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Coronavirus : Les fleurs de Chanel seront récoltées, comme chaque année, dans les champs de Mul
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Coronavirus : Les fleurs de Chanel seront récoltées, comme chaque année, dans les champs de Mul

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Crise sanitaire ou pas, les fleurs se préparent à éclore. Au sein du groupe azuréen Mul, on se prépare aux côtés des saisonniers, à assurer l’activité, comme d’habitude ou presque. Le fruit de ces récoltes est attendu par son client exclusif qui n’est autre que la Maison Chanel.

La rose centifolia entre dans la composition des plus grands parfums Chanel. Sa cueillette aura lieu, comme d'habitude, dans les champs de la famille Mul, début mai — Photo : Chanel

La crise sanitaire ne freinera pas la nature. Sur les 20 hectares de son domaine implanté à Pégomas, entre Cannes et Grasse, le groupe Mul (90 salariés, 28 M€ de CA) se prépare donc à la haute saison. Le bigaradier (oranger amer) ouvrira dès la semaine prochaine le bal des récoltes. Suivra, chaque matin pendant trois semaines, la cueillette de la centifolia, appelée plus communément rose de Mai. La première entre dans la composition des Eaux de Chanel. La seconde dans Coco Mademoiselle ou le célèbre N°5. La grande maison parisienne est ainsi le partenaire exclusif de la famille Mul depuis quarante ans. Cette année ne déroge pas à la règle. « Chanel aura bien ses fleurs et son néroli (huile essentielle de fleur d’oranger, NDLR), comme d’habitude. La maison Chanel maintient ses engagements et reste très présente », assure Cécile Mul, PDG du groupe.

Prendre des précautions, même en plein air

Si une partie du personnel est en télétravail, l’entreprise familiale peut compter sur la présence physique de ses salariés et saisonniers dans les champs. Et bien qu’en plein air, l’activité requiert une certaine réorganisation car « le travail se fait en équipe. Le matériel peut s’interchanger. Il y a donc des précautions à prendre. Nous faisons tout pour continuer car les fleurs vont continuer à éclore. »

Sauf aléa climatique, la récolte de centifolia devrait atteindre les 35 tonnes, peu ou prou comme au printemps 2019. Quant à celle du bigaradier, elle s’avère plus compliquée, les arbres étant éparpillés alentour au sein d’exploitations ou chez des particuliers, parfois âgés ou fragiles. Mul est le chef d’orchestre de cette filière qu’elle a relancée sur le territoire, avec le soutien de Chanel qui peut ainsi sécuriser ses approvisionnements.

« Une charte de bonne conduite »

« En tant que pilote de la filière, nous devons nous assurer que tout est fait au mieux pour la sécurité de tous. Nous avons donc édicté une « charte de bonne conduite en milieu agricole » signée par chacun de nos partenaires, collaborateurs, prestataires et sous-traitants pour le respect de certains principes : appliquer les gestes barrières, assurer une distance d’au moins un mètre entre chaque personne, procéder au nettoyage et à la désinfection du matériel après chaque utilisation… Nous réfléchissons aussi à mettre en place un système de navette pour récupérer les fleurs récoltées en limitant les déplacements de personnes parfois fragiles car âgées. Nous avons ainsi mis à disposition des appareils plus petits pour éviter les besoins de regroupement, pour gérer moins de volumes à la fois. Nous traiterons la fleur au fil de l’eau. »

Cécile Mul s’attend malgré toutes ces précautions à ce que la situation ait une incidence sur les récoltes de bigaradier, mais il est encore trop tôt pour la mesurer.

L’activité industrielle préservée

Exploitant agricole, le groupe Mul est aussi un acteur industriel. Son usine se situe au milieu de ses champs. Si là encore, il a fallu se réorganiser en termes de logistique, l’activité n’est pas impactée. Du moins pour le moment. « Étant un maillon de la chaîne agroalimentaire, nous sommes considérés comme une activité essentielle. Nous fournissons des extraits végétaux comme la vanille ou le cacao, pour des clients de toutes tailles, en France mais aussi en Europe. »

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