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Aquaculture : la station-météo de Bioceanor prédit la qualité de l’eau
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Aquaculture : la station-météo de Bioceanor prédit la qualité de l’eau

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Charlotte et Samuel Dupont sont à la tête de Bioceanor, une start-up implantée à Grasse qui développe et commercialise une station météo sous-marine permettant aux aquaculteurs de surveiller et prédire la qualité de l’eau en temps réel.

— Photo : Olivia Oreggia

Les créateurs

Docteur en biologie marine, Samuel Dupont travaille à l’Ifremer (Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer) sur les maladies des huîtres. Il découvre alors que les ostréiculteurs n’ont aucun moyen de connaître par eux même la qualité de l’eau. « Il fallait passer par l'Ifremer pour avoir des prélèvements et cela prend du temps », explique son épouse et associée, Charlotte Dupont. « Et pour relever la température, il leur fallait prendre le bateau et aller au milieu de l'étang de Thau plonger leur sonde. Aucun outil intelligent n'existait ! » De son côté, Charlotte, également docteur en biologie, exerce son expertise en internet des objets au sein d’Easy Global Market. C’est avec cette start-up de Sophia-Antipolis que le couple a développé le prototype d’une station sous-marine connectée.

Le concept

Ainsi est née Bioceanor en janvier 2018. Sous la forme d’un boitier ou d’une bouée bardée de capteurs et autonome en énergie, la station météo sous-marine analyse l’eau en temps réel. « Les ostréiculteurs peuvent suivre les mesures sur leur smartphone. Grâce à l’intelligence artificielle, on peut aussi faire des prédictions et les alerter si un paramètre risque de se dégrader, comme une hausse des bactéries dans les prochaines 48 heures. Ils peuvent alors retirer leurs huîtres et les placer, à temps, en bassin de décontamination ». Une petite révolution dans ce milieu très traditionnel. « Nos premiers clients, une ferme aquacole de la Seyne-sur-Mer, n'étaient même pas sûrs d'en avoir besoin. Puis ils ont vu que monitorer ne serait-que l’oxygène en continu permettait selon les variations d’adapter le nourrissage. Il y a donc moins de pertes, cela optimise leur production. »

Les perspectives

L’aquaculture regroupe les productions de poissons, coquillages, crustacés ou encore d'algues. Un marché bien maigre en France (110 000 tonnes en 2016) mais immense à l’échelle de la planète : 110 millions de tonnes selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture. La station sous-marine de Biocenanor peut aussi avoir des applications environnementales qui ont déjà séduit le Criobe, l’Institut de recherche sur les coraux, pour surveiller la barrière de corail en Polynésie ; ou encore pour la surveillance des eaux de baignade. La start-up reçoit des demandes du monde entier, « notamment d'Amérique du Sud et d'Asie, les deux plus gros producteurs d'aquaculture. Pour l’heure, on produit localement et on installe nous-même, il nous faut accélérer et trouver des distributeurs. » Bioceanor a lancé une levée de fonds visant le million d’euros et compte doubler ses effectifs d’ici la fin de l’année pour atteindre la dizaine de collaborateurs.

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