Bouches-du-Rhône
Corinne Innesti (CPME 13) : "L'année 2020 a démontré la nécessité de renforcer le collectif"
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Corinne Innesti présidente de la CPME des Bouches-du-Rhône "L'année 2020 a démontré la nécessité de renforcer le collectif"

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Tout juste réélue pour trois ans à la présidence de la CPME des Bouches-du-Rhône, Corinne Innesti revient sur les priorités de son mandat, la nouvelle gouvernance mise en place et l’actualité des TPE et PME quelques jours après l'entrée en vigueur d'un troisième confinement.

Corinne Innesti vient d'être réélue à la présidence de la CPME 13 — Photo : C. Criscuolo / CPME 13

Réélue à la présidence de la CPME 13, comment envisagez-vous ce nouveau mandat ?

Corinne Innesti : Expert-comptable de formation, j’ai exercé mon métier en entreprise pendant plus de vingt ans avant de rejoindre un cabinet et de créer ma propre entreprise en 2013. Cette expérience me permet de bien connaître les difficultés des chefs d’entreprise et leurs besoins. En 2020, j’ai saisi l’occasion de devenir présidente de la CPME 13, après un parcours de trésorière au sein de l’organisation patronale commencé en 2014.

Je suis arrivée à la tête de la CPME en plein "tsunami", provoqué par la crise sanitaire du Covid. Je veux poursuivre mon engagement au plus près des entreprises de notre territoire pour qu’elles traversent le mieux possible cette crise économique. Les trois prochaines années vont être cruciales pour nos entreprises.

Quelles sont vos priorités pour ces trois prochaines années ?

Trois grands axes vont nous guider : la représentation des 150 000 TPE et PME des Bouches-du-Rhône et de leurs 826 000 salariés, l’accompagnement et la proximité, du pays d’Arles à La Ciotat en passant par Salon-de-Provence, Aix-en-Provence et Marseille.

La composition du conseil d’administration a été modifiée et renforcée pour répondre aux priorités d’actions 2021. Ainsi, Damien Particelli devient vice-président au développement, Humberto Miranda devient vice-président du pôle santé, Audrey Lucchinacci est nommée vice-présidente en charge de la transformation numérique des entreprises. Une attention particulière sera apportée aux artisans avec la nomination de Daniel Salenc, par ailleurs président de Fiers d’être artisans 13. Un nouvel administrateur, Olivier Laurenceau, fait son entrée et se consacrera aux jeunes et à la création d’entreprise. Enfin, Grégoire Lefebvre sera en charge des questions d’emploi et de formation.

L’année 2020 a démontré la nécessité d’être solidaire, de renforcer le collectif. Nos 1 500 adhérents directs bénéficieront ainsi de services renforcés : une manière de convaincre de nouveaux entrepreneurs de nous rejoindre et de les fidéliser.

Quels seront ces nouveaux services ?

Nous voulons favoriser la mutualisation pour donner accès à des services à tarif préférentiel à nos TPE et PME, à l’image de l’offre d’affacturage négociée avec la Banque Postale pour tous nos adhérents. En devenant en quelque sorte le "Groupon" des PME, nous voulons permettre à nos adhérents de réaliser des économies et de mieux accompagner leurs salariés.

"Des entreprises qui ont embauché des apprentis en août 2020 n'ont toujours pas reçu les aides auxquelles elles ont droit."

Nous avons aussi adopté un réseau social interne dédié à nos adhérents qui leur permet de publier des offres de services ou leurs besoins et de connaître les offres de nos partenaires.

Comment réagissez-vous à ce troisième confinement ?

C’est un coup de massue. Personne ne le souhaitait. Nous sommes solidaires à 100 % avec toutes celles et tous ceux qui doivent de nouveau fermer, notamment les commerçants, qui ont pourtant réalisé des efforts importants pour se conformer aux nouvelles contraintes sanitaires et qui ont souvent investi toute leur vie dans leurs commerces.

La fermeture des établissements scolaires a aussi des conséquences sur l’organisation du travail en entreprise. Je sais que les entreprises ont rapidement pris les dispositions nécessaires, modifié leurs plannings pour permettre à leurs salariés de concilier au mieux poursuite de l’activité en télétravail et garde des enfants. Je salue leur détermination tout en regrettant que l’économie fasse une nouvelle fois les frais puisque ce troisième confinement engendrera forcément une baisse de productivité et une baisse de chiffre d’affaires.

Après une année de mesures de restrictions sanitaires, quelle est la situation économique des entreprises des Bouches-du-Rhône ?

Même si l’impact économique est non négligeable, il est peut-être moins important que ce que nous avions imaginé. La faculté des chefs d’entreprise à trouver des solutions, à être agiles, a permis de minimiser les dégâts. En revanche, des entreprises rencontrent quand même des problèmes de trésorerie et, sur ce point, je demande une distribution rapide des aides. À titre d’exemple, des entreprises qui ont embauché des apprentis en août 2020 n’ont toujours pas reçu les aides auxquelles elles ont droit. Par ailleurs, les défaillances continuent à nous faire peur. Les entreprises sont sous perfusion, mais les dettes s’accumulent.

"Nous pouvons nous attendre à des répercussions économiques de cette crise sanitaire jusqu’en 2022."

Demain, les dégâts sociaux, économiques, humains pourraient être élevés. Je pense que 2021 sera encore une année difficile et nous pouvons nous attendre à des répercussions économiques de cette crise sanitaire jusqu’en 2022.

Concernant les aides aux entreprises pour traverser cette période particulière, quelles sont vos principales revendications ?

Nous souhaitons que, lors de la réouverture et de la reprise économique, les aides se poursuivent. Car, qui peut imaginer que nous retrouverons des niveaux de chiffre d’affaires d’avant crise du jour au lendemain ? Il faut trouver des solutions plus pérennes.

La CPME nationale a proposé 109 mesures. Parmi celles-ci, la mise en place d’un prêt de consolidation constitue notre cheval de bataille. Nous souhaitons aussi un élargissement de l’activité partielle avec une prise en charge à 100 % par l’État, ou encore une extension des aides pour les secteurs qui ont accumulé des stocks (habillement, maroquinerie) à toutes les entreprises.

L’année 2021 est aussi une année d’élection pour les entreprises. Comment la CPME 13 entend-elle se positionner ?

Des élections seront en effet organisées au sein des CCI d’Aix-Marseille Provence et du Pays d’Arles et de la Chambre des métiers et de l’artisanat de la Région Paca. Nous avons lancé un appel à candidatures et prônons l’union pour regrouper l’ensemble des forces et ainsi tous parler tous d’une seule et même voix. Je veux dire aux entrepreneurs que c’est le moment d’oser pour saisir cette opportunité de s’exprimer et de faire bouger les lignes.

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