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Brexit : la filière des Vins de Provence soulagée mais prudente
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Brexit : la filière des Vins de Provence soulagée mais prudente

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Alors que le marché britannique représente le deuxième marché en volume pour les vins de Provence, l’annonce d’un accord sur le Brexit a été vécue comme un soulagement. Néanmoins, l’interprofession, mais aussi la Maison Mirabeau qui y réalise plus de la moitié de son chiffre d’affaires restent vigilantes et s’attendent à quelques complications.

Jeany et Stephen Cronk ont créé La Maison Mirabeau en 2010. La Maison Mirabeau a commencé en tant que petit négociant en vin rosé et est aussi devenue propriétaire du Domaine Mirabeau, situé dans le massif des Maures, près de Saint-Tropez. — Photo : Maison Mirabeau

À la dernière minute, un accord commercial a été trouvé entre le Royaume-Uni et l’Union européenne. « Un soulagement » pour Jeany Cronk, qui dirige la Maison Mirabeau (16 salariés en France et 6 à l’étranger pour un chiffre d’affaires estimé de 9,50 M€ en 2019-2020), une société de négoce en vin rosé, par ailleurs propriétaire du domaine du même nom, situé dans le Golfe de Saint-Tropez. « Nous avons souffert de l’incertitude de cette situation depuis de nombreux mois et avons mis beaucoup de temps et d’énergie pour comprendre les conséquences possibles, tant le manque de clarté était flagrant », ajoute l’entrepreneuse. Son entreprise, qu’elle dirige avec son mari Stephen, réalise plus de la moitié de son chiffre d’affaires avec le Royaume-Uni.

Une position partagée par d’autres domaines provençaux puisque les volumes des vins de Provence exportés vers ce marché ont connu une croissance de 241 % au cours des cinq dernières années, selon le Conseil interprofessionnel des vins de Provence (CIVP). « Cette année 2020 a particulièrement montré que les Britanniques sont toujours de véritables amateurs de nos vins. Les volumes n’ayant pas été exportés aux États-Unis en 2020, en raison du Covid et des taxes Trump, ont en très grande partie basculé sur ce marché porteur », ajoute l’interprofession. En 2019, le Royaume-Uni représentait le deuxième marché export en volume pour les vins de Provence avec 14 % des exportations, soit 7,8 millions de bouteilles.

La vigilance reste de mise

Dans ce contexte, le Brexit a été préparé et les adhérents du CIVP ont pu assister à des webinaires organisés par les douanes. Une campagne de communication a également été programmée en 2021 et l’interprofession confie rester très vigilante. « Cet accord est une bonne nouvelle. Néanmoins, il va rester de nouvelles contraintes administratives qui vont alourdir la logistique export, ce qui n’est jamais une bonne chose pour le commerce, même si caves et négociants exportateurs ont l’habitude d’exporter dans le monde entier, y compris sur des marchés avec des contraintes plus importantes comme en Amérique du sud et du nord ou en Asie. »

« Cet accord est une bonne nouvelle. Néanmoins, il va rester de nouvelles contraintes administratives qui vont alourdir la logistique export. »

Un sentiment partagé par Jeany Cronk, qui craint des complications liées au dédouanement et des délais supplémentaires dans le transport de marchandises, particulièrement en ce début d’année. » Heureusement pour cette entreprise, la majorité de ses expéditions se fait plutôt au printemps, époque à laquelle « les procédures seront déjà un peu rodées », selon la dirigeante, qui ne s’attend d’ailleurs pas à une baisse réelle de chiffre d’affaires, « la marque étant très bien implantée et leader sur ce marché. »

Même si cela risque désormais d’être plus compliqué et plus cher, Jeany Cronk se veut confiante : « l’économie britannique est résiliente et le marché des produits de luxe made in France peut rebondir. » Quant à son entreprise, la Maison Mirabeau, elle a été créée en pleine crise 2009 sur un marché déjà très concurrentiel : « Nous avons beaucoup travaillé pour que la marque soit forte dans des moments délicats comme celui-ci où des ajustements économiques et identitaires vont s’opérer au Royaume-Uni. Il est difficile de prédire comment les gens vont réagir », précise la dirigeante, qui a engagé, avec son mari une nouvelle phase de son développement en direction d’autres marchés, afin de diluer les risques et de ne pas être trop dépendants du marché anglais.

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