepreneurs qui nous en sortons, pourrons aider ceux qui auront toujours la tête sous l’eau. Nous pourrions dessiner petit à petit une économie plus vertueuse. »

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