Toulouse
Vincent Gardeau (Celad) : « Nous ne formons pas assez les jeunes aux technologies de demain »
Toulouse # Informatique # Ressources humaines

Vincent Gardeau (Celad) : « Nous ne formons pas assez les jeunes aux technologies de demain »

S'abonner

Depuis Toulouse, Celad (1 150 collaborateurs ; CA 2018 : 90 M€) accompagne les entreprises dans leur projets informatiques. Son dirigeant, Vincent Gardeau, a été élu entrepreneur de l'année 2018 par EY pour la région Grand-Sud. Également président du club des nageurs du Toec, il entretient le culte de la performance dans son entreprise comme dans les piscines. Vincent Gardeau raconte Celad, la place croissante du marché de l'Internet des objets et sa lutte au quotidien pour recruter de nouveaux informaticiens.

Malgré son millier de salariés, le groupe toulousain de services informatiques Celad reste "dans l'esprit PME" afin d'intervenir rapidement et efficacement chez le client, selon son président Vincent Gardeau — Photo : Celad

Le Journal des Entreprises : En quoi l'histoire de Celad est-elle liée à la Banque Populaire Occitane ?

Vincent Gardeau : Au début des années 1990, les Banques Populaires du Sud-Ouest ont créé une entité interne pour gérer les pics d'activité informatique et les opérations de maintenance. Dix ans plus tard, devant la récurrence de cette activité qui employait plus de 30 personnes à temps plein, la banque a cherché un repreneur. J'avais travaillé chez eux comme chef de projet informatique entre 1986 et 1990 - mon premier job - et ils ont pensé à moi. J'ai accepté avec l'objectif de devenir actionnaire majoritaire, ce qui est le cas aujourd'hui. La Banque Populaire Occitane n'a plus de part dans la société.

Qu'est devenue l'activité de Celad ?

V. G. : Celad est passé de 1,5 M€ de CA en 2002 à 90 M€, d'un client unique à plus de 300. Nous les accompagnons dans leurs projets informatiques en détachant des salariés de Celad sur place (50 % de notre activité) ou bien depuis nos locaux. Banques, mutuelles, assurances, caisses de retraite ou encore hôpitaux, nous sollicitent pour l'informatique de gestion.

Côté informatique industrielle, nous concevons les logiciels embarqués qui pilotent l'électronique des avions, voitures, ordinateurs, objets connectés... Ces calculateurs sont fournis à Continental, Valéo, Renault, Airbus ou encore Zodiac.

Les objets connectés sont en plein boom. Est-ce également le cas chez Celad ?

V. G. : L'Internet des objets (IoT) nous donne beaucoup de travail. Quelques exemples : nous sommes chargés du développement et de la maintenance d'un logiciel pour Intel, qui sera intégré dans une montre connectée TAG Heuer. Nous travaillons aussi sur les lampadaires connectés de la société américaine Vuzix ou pour les ceintures des Airbus A380. Équipées de capteurs, elles pourront détecter si les passagers sont attachés ou non...

Pensez-vous que l'IoT prendra le pas sur vos autres activités ?

V. G. : Nous sommes une société de services et je m'interdis de penser à la place de mes clients. Ce sont eux qui connaissent le business et peuvent tenter de prédire son évolution. Et encore. Prenez l'éclatement de la bulle Internet en 2000, toutes ces sociétés qui se sont lancées dans l'informatique et ont coulé, car le marché n'était pas prêt. Ou l'intelligence artificielle qui n'émerge que maintenant, alors qu'elle existe depuis 20 ans déjà. Je ne sais pas ce qui se passera pour l'IoT, mais tant que nos clients auront des projets, nous serons là pour les assister.

Quelle est votre cadence de recrutement ?

V. G. : Nous avons recruté 180 collaborateurs en 2017 et 220 en 2018. Mais nous visions 300 recrutements ! Pourtant, nous formons des jeunes sans expérience, tout juste diplômés ou sortis de stage, et nous avons 17 chargés de recrutement à plein temps !

« Étudiants, ne vous orientez pas vers le sport, l'histoire ou la sociologie : il n'y a pas de travail dans ces voies-là ! »

Le besoin de main-d'oeuvre est fort en informatique et électronique. Mais en France, nous manquons d'écoles pour former les jeunes à ces technologies. Même si j'admets qu'à Toulouse, nous sommes un peu mieux lotis que les autres. En 2019, nous visons encore 200 recrutements, dans l'espoir d'en effectuer 300.

Comment pourrait-on ramener les jeunes vers les métiers de l'informatique ?

V. G. : Il ne faut plus que les jeunes diplômés bac+5 ou bac+10 se retrouvent au chômage. Demandons leurs besoins aux gens de la société civile et aux industriels et orientons les jeunes dès la 2de dans ces voies, là où il y a du travail : artisanat, restauration, informatique... N'allez pas faire sport, histoire ou sociologie, il n'y a pas de travail ! La passion est importante, mais ne donne pas forcément un vrai métier.

Vous êtes président du club de natation des Dauphins du Toec. Votre culture de la performance dans les bassins influence-t-elle votre rôle de chef d'entreprise ?

V. G. : Je n'aurais jamais pensé atteindre 90 M€ de CA. Dans la natation de compétition, il faut s'entraîner 10 ou 11 fois par semaine pour gagner des centièmes de seconde. C'est un sport exigeant, dont la performance découle d'un effort sur la durée. Pour Celad c'est pareil. Si nous travaillons bien, les clients sont contents, nous recommandent, les collaborateurs sont augmentés, efficaces et attirent d'autres clients. C'est ce raisonnement qui a porté Celad jusque-là.

Finalement, quel est votre avantage concurrentiel ?

V. G. : La qualité avant la quantité. S'il y a un problème chez le client, nous sommes là dans l'après-midi. Cette politique commerciale de proximité fait notre force. C'est pourquoi, en plus de notre siège toulousain, nous possédons dix agences en France et une aux États-Unis. Afin d'intervenir rapidement et efficacement chez le client, nous sommes restés et resterons dans l'esprit PME.

Toulouse # Informatique # Ressources humaines