Conseil interprofessionnel des vins de Provence : "Le rosé nous permet de sortir notre épingle du jeu"
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Éric Pastorino président du Conseil interprofessionnel des vins de Provence "Le rosé nous permet de sortir notre épingle du jeu"

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Devenu une référence des vins rosés à travers le monde, le vignoble de Provence confirme sa résistance en 2022 dans un contexte économique pourtant compliqué. Le vignoble, représenté par le Conseil interprofessionnel des vins de Provence et son président Eric Pastorino, a lancé en 2023 un nouvel événement visant à consolider son leadership à travers le monde.

Éric Pastorino, président du Conseil interprofessionnel des vins de Provence — Photo : CIVP

Le Conseil interprofessionnel des vins de Provence vient de publier sa note de conjoncture annuelle. Comment la filière viticole provençale se porte-t-elle ?

La filière provençale se porte bien dans un contexte national assez complexe pour la viticulture. Nous ne nous plaignons pas. Avec plus d’1,24 millions d’hectolitres commercialisés, les ventes de vins de Provence ont augmenté près de 2,5 % en 2022, par rapport à 2021, une année au cours de laquelle les ventes avaient déjà retrouvé leur niveau d’avant Covid. Les ventes à l’export (39 %) n’ont pas connu d’augmentation.

Toutefois, le contexte économique est plus compliqué avec une inflation sur les prix des matières premières et des difficultés d’approvisionnement en bouteilles. Nous ressentons une certaine dynamique pour 2023 et nous sommes optimistes même si ce ne va pas être une année au cours de laquelle nous allons battre des records.

Le rosé nous permet en partie de sortir notre épingle du jeu. Le positionnement premium des vins de Provence nous préserve aussi des marchés premiers prix. Nous nous adressons à une clientèle qui souffre moins de l’inflation.

Le CIVP a récemment organisé le salon professionnel, Vins de Provence Expériences. Quel bilan faites-vous de cette première édition ?

Cet événement a été organisé pour consolider et renforcer la dynamique des vins de Provence sur les marchés, en France, comme à l’international. Il s’inscrit dans notre stratégie visant à installer nos vins sur les segments les plus valorisés en démontrant que nous produisons les meilleurs rosés du monde et en renforçant notre image de marque. Ainsi, 200 vignerons et négociants couvrant nos trois appellations (AOP Côtes de Provence, AOP Coteaux d’Aix-en-Provence et AOP Coteaux varois en Provence) ont présenté leurs vins à 900 visiteurs, des grands acheteurs et des prescripteurs venus de l’ensemble des grands marchés que nous adressons.

"L’événement Vins de Provence Expériences vise à démontrer que nous produisons les meilleurs rosés du monde."

Dans le détail, 20 % de nos visiteurs étaient étrangers et nous avons noté qu’une grande part du bataillon était représentée par des acteurs du CHR (cafés, hôtels, restaurants), une clientèle que nous n’avions plus touchée depuis trois ans.

Incontestablement, cette première édition a confirmé le leadership des vins de Provence sur les marchés et l’événement sera renouvelé, sans doute tous les deux ans.

L’export est devenu un axe stratégique pour les vins de Provence, que représente-t-il aujourd’hui ?

Nos trois appellations réunissent 469 caves particulières, 53 caves coopératives et 37 négociants vinificateurs, qui commercialisent entre 160 et 170 millions de cols par an, dont près de la moitié à l’export.

En trente ans, le vignoble des vins de Provence est devenu le vignoble de référence dans le monde, dans la catégorie des vins rosés. Nos vins ont enregistré une progression à l’export de 64 % en volume et de 100 % en valeur au cours des cinq dernières années et désormais, l’export représente notre premier débouché, soit 42 % des volumes écoulés, derrière les CHR, cavistes et caveaux (33 %) et les grandes surfaces alimentaires (25 %).

"Nos vins ont enregistré une progression à l’export de 64 % en volume et de 100 % en valeur au cours des cinq dernières années."

Les États-Unis arrivent en tête (14 % en 2022) et sont suivis par le Royaume-Uni (7 % en 2022), un marché sur lequel nous avons battu des records, malgré le Brexit, qui avait pu nous faire craindre une baisse des ventes.

Ces bons résultats au-delà de nos frontières sont le fruit d’une démarche de communication collective. Ils sont aussi liés au dynamisme de nos entreprises viticoles et à l’arrivée, sur nos terres, de nouvelles maisons, comme Ricard ou Moët Hennessy (branche vins et spiritueux du groupe LVMH), qui ont des réseaux très étendus.

Quelles seront les prochaines destinations explorées par le CIVP ?

Aujourd’hui, nous avons atteint une maturité qui nous permet de choisir les pays dans lesquels nous voulons être présents. Nous sommes sortis de cette politique d’éparpillement, qui a prévalu à une époque. Nous nous sommes concentrés sur les États-Unis, l’Australie, la Suisse (un marché porteur et haut de gamme), l’Allemagne et les Pays Bas. Nous maintenons une veille sur le marché asiatique, mais nous n’y avons pas senti un réel engouement pour le vin rosé.

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