La société marseillaise Mankaia (1,2 million d’euros de chiffre d'affaires en 2019, une dizaine de salariés), créée en 2004 et dirigée par David Bergeron et Laurent Rougier, s’est positionnée sur la conception et la distribution de vêtements médicaux plus "tendance" que la simple blouse blanche basique. « Nous nous adressons traditionnellement aux professions libérales, vétérinaires, dentistes », commente David Bergeron.
Des clients qui ont stoppé leur activité
Couleurs, matières, coupes, matériaux techniques, la petite entreprise de dix salariés n’a cessé d’innover depuis vingt ans, non seulement en important une partie de ses produits des États-Unis où il existe de grandes marques de vêtements médicaux, mais en faisant également fabriquer en Espagne ses propres modèles. « Notre distribution se fait surtout en ligne et sur des salons professionnels », décrit le dirigeant.
Le 15 mars, l’ensemble des clients de Mankaia interrompent soudain leurs activités, comme les dentistes, ou la poursuivent de façon plus réduite, comme les vétérinaires. « Nous avons alors été contactés par un nouveau type de clientèle, un peu paniquée, qui ne faisait pas appel à nos services, les médecins généralistes et les infirmières libérales, habitués à ne pas porter de vêtements médicaux. Nous avons ainsi réussi à faire un don de 600 blouses que nous avons récupérées de fins de série, d’échantillons, de fins de stock… »
« Il faut anticiper de nouvelles solutions »
Mankaia propose des offres commerciales conséquentes. « Depuis la semaine dernière, nous enregistrons des demandes d’hôpitaux, de cliniques, de maisons de retraite et de crèches qui sont désormais touchés par la pénurie de produits jetables. Nous avons livré le centre hospitalier de Lyon, les maisons de retraite Domitys… Tout le monde s’affole car il n’est plus possible de trouver de produits jetables en France. Nous nous réadaptons pour pouvoir fournir tous ces clients en blouses textiles. Nous tentons de récupérer des stocks. Le problème c’est que la situation est mondiale. Aux États-Unis, ils vivent maintenant la même chose et les trois quarts des usines productrices sont fermées, alerte David Bergeron. À l’heure actuelle, il est encore possible de trouver des blouses textiles, car nous vivons sur les stocks qui ont été produits avant le confinement général, mais nous sommes à la veille d’une pénurie mondiale, cette fois-ci en blouses jetables. D’ici quelques semaines les stocks vont être à zéro. Il faut anticiper de nouvelles solutions. ».
L’atelier espagnol de l’entreprise est à l’arrêt et son fournisseur tunisien parvient encore à produire un peu. « Vu la situation, il est important que les autorités sanitaires cherchent des solutions de production de produits textiles qui vont pouvoir resservir plusieurs fois. Nous sommes prêts à participer à ces réflexions », conclut le dirigeant.
