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Après sa renaissance, Dépil Tech veut rester numéro un français de l'épilation définitive
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Après sa renaissance, Dépil Tech veut rester numéro un français de l'épilation définitive

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Spécialiste de l’épilation définitive par lumière pulsée, Dépil Tech revient de loin. Né à Nice en 2011, le groupe emploie aujourd’hui 600 personnes, à travers 125 centres franchisés en France et à l’étranger. Mais entre crise sanitaire, erreurs de gestion, plan de sauvegarde et batailles judiciaires face aux dermatologues, sa success story aurait pu prendre fin.

Jérémy Gay est le directeur général de Dépil Tech — Photo : Olivia Oreggia

Si Dépil Tech revient de loin, le Covid n’a rien à voir dans l’histoire. Au contraire d’ailleurs. Malgré la fermeture, imposée par la situation sanitaire, des 125 centres spécialisés en épilation définitive dont 13 succursales , 2020 aura été une bonne année pour le groupe niçois avec un chiffre d’affaires à 43,6 millions d’euros (hors siège). À l’instar des salons de coiffure, la clientèle s’est précipitée à l’heure du déconfinement pour faire ôter durablement ses poils disgracieux.

Dépil Tech compte 130 centres experts en France, en Suisse, en Belgique et au Mexique — Photo : Depil Tech

"Le vrai point de départ de notre renaissance s'est fait avec le plan de sauvegarde, dont le réseau est finalement ressorti plus fort."

Plus que le Covid, c'est une crise de croissance qui a failli emporter l'entreprise. Juste avant la pandémie, l’entreprise a réussi à redresser la barre après un plan de sauvegarde. Fort de son réseau de quelque 600 collaborateurs, Dépil Tech peut à nouveau s’autoriser à avoir de l’ambition. Mais cette fois-ci, son développement est pensé par étapes successives, sans appétit excessif. D’abord en France, avant de viser les pays limitrophes puis ceux plus éloignés. "Nous venons de créer une filiale au Mexique où se trouvent cinq centres à ce jour", indique Jérémy Gay, directeur général de Dépil Tech. "Nous sommes désormais une société rentable, nous avons à nouveau de la trésorerie. Mais je ne suis pas dans la course au nombre de centres, je préfère en avoir moins mais qu’ils soient de qualité. Le vrai point de départ de notre renaissance s’est fait avec le plan de sauvegarde, dont le réseau est finalement ressorti plus fort." Et entièrement restructuré.

Une fois le plan de sauvegarde terminé, Jérémy Gay a remis son organisation à plat, créant des sociétés pour plusieurs succursales ou encore pour le pôle formation qui ne cesse de prendre de l’importance. Chaque personne qui intègre le groupe vient en effet y passer quatre semaines afin d’être tout à fait opérationnel et pleinement aligné avec l’esprit de la marque.

Situé au siège à Nice, le pôle formation accueille toute personne intégrant Dépil Tech — Photo : Olivia Oreggia

"Des erreurs de jeunesse"

Dépil Tech a été fondée à Nice il y a dix ans, par deux frères, Paul et Jean-Baptiste Mauvenu, démocratisant l’épilation définitive par lumière pulsée, jusqu’alors chasse gardée des dermatologues.

Utilisée à des fins médicales dans les années quatre-vingt-dix, la lumière pulsée a des visées esthétiques dans les années 2000. Une lampe flash émet une forte lumière absorbée par la mélanine du poil qui est alors détruit dès le bulbe. Le succès est quasi immédiat. Après deux premiers établissements sur la Côte d’Azur, des centres ouvrent littéralement aux quatre coins de France. "Personne n’en avait encore fait un vrai concept en France. Nous avions à peine plus de vingt ans, pas de bureaux, pas de siège. En quatre mois, sur nos deux centres niçois, nous avons réalisé le chiffre d’affaires que nous avions prévu pour l’année", se souvient Jérémy Gay. "On ne s’attendait pas à ce que cela plaise autant. Nous avons alors très vite pensé à la franchise." En deux mois, l’enseigne compte une dizaine de franchisés, lui permettant de financer ses premiers bureaux et recrutements. Une soixantaine de contrats est signée en une année. La croissance est exponentielle.

