Honorable maison fondée en 1888, l’industriel italien Fedrigoni (4 000 salariés), producteur de papiers spéciaux pour l’emballage, vient de prendre une participation majoritaire au capital de l’entreprise montpelliéraine Tageos. L’opération permet au groupe familial de rentrer sur un marché hautement technologique : Tageos produit des "tags", ou étiquettes équipées d’une puce RFID (fonctionnant par radio fréquence), utilisées pour l’identification des produits et la gestion des stocks. Les étiquettes elles-mêmes sont produites en papier pour en réduire le coût unitaire. "Fedrigoni déploie depuis quelques années un pôle d’activité sur le papier adhésivé, proche de nos besoins. Il cherchait à se développer sur des technologies adjacentes comme la nôtre", résume Mathieu Picon, PDG de Tageos.
Un changement de dimension industrielle
Avec le soutien de son puissant actionnaire, la PME montpelliéraine va pouvoir réactiver son projet de transformation industrielle. Avant que la crise sanitaire ne vienne geler toute possibilité de transport international, Tageos prévoyait de bâtir trois usines, pour couvrir respectivement les marchés européen, américain et asiatique. Contrainte de changer ses plans, l’entreprise s’est d’abord installée, en 2021, sur l’ex-site de Schneider Electric (4 500 m2) à Montpellier, où elle a réuni sa production, ses stocks, son unité R & D et le reste de ses équipes.
Par ailleurs, Tageos prévoit de construire les deux autres usines, aux États-Unis et en Chine, en vue de démarrer la production en janvier prochain. Chacune d’elles mobilisera un investissement de 10 millions, afin d’installer le parc machines, dont l’acquisition a commencé, et de faire 50 recrutements, répartis entre techniciens et fonctions support. "Nous ciblons bien entendu les pays qui font le plus sens par rapport à la localisation de nos clients. Mais nous nous appuyons aussi sur Fedrigoni, qui dispose d’activités industrielles et de distribution sur place, pour nous installer plus rapidement", souligne le PDG de Tageos, dont la production va plus que tripler, passant d’un milliard à 3,5 milliards de tags produits par an.
Une forte traction commerciale
Les étiquettes connectées de Tageos lui ont permis de se développer d’abord, depuis sa création en 2007, dans le secteur du retail, afin d’améliorer la gestion et la traçabilité de ses stocks. Parmi ses plus belles références figurent de grands groupes américains (Walmart, Macy’s, Target, etc.) ou européens (C & A, Décathlon, etc.). "Walmart, après avoir validé l’utilisation des tags pour ses vêtements, va les déployer sur d’autres produits tels que les jouets, le linge de maison ou l’électroménager. Or quand un groupe de cette taille demande à ses fournisseurs d’être étiquetés, il est probable qu’il incite les autres grandes enseignes du retail à l’imiter", estime Mathieu Picon, qui attend une forte traction commerciale dans les mois à venir.
Tageos développe aussi d’autres applications autour de ses tags, comme le suivi de bagages dans les aéroports, le repérage de palettes et de contenants dans la logistique, l’étiquetage de médicaments dans l’industrie pharmaceutique… Mais cette diversification industrielle n’éloigne pas l’entreprise de sa vision initiale, qu’elle veut compatible avec le développement durable. "Nous avons choisi la production de tags en papier, sans aucun plastique, car nous voulions proposer l’empreinte carbone la plus basse. De même, nos nouvelles usines vont nous rapprocher de nos marchés, afin de limiter, voire stopper les expéditions d’un continent à l’autre", conclut Mathieu Picon.
