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Comment les parfums Micallef se préparent à affronter 2021
Grasse # Industrie # Artisanat

Comment les parfums Micallef se préparent à affronter 2021

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Dans le secteur des parfums de niche, la maison Micallef (15 collaborateurs, CA : 4 M€) est devenue une référence. Ses parfums et flacons d’exception sont vendus dans le monde entier. Crise sanitaire mondiale oblige, c’est localement, à Grasse, que la signature internationale puise ses projets pour aborder 2021.

— Photo : O. Oreggia

De Dubaï à Paris, Munich ou New York, les parfums Micallef sont présents dans 75 pays. Cette déclinaison de l’exception française séduit ainsi depuis bientôt 25 ans. Pas de snobisme mais du luxe, du vrai. Chaque pièce est unique car élaborée à la main, du flacon bijou, peint, agrémenté d’or ou de cristaux de Swarovski, aux boîtes qui les renferment. Les cent millilitres dépassent les 200 euros.

Succès mondial, peu connu en France

« Comme la haute joaillerie ou la haute couture, nous faisons du très haut de gamme », explique Martine Micallef. Artiste peintre, elle crée l’entreprise en 1996 dans la cave de leur maison avec son mari, Geoffrey Nejman, alors consultant financier dans la parfumerie. Aidé de Jean-Claude Astier, nez réputé, le succès est rapide, notamment au Moyen-Orient. Aujourd’hui, dans l’atelier de 1 500 m2 situé à Grasse, travaillent une quinzaine de collaborateurs. « Notre point fort est la créativité. Que ce soit dans nos flacons ou dans notre signature olfactive qui nous permet d’être identifiés. Nous avons choisi dès le départ cette orientation mêlant art et parfum. Nous comptons 900 points de vente dans le monde mais en France, personne ne nous connaît. Historiquement, l’export nous a choisis, face au cartel des grandes marques françaises. Notre marché numéro un est l’Allemagne. En France, il reste très peu de parfumeries indépendantes qui constituent notre réseau. »

S’appuyer sur le terroir grassois

Mais alors comment traverser la crise et aborder 2021 quand on est un parfum de niche, dont la clientèle internationale est tenue éloignée par la pandémie ? La première des réponses est bien sûr l’e-commerce. Le développement de la boutique en ligne est l’un des gros projets à venir, nourri « d’idées innovantes. Il ne s’agira pas seulement de la vente d’un produit. Peut-être pourra-t-on aussi le faire soi-même. » Martine Micallef a un autre triptyque en tête, très local. Elle veut en effet s’appuyer sur sa boutique située dans le centre-ville de Grasse, la développant comme « une destination à part entière pour les étrangers auprès desquels nous sommes très connus ». Elle souhaite également aménager un showroom dans son atelier usine afin de faire découvrir le savoir-faire de la Maison. « Je veux, enfin, les emmener aux champs pour leur faire vivre l’expérience de la cueillette. Non loin, nous avons en effet 3,5 hectares dont l’exploitation se fait pour nous en exclusivité. Ce jardin confidentiel compte aujourd’hui 7 000 pieds de jasmin. Nous y avons un projet de plantations diversifiées, des fleurs présentes dans nos collections comme le safran, par exemple. De la fleur au parfum, donc. Cette visite se terminerait dans le proche restaurant de mon fils qui pourrait mettre ces fleurs au menu. Il ne faut pas être frileux, il faut faire le dos rond, garder l’énergie. J’aime les challenges. »

-40 à -45 % de baisse de chiffre d’affaires

Des challenges nécessaires à relever face à cette crise qui a vu le chiffre d’affaires de Micallef (près de 4 millions d’euros) réduire de 40 à 45 % pour l’année 2020. « C’est une année irrattrapable », assure Geoffrey Nejman. « Elle avait pourtant démarré sur les chapeaux de roues. Nous nous attendions à une belle croissance car nous avions fortement restructuré nos lignes de parfums, autour de deux gammes, pour renforcer leur image. Nous consolidions aussi notre présence à New York. Mais nous sommes des optimistes nés, des battants, nous passerons au travers. »

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