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Amadeus : "Le télétravail est le prix à payer pour recruter et attirer"
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Amadeus : "Le télétravail est le prix à payer pour recruter et attirer"

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Numéro un mondial de la réservation de voyage, Amadeus est le premier employeur privé de la Côte d’Azur avec 4 200 salariés. Le groupe espagnol n’en a pas moins de difficultés pour recruter et continuer d’attirer des talents à Sophia Antipolis.

Denis Lacroix, président d'Amadeus France — Photo : Olivia Oreggia

Après deux années douloureuses pour cause de crise sanitaire, l’embellie est de retour dans l’univers du voyage. Ainsi, Amadeus (CA 2021du groupe : 2,6 Mds€, 17 000 collaborateurs), qui a subi une chute de 80 % de chute son chiffre d’affaires au deuxième trimestre 2020 et vu partir plus de 300 salariés dans le cadre d’un plan de départs volontaires, aura cette année recruté plus de 400 personnes.

Des arguments qui évoluent

Le groupe espagnol, leader mondial de la gestion informatisée des réservations de voyages, est implanté à Sophia Antipolis (Alpes-Maritimes) depuis 1987 dans ce qui est son plus gros site de R & D au monde. Près de 4 200 personnes y travaillent, pour beaucoup attirées par la localisation azuréenne. Mais cet argument ne suffit plus, estime Denis Lacroix, président d’Amadeus France, invité lors de la dernière assemblée générale de la CCI Nice Côte d’Azur.

"Grâce à la région et à la proximité de l’aéroport, nous avons la capacité d’attirer, même des candidats venant de l'international. La politique historique de l'entreprise est de chercher des têtes bien faites plutôt que des têtes bien pleines, car l'informatique évolue. Nous investissons surtout sur des gens qui ont le goût et la capacité d'apprendre, plutôt que sur des experts, mais ce n’est pas facile." Amadeus peaufine depuis longtemps sa marque employeur, communique sur l’attention portée au bien-être des salariés, au-delà du seul salaire. "Un salaire ne rend pas les gens plus productifs, plus motivés, un salaire ne leur donne pas envie de rester. Il faut qu’ils se sentent bien chez nous."

70 % des salariés en télétravail

Mais là encore, les critères ont évolué. Le télétravail, par exemple, semble incontournable. Chez Amadeus, il était pratiqué depuis une dizaine d’années. Près d’un salarié sur cinq travaillait ainsi à son domicile un ou deux jours maximum par semaine. Sous la "forte pression" des collaborateurs, un accord a été signé au printemps 2021 : désormais, 70 % de nos salariés sont en télétravail trois jours par semaine. "Nous avons même autorisé le 100 % télétravail à près de 200 personnes et signé des embauches directement à distance. C’est le prix à payer pour recruter et attirer. C’est ce qu’ont fait les Doctolib et autres licornes pour remplir leurs énormes besoins en talents."

Se battre avec les mêmes armes que les concurrents visant des cibles similaires, Denis Lacroix y consent mais n’en est pas moins inquiet. "À titre personnel, je ne suis pas serein sur le long terme, avoue-t-il. Nous n’avons aucune inquiétude sur la productivité mais comment intégrer les valeurs et la culture de l’entreprise lorsque la personne est chez elle trois jours par semaine ? Comment faire en sorte qu’elle se sente liée à Amadeus ? Comment la fidéliser ? Je me demande si on n’est pas en train d’embaucher des mercenaires. Quant à l’innovation, elle est le fruit de cerveaux qui s’entrechoquent… dans une réunion Teams, ça ne marche pas ! Si on n’arrive pas à mettre les gens dans une même salle, si on ne s’engueule pas un peu, comment peut-on avancer ? C’est bien pour travailler mais pas pour collaborer."

Ainsi le président d’Amadeus France n’exclut-il pas un "léger" retour en arrière sur la question du télétravail. Premier employeur privé des Alpes-Maritimes, le groupe prévoit de poursuivre ses recrutements en 2023.

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