Fondateur en 1987 du fabricant d’implants dentaires Biotech Dental (630 collaborateurs, 73 M€ de CA), Philippe Véran estime que l’épidémie de coronavirus doit amener les Français, en particulier leurs entrepreneurs, à réfléchir sur les priorités de la société. « En tant qu’acteur économique, j’ai comme beaucoup d’autres, participé à la construction de cette société imparfaite où il était plus important d’afficher de bons résultats financiers, gage de réussite professionnelle, que de savoir si tous les fondamentaux de notre société fonctionnaient bien », confie le dirigeant de cette entreprise basée à Salon-de-Provence.
Il ne réclamera pas certains de ses loyers
Pour le PDG de Biotech Dental, l’une des valeurs centrales sur laquelle doit désormais reposer la société française est la solidarité. « Elle est essentielle pour que ce mois et demi d’activité quasi nulle soit le moins possible générateur de pertes et donc de dettes pour les entreprises. » Et Philippe Véran compte bien montrer l’exemple : « Nous avons ainsi décidé avec mon associé de dispenser de loyers l’ensemble des sociétés locataires de notre foncière qui n’ont pas eu d’activité ».
Cet élan de générosité, le dirigeant aimerait qu’il puisse se généraliser dans tout le pays. « Si tous les propriétaires décident de renoncer à un mois et demi de loyers des commerces ou entreprises fermées pendant le confinement, cela peut être important et c’est très différent de simplement reporter dans le temps la dette des loyers à payer ». Les propriétaires de biens immobiliers ne sont les seuls dans sa ligne de mire : « Il faudrait absolument que l’État exonère définitivement les entreprises touchées des charges sociales sur la période, des charges fiscales assises sur les salaires, mais également de la TVTS, CFE, des taxes foncières… Tout ce qui est annuellement taxé devrait tenir compte d’une ristourne de 12,5 % par l’État ».
Création d’un fonds pour permettre aux entreprises de financer la santé
Mais pas question pour Philippe Véran de tout faire supporter par l’État. Le PDG de Biotech Dental voudrait que les entreprises françaises participent davantage à la santé des Français. Pour cela, il imagine également que le gouvernement mette en place un fonds d’abondement qui permettrait aux entreprises de pouvoir contribuer au financement du système public de santé. « Le principe de ce fonds serait que les entreprises puissent y verser jusqu’à 10 % de leur bénéfice annuel net après impôt. Cela signifierait que seuls les actionnaires de l’entreprise participeraient à cet effort. Chacun déciderait comme il le veut du pourcentage qu’il verserait ou pas. Je m’engage à ce que le groupe Biotech Dental participe à la mise en place d’un tel fonds et y contribue », assure-t-il.
