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Avec le dirigeable Stratobus, Cnim vise les étoiles
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Avec le dirigeable Stratobus, Cnim vise les étoiles

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Partenaire de la première heure du projet Stratobus, le dirigeable de Thales Alenia Space, Cnim vient de valider le système de mise en rotation permettant d’assurer l’autonomie de vol du ballon dirigeable. En reprenant quelques mois plus tôt les activités d’Airstar Aerospace, le groupe Cnim est devenu un partenaire majeur du projet et affiche ses ambitions européennes dans le domaine des ballons captifs.

Jean Luc Chauveau, directeur "Solutions Industrielles" CNIM, Ghislain Dehon, ingénieur contrôle commande CNIM, Martial Aubert, responsable technique projet Stratobus CNIM, Maxime Lauer Solelhac, chef de projet Stratobus CNIM, Yannick Combet, chef de projet Stratobus Thales Alenia Space et Gaëtan Breurec, directeur général adjoint Airstar Aerospace. En arrière plan, le banc d'essai de la nacelle à l'échelle 1:1.
— Photo : Hélène Lascols - Le Journal des entreprises

Cnim, équipementier et ensemblier français, historiquement présent à La Seyne-sur-Mer (Var), a validé le système de mise en rotation permettant d’assurer un an d’autonomie de vol du ballon dirigeable Stratobus. De quoi permettre au projet, porté par Thales Alenia Space (TAS), de franchir une nouvelle étape décisive.

En charge de la réalisation de la nacelle, qui pourra emporter 250 à 450 kg de charge utile, des quatre supports moteurs et du ballast mécanique, qui permet de régler le centre de gravité du ballon, Cnim a réalisé la maquette de la nacelle à l’échelle 1:1 et breveté son système d’accroche. « Ce banc d’essai nous a permis de démontrer que la nacelle est bien à même de faire bouger le ballon afin d’assurer la meilleure orientation au soleil, de manière à garantir l’autonomie énergétique du ballon », détaille Maxime Lauer, chef de projet chez Cnim.

Devenir un leader européen des ballons captifs

Au-delà de la prouesse technologique, cette avancée confirme aussi les ambitions du groupe familial dans le secteur spatial, quelques mois seulement après l’acquisition de 85 % du capital de la société toulousaine Airstar Aerospace (46 salariés, CA 2017 : 4 M€), également engagée dans le projet Stratobus sur le développement de l’enveloppe souple du dirigeable et des maquettes à échelle réduite. « Depuis le début, en 2016, Cnim est un partenaire majeur du consortium en charge du projet Stratobus et a opéré une récente montée en puissance, en prenant une prise de participation dans Airstar Aerospace », souligne Yannick Combet, chef de projet Stratobus chez TAS.

En prenant le contrôle d’un acteur majeur dans les domaines de la conception et de la fabrication de ballons captifs, ballons stratosphériques, de dirigeables et protections thermiques pour les satellites, l’équipementier français ne cache pas son ambition de se hisser au rang de leader européen des plateformes de ballons et de dirigeables pour les domaines de la défense, de la surveillance, de l’inspection, de la sécurité et du spatial.

Un habitué des défis industriels

Le groupe Cnim, aux 2 600 collaborateurs et 690 M€ de chiffre d’affaires en 2018, est un habitué des défis industriels. Ce serait même la marque de fabrique de sa division systèmes industriels. « Notre ADN est de proposer des solutions innovantes et performantes, capables de répondre aux problématiques de clients exigeants, de l’étude à la réalisation, en passant par la R&D. Partenaire de grands comptes, nous intervenons sur plus de 15 projets en cours pour le compte d’Iter, nous fournissons les équipements des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins, nous réalisons l’étanchéité de la nouvelle arche de Tchernobyl réalisée par Novarka, nous produisons depuis plus de 20 ans les cônes de booster de la fusée Ariane, nous réalisons les « mâts ailes » de l’Energy Observer », détaille Philippe Lazare, directeur général de la division systèmes industriels et directeur de l’établissement de La Seyne-sur-Mer.

Le site varois emploie plus de 960 collaborateurs et est doté d’une « capacité industrielle assez unique », ajoute le dirigeant et notamment d'ateliers géants capables d’héberger de grands ensembles, un poste de soudage par faisceau d’électrons grande dimension, l’une des plus grandes lignes de production par fluotournage en Europe et bientôt une salle blanche, dont l’investissement se chiffre à 15 M€.

Cnim, partenaire industriel clé de Stratobus

Pour les dirigeants de Cnim, leur groupe avait toute sa place dans l’aventure Stratobus. « Sur ce projet, nous sommes dans notre cœur de compétences », renchérit Maxime Lauer, tout en précisant qu’il y voit aussi un intérêt économique. « Le projet permet d’alimenter notre outil industriel, avec à terme la réalisation de plateformes en nombre. Il nous apporte aussi une référence clé dans l’univers du spatial, en termes d’affichage, et concourt ainsi à notre stratégie qui vise à être plus présent dans ce secteur d’activité. »

Si le spatial ne représente aujourd’hui que quelques pourcentages du chiffre d’affaires total du groupe, il renforce ses capacités à innover et produire des ensembles à forte valeur ajoutée. Par ailleurs, les débouchés commerciaux (la surveillance, la navigation, la défense ou les télécoms, NDLR) du Stratobus sont loin d’être négligeables. Pour Yannick Combet, « il n’y aurait d’ailleurs aucun problème de marché ». Complémentaire des satellites, cet objet encore inédit au monde pourrait prendre son envol dans la stratosphère en 2022 ou 2023, avant d’entrer dans sa phase commerciale. À partir de là, Cnim prévoit de consacrer 50 à 100 personnes à cette ligne de production, contre une dizaine aujourd’hui. Cette activité pourrait générer une dizaine de millions d’euros de chiffre d’affaires par an et 30 à 40 M€, en englobant l’activité toulousaine.

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