Coronavirus : en Région Sud, l'industrie se prépare à une reprise d’activité sécurisée
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Coronavirus : en Région Sud, l'industrie se prépare à une reprise d’activité sécurisée

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L’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) Alpes-Méditerranée et les organisations syndicales partenaires FO, CFE-CGC, CFDT et CFTC représentatives dans le Var, les Bouches-du-Rhône et les Alpes-de-Haute-Provence ont présenté une déclaration commune pour une reprise d’activité dans les meilleures conditions de sécurité.

Le fabricant de composants électroniques STMicroelectronics a développé une culture de la sécurité et de la propreté — Photo : Didier Gazahnes - Le Journal des entreprises

Dès le 24 mars, l'Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) élaborait un "guide des mesures de préven­tion du Covid-19 en entreprise industrielle". Ce guide, fruit d’un travail paritaire, a permis de mettre les salariés en sécurité et de garan­tir juridiquement le chef d’entreprise. Ce document a servi de base de travail pour organiser la reprise de l’activité. « Avec cette crise, tout le monde s’est rendu compte que l’industrie est un secteur indispensable en France. Les soucis dans la fabrication de masques le démontrent clairement. Nous lançons donc un appel pour que l’ensemble de l’activité puisse redémarrer, avec une préoccupation absolue pour la sécurité des salariés », souligne Thierry Chaumont, président de l’UIMM Alpes-Méditerranée, qui regroupe 3 000 entreprises et 42 000 salariés.

Un taux d’activité supérieur de 10 % à la moyenne nationale

En Région Sud, la résilience de l’industrie a été plus forte qu’à l’échelon national. Alors que 30 % des entreprises fonction­naient au début du confinement, elles sont ainsi aujourd’hui 95 %, assurant près de 70 % de leur activité, avec environ 45 % de chômage partiel. « L’industrie en Région Sud est plus diversifiée et peu impactée par les problèmes du secteur de l’automobile, ce qui nous permet d’afficher un taux d’activité supérieur de 10 % à la moyenne nationale. Nous disposons également davantage de recherche et développement et de bureaux d’études, qui sont des activités qui peuvent se faire en télétravail ».

80 000 masques seront distribués

Afin de préparer la reprise de l’activité, un important travail d’anticipation de la branche métal­lurgie a été mené au niveau national et en région Sud. Ainsi, dès l’annonce du confinement et avec l’accord du gouverne­ment, l’UIMM a passé une commande natio­nale de 4 millions de masques. En Région Sud, l’UIMM a déjà distribué 30 000 masques auprès de 200 TPE-PME de la métropole Aix-Marseille, et 10 000 masques à desti­nation d’une cinquantaine d’entreprises de la métropole Toulon Provence Méditerranée. 80 000 masques seront ainsi distribués gratuitement pour fournir ponctuelle­ment les entreprises avant que les circuits classiques ne prennent le relais. Par ailleurs, pendant toute la durée du confinement, la plateforme juridique de l’UIMM Alpes-Méditerranée a tourné à plein régime, enregistrant jusqu’à 150 appels quotidiens, soit trois fois plus qu’en temps normal.

Poursuite d'activité chez STMicroelectronics et Airbus

Au sein du fabricant de composants électroniques STMicroelectronics, à Rousset, dans les Bouches-du-Rhône, la production s’est ainsi poursuivie. Sur les 3 000 salariés de l’entreprise, 1 000 sont en télétravail. « Dans l’industrie, nous avons la culture de la sécurité. Chez STMicroelectronics, nous avons également la culture de la propreté puisque nous travaillons en salles blanches. Nous avons fourni des masques, nous prenons la température des salariés à l’entrée, nous avons modifié les horaires afin de mieux gérer les flux. Tout cela s’est fait en partenariat avec les partenaires sociaux, sur le terrain, au travers notamment de CHSCT quotidiens », précise Philippe Marc, directeur de STMicroelectronics Rousset.

Comme STMicroelectronics, Airbus Helicopters a su tirer son épingle du jeu, notamment grâce à une forte activité de maintenance des hélicoptères toujours en opération durant la crise. La filiale du groupe Airbus basée à Marignane peut jouer le rôle « d’acteur majeur du jour d’après », comme l’a qualifié Lakdar Damouche, secrétaire de région de la CFDT.

Inquiétudes chez ArcelorMittal et à la CNIM

D’autres grandes entreprises industrielles de la région sont davantage en difficulté en ce moment, comme ArcelorMittal à Fos-sur-Mer ou la CNIM (Constructions industrielles de la Méditerranée), à La Seyne-sur-Mer. À l’image des autres sites sidérurgiques européens qui tournent à 50 % en raison notamment de l’arrêt de la production automobile, ArcelorMittal Fos a mis à l’arrêt un haut-fourneau sur deux et ne dispose que d’une très faible visibilité sur son carnet de commandes. « Au-delà, nous n’avons plus de visibilité », confie ainsi Richard Pagnon, DRH d’ArcelorMittal Fos, qui envisage « si rien ne s’améliore », une éventuelle mise sous cocon du site de Fos-sur-Mer et pointe du doigt les risques de concurrence de pays non européens comme la Chine.

De son côté, la CNIM est en cours de validation par le tribunal de commerce d’un protocole de conciliation, suite à la défaillance d’un cotraitant britannique intervenant avec l’entreprise sur quatre chantiers importants. La CNIM emploie 1 450 salariés, dont 950 dans le Var, et intervient dans des secteurs stratégiques comme la défense.

Même si l’activité industrielle ne s’est jamais totalement arrêté en région Paca, sa reprise à 100 % s’avère toutefois délicate. « Tant que nous sommes en situation de crise sanitaire, avec les gestes barrières, nous ne pourrons être à 100 % », conclut Thierry Chaumont de l'UIMM.

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