Les créateurs
La trentaine passée, lorsque Benjamin Blanchard, designer produit, passé par la gestion de boutiques et d’une agence de design et Romain Garcin, chaudronnier soudeur se retrouvent à Draguignan, ils se lancent le défi d’apporter leur réponse commune aux déchets qui polluent, chaque jour un peu plus, la mer Méditerranée.
Le concept
Partant du constat que "600 000 tonnes de déchets plastiques sont rejetées chaque année dans la Grande Bleue et que 80 % de ces déchets viennent des activités terrestres", ils imaginent une solution, baptisée Vertuoso, pour traiter les réseaux d’eaux pluviales. "Il existe déjà des solutions, comme les filets et nous voulons être une solution parmi d’autres, car dans le contexte actuel, toutes les initiatives sont bonnes à prendre", considère Benjamin Blanchard. C’est là que l’expertise en chaudronnerie de Romain Garcin intervient pour mettre au point une solution inaltérable de filtration en inox, protégée par un brevet. "Il s’agit en quelque sorte d’une grosse passoire, servant de réceptacle à déchets, avant qu’ils n’arrivent à la mer", détaillent les deux entrepreneurs, qui s’assurent de la prestation de A à Z, pour des clients, qui sont pour l’essentiel des collectivités publiques.
"Dans un premier temps, nous analysons les réseaux d’eaux pluviales pour proposer les meilleures stratégies de captation des déchets en adaptant les mailles de filtration. Nous construisons et installons les réceptacles, puis nous assurons leur entretien", explique Benjamin Blanchard. Aujourd’hui, ils trient même les déchets collectés par leur première installation (quatre cages de 4 mètres cubes chacune), placée sur l’exutoire principal de la ville de Draguignan pour mener des études et ainsi éviter, à l’avenir, la diffusion de certains emballages, retrouvés en quantité, à l’image des boules de polystyrène. "Mise en service au mois d’août 2021, elle a déjà permis de collecter 6 mètres cubes de déchets."
Les perspectives
La solution mise au point par Vertuoso a déjà fait parler d’elle à l’occasion du concours Circular Port, qui s’inscrit dans le cadre du programme européen Marittimo, cofinancé par le Fonds Européen de Développement Régional pour multiplier les initiatives européennes visant à protéger les eaux marines de l’impact des déchets des ports et des navires.
Les deux entrepreneurs ont aussi rejoint la dernière promotion du Village By CA Provence Côte d’Azur avec l’espoir d’y trouver des réponses pour grandir sereinement. "Si aujourd’hui, nous réalisons encore toutes les étapes, de l’analyse du besoin au tri des déchets, nous savons que demain, nous aurons des choix à faire quant aux activités que nous avons intérêt à sous-traiter", confie Benjamin Blanchard. Adressant des marchés publics, les deux dirigeants savent aussi qu’il leur faudra une trésorerie solide. "Nous avons déjà des contacts avec des communes intéressées et nous pourrions, dans un premier temps, nous concentrer sur le réseau d’eaux pluviales allant de la Dracénie, jusqu’à la mer. Notre volonté n’est pas forcément de nous étendre rapidement, mais nous saisirons aussi les opportunités comme elles viendront", conclut Romain Garcin.