Aides européennes : Quelle chance pour les PME de Paca ?

Aides européennes : Quelle chance pour les PME de Paca ?

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Alors que la première Semaine européenne des PME s'est tenue le mois dernier, et que les élections européennes ont lieu le 7juin, la question du lien qui peut exister entre l'Europe et les PME régionales est plus que jamais d'actualité. Car en Paca, si les entreprises sont friandes de financements publics, elles ignorent encore trop souvent l'existence et le fonctionnement des aides européennes. Entre fonds structurels et programmes thématiques, mode d'emploi de ces enveloppes dont les PME locales peuvent disposer. Dossier réalisé par Alexandre Léoty, Didier Gazanhes, Hélène Lascols, Gaëlle Cloarec et Jean-Christophe Magnenet
— Photo : Le Journal des Entreprises

Plus de 820M€ de fonds structurels européens attribuables en Paca entre2007 et2013. Plusieurs dizaines de programmes thématiques, dont le plus célèbre, le 7e Programme-cadre de recherche et développement (PCRD), bénéficie d'un total de 50,5milliards d'euros pour la même période.Au moment où la crise frappe de plein fouet le tissu économique régional, les enveloppes allouées par Bruxelles peuvent représenter une réelle opportunité pour les entreprises. Pourtant, elles sont encore peu nombreuses à maîtriser les subtilités du fonctionnement de ces aides et financements européens. «Dans la région, les grosses entreprises sont familiarisées avec ces programmes, mais pas forcément les PME, confirme Blandine Pellistrandi, responsable de la représentation régionale de la Commission européenne, à Marseille. Pourtant, les aides existent, pour les entreprises innovantes et dynamiques qui souhaitent accroître leur compétitivité et s'ouvrir à de nouveaux horizons. Bien entendu, l'Europe n'a pas vocation à financer les ?canards boiteux?». Ainsi, les aides européennes interviennent principalement sous la forme de cofinancements, sachant que les entreprises doivent avancer des fonds qui leur seront ensuite remboursés. «Une PME qui serait en recherche de trésorerie n'a donc aucun intérêt à se lancer dans ce type de procédure», estime Martine Liogier-Coudoux, chargée de mission Europe CRCI pour Enterprise Europe Network Paca, Languedoc-Roussillon et Corse.










«Le réflexe européen»

Concernant les entreprises basées en Paca, le constat effectué par Isabelle Martin-Prevel, chef de la mission Europe au Secrétariat général pour les affaires régionales, à la préfecture de région, se veut nuancé: «Traditionnellement, nous ne comptons pas parmi les meilleurs en ce qui concerne le réflexe européen. Cela peut s'expliquer par la relative bonne santé financière de la région. Nous n'avons pas forcément la même urgence que d'autres à nous adosser à des fonds européens. D'ailleurs, beaucoup d'entreprises préfèrent se passer de ces fonds, d'autant que la commission européenne met désormais la barre très haut...»




Évolution des mentalités

Autre facteur explicatif de cette relative frilosité des PME locales: l'obligation de travailler sous forme de partenariats. «En la matière, l'Europe fait évoluer les mentalités, dans une région où le potentiel est énorme», estime Blandine Pellistrandi, mais où, selon Isabelle Martin-Prevel, «la notion de démarche collective n'est pas forcément naturelle, chacun défendant son pré carré». Un frein culturel auquel s'ajoute celui lié à la nature intrinsèque du tissu économique local. «La région est composée de petites entreprises, qui ne peuvent pas forcément mobiliser les moyens humains et financiers nécessaires à la constitution de ce type de dossiers», constate Martine Liogier-Coudoux, qui ajoute néanmoins que le «réflexe» européen a tendance à se développer depuis quelques années. Une vision optimiste partagée par Christophe Castaner, vice-président du conseil régional Paca délégué à l'aménagement du territoire et aux affaires européennes, pour qui les Pôles régionaux d'innovation et de développement économique solidaire (Prides) et les pôles de compétitivité jouent un rôle majeur dans ce processus: «Le message est passé. Les entreprises ont compris qu'il était possible d'aller chercher l'argent ailleurs, ce qui s'explique aussi évidemment par la rareté des fonds publics. La culture des fonds européens devient désormais une culture de l'action...»