Coronavirus - Caisse d’Épargne Côte d’Azur : « Aider les entreprises à tenir, c’est notre responsabilité »
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François Codet président du directoire de la Caisse d’Épargne Côte d’Azur Coronavirus - Caisse d’Épargne Côte d’Azur : « Aider les entreprises à tenir, c’est notre responsabilité »

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Banque régionale coopérative, la Caisse d’Épargne Côte d’Azur (1 600 salariés, CA 2019 : 358,9 M€ ) couvre à la fois les Alpes-Maritimes et le Var. Président du directoire, François Codet explique comment la CECAZ s’organise pour aider les entreprises du territoire à résister face à cette crise.

— Photo : Cecaz

Le Journal des Entreprises : La Caisse d’Épargne Côte d’Azur est-elle pleinement opérationnelle ?

François Codet : Sur nos 145 agences réparties dans les Alpes-Maritimes et le Var, seules 7 sont fermées. Nous avons mis en place des mesures de filtrage pour limiter les contacts. Ainsi les clients sont reçus uniquement sur rendez-vous lorsque les opérations ne peuvent pas se faire à distance, comme pour la remise d’instruments de paiement par exemple.

Sur nos 1 600 collaborateurs, 200 ont dû être arrêtés pour des raisons de garde d’enfants ou de santé. 300 sont en télétravail, un chiffre que nous essayons d’augmenter peu à peu. Sur nos sites principaux de Nice et de Toulon, nous avons éparpillé les collaborateurs au maximum entre deux bâtiments.

Il y a des missions qui ne peuvent être assurées à distance, c’est le cas par exemple du centre d’appels téléphoniques. Par ailleurs, tous nos collaborateurs n’étaient pas équipés d’ordinateur portable. Nous travaillons à la mise en place de solutions afin qu’ils puissent travailler sur leur ordinateur personnel.

Nous élaborons chaque année des scénarios de crise, tremblement de terre, inondations ou autre catastrophe, pour anticiper l’organisation la plus adaptée. Mais nous n’avions rien imaginé de tel.

"D'ici la fin de la semaine, nous aurons décalé les échéances de prêt de plus de 6 000 dossiers "

Quelles sont aujourd'hui vos priorités ?

François Codet : Nous avons clairement deux missions : assurer les moyens de paiement et soutenir les entreprises. Il faut les faire tenir, c’est notre responsabilité. Si l’appareil productif tient, les répercussions seront moindres sur les particuliers.

L’enjeu pour nous est de mettre en place tous les dispositifs très rapidement, le tout dans des conditions d’organisation interne compliquées : nos collaborateurs sont répartis sur 150 sites. En nombre, les entreprises représentent près de 15% de notre clientèle, mais bien plus en activité. Cela inclut tout type de société, de toute taille, dans tout secteur. Nous les avons contactées autant que possible dès la semaine dernière.

Le sujet numéro un est évidemment la trésorerie. Nous avons décalé de six mois les échéances de prêt de plus de 5 000 dossiers. Nous en serons à 6 000 d’ici la fin de la semaine et nous affinerons peu à peu dans les jours qui suivront, le plus souplement possible. Nous sommes prêts, nous sommes en mesure de traiter toutes les demandes.

Une fois que nous avons donné nos masques, nous ne pouvons rien faire pour la crise sanitaire mais notre rôle est essentiel face à la crise économique. Nous sommes le bras armé des mesures gouvernementales.

Le prêt garanti par l’État a-t-il été activé comme prévu ?

François Codet : Oui, nous l’avons activé dès ce jeudi. Je pense que la moitié de nos clients vont y avoir recours. Nous avons eu les caractéristiques techniques de ce dispositif il y a deux jours à peine. Il a fallu que la logistique suive ! Habituellement, entre l’idée et l’application, le délai se compte en mois, pas en jours. Il y a toute une organisation que personne ne voit sur les fonctions support (informatique…). Nos collaborateurs font un travail dont je suis très fier.

"Le prêt est débloqué en un jour, deux jours maximum. Mais attention, il s'agit bien d'un prêt qu'il faudra rembourser, pas d'une subvention."

Comment les entreprises peuvent-elles bénéficier de ce prêt ?

François Codet : Le principe est simple : les entreprises contactent leur banque. Nous faisons un rapide examen de faisabilité, car il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’un prêt qu’il faudra rembourser un jour, et une fois que l’entrepreneur obtient notre accord de principe, il va sur le site de BpiFrance où un numéro lui est attribué. Cela prend quelques minutes. Avec ce numéro, nous pouvons éditer le contrat, l’envoyer et le faire signer électroniquement. Le prêt est débloqué en un jour, deux jours maximum.

Sur les prêts garantis par l’État, les entrepreneurs doivent bien calibrer leurs besoins réels. Ce n’est pas une bonne idée de chercher d’emblée les trois mois, il ne faut pas avoir de demande excessive. Car il faut bien garder en tête qu’il s’agit d’un prêt, pas d’une subvention. Il faudra ensuite rembourser.

Quelle sera la prochaine étape ?

François Codet : Aujourd’hui, nous sommes mobilisés, dans l’action. Nous sommes dans un état d’esprit combattif. Ensuite nous pourrons commencer à réfléchir à l’après, notamment pour des secteurs comme le tourisme qui ne retrouvera pas son chiffre d’affaires perdu. Par exemple, les milliers de chambres d’hôtels réservées pour le MIPIM annulé sont perdues. Nous n’avons par ailleurs aucune visibilité sur la saison estivale. Les gens viendront-ils en vacances ?

Nous devrons accompagner les professionnels concernés. Tout comme les métiers de l’agriculture, de la viticulture (le centre d'affaires Vitibanque basé dans le Var compte 170 clients issus de la filière, NDLR) qui ne feront pas appel cette année aux travailleurs saisonniers.

Ce dispositif de prêt est un appel d’air pour les 2 ou 3 mois à venir, il y aura ensuite d’autres questions, d’autres problématiques, des effets en cascade qu’il faudra traiter.

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