"Mais disons qu’il y a eu des erreurs de jeunesse des fondateurs qui ont fini par avoir les yeux plus gros que le ventre", reprend Jérémy Gay qui ne gérait alors que les succursales. L'enseigne se déploie en Belgique, en Suisse et au Mexique. Puis, "nous avons commencé à convoiter le Canada, tout en nous implantant en Espagne et en Irlande. Mais ce fut trop d’un coup. Car à chaque ouverture, il fallait engager des frais importants pour payer un avocat sur place afin de suivre la réglementation locale, un architecte aussi sur place pour suivre les règles en matière d’électricité ou d’accessibilité aux personnes à mobilité réduite, il fallait aussi payer la traduction de tous les documents, soit une enveloppe de 40 000 euros en moyenne. Au final, nous dépensions plus d'argent que nous en rentrions." Face à la situation, les deux cofondateurs s’éloignent peu à peu de l’affaire pour monter un restaurant et ne rester qu’actionnaires de Dépil Tech. En 2017, Jérémy Gay prend alors la tête de la direction générale. "En reprenant toute la gestion, je me suis rendu compte que la situation était grave, il n’y avait plus du tout de trésorerie, on vivait sur un découvert, nous accumulions les retards de paiement… J’ai alors retroussé mes manches. Nous avions construit Dépil Tech. Il y avait les salariés, la confiance des franchisés. Il était inconcevable d’abandonner."

Issu d’une formation en hôtellerie, le jeune homme apprend à devenir chef d’entreprise. Il passe chaque service au peigne fin pour y traquer la moindre économie à réaliser. Las, ce n’est pas suffisant pour remettre l’affaire sur de bons rails. "Il me fallait de l’aide. J’ai découvert une cellule d’aide pour entreprises en difficultés à la Chambre de Commerce de Nice. J’y ai été reçu avec ma comptable par l’ancien président du tribunal administratif de Nice. Nous avons tout épluché. Puis il m’a conseillé ce qui était pour lui la meilleure, voire l’unique solution : demander le placement en procédure de sauvegarde. Cela fait d’abord un peu peur, mais gèle tout ce que doit payer l’entreprise, lui permettant dans le même temps de prouver au tribunal qu’elle reste viable. Dès le lendemain, j’avais rendez-vous avec un liquidateur et un mandataire. J’ai utilisé le délai maximum qui m’était accordé pour tout reconstruire en termes de services. J’ai mis en place un plan de licenciement économique sur tout ce qui n’avait plus d’utilité comme le service de téléopératrices. Onze personnes sont parties. J’ai arrêté la prospection au Canada, mis un terme à nos contrats en Espagne et Irlande où nous n’avions pas bien choisi d’ailleurs ni les emplacements, ni les franchisés qui n’étaient pas impliqués." Lancé en juin 2018, le plan de sauvegarde prend officiellement fin 18 mois plus tard.

Bataille juridique contre les médecins

Dépil Tech retrouve alors des couleurs. Pour autant, l’étiquette semble encore difficile à décoller, freinant le plein redémarrage de l’entreprise. "Je regrette que les banques nous tournent le dos. Quand j’ai voulu restructurer, j’ai mis près un an à trouver une banque qui veuille bien que j’ouvre six comptes pour les six structures que j’avais créées. Je ne demandais pas de prêt, seulement l’ouverture de comptes. Et aujourd’hui, alors que nous sommes sortis de la procédure de sauvegarde, que cela ne figure plus sur notre Kbis, que nous sommes en plan d’apurement, avec un remboursement de la dette que j’ai demandé sur dix ans, tout est au vert, et bien là encore, les banques me tournent le dos. Cela concerne même les sociétés filles. Pour faire des travaux et agrandir le centre de Marseille, la plus rentable de nos succursales, j’ai besoin de 160 000 euros dont je dispose en trésorerie, mais aucune banque ne veut me suivre car nous sommes toujours en procédure d’apurement, c’est le gros point noir."

La lumière pulsée est utilisée pour l’épilation ainsi qu’en soin du visage, en prévention anti-âge — Photo : Depil Tech

Dépil Tech va pourtant devoir investir pour conserver son avantage de pionnier face à une concurrence qui commence à poindre. Une concurrence pour laquelle elle a finalement elle-même défriché le chemin. Car pendant des années, l’entreprise a dû se battre sur le front judiciaire pour pouvoir exercer, attaquée qu’elle était par des dermatologues et syndicats de médecins voyant dans l’utilisation de la lumière pulsée un danger pour les clients et une concurrence à leur propre pratique en cabinet. "Il y avait un flou juridique. Les médecins qui nous attaquaient, se basaient sur un arrêté de 1962 stipulant que toute épilation autre qu’à la cire ou à la pince est médicale. Mais comment interdire quelque chose qui n’existait pas à cette époque ? Après des années de bataille, nous avons obtenu gain de cause jusqu’en Cassation. L’impact financier aura néanmoins été énorme puisque cela nous a coûté 200 000 euros de frais d’avocat par an", précise Jérémy Gay. La route est désormais dégagée pour Dépil Tech dont l’objectif numéro un est de rester leader de l’épilation définitive en France et de développer aussi son expertise sur les soins du visage par la lumière pulsée ainsi que sur la vente de produits cosmétiques avec notamment sa propre marque fabriquée dans un laboratoire de Carros.

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