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Recif Technologies : « J'ai sorti l'entreprise du rouge »
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Recif Technologies : « J'ai sorti l'entreprise du rouge »

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Alain Jarre est arrivé chez Recif Technologies, à Blagnac (Haute-Garonne), en 2008. L'entreprise de conception de robots de manipulation de plaquettes de silicium était alors dans le rouge. Dix ans après, le dirigeant devenu repreneur présente des chiffres plus qu'encourageants et mène son activité vers la croissance. Comment a t-il fait ?

Alain Jarre, dirigeant de Recif Technologies, qui compte une soixantaine de salariés et génère près de 12 M€ de chiffre d'affaires. — Photo : Juliette Jaulerry

Recif Technologies revient de loin. Depuis le début des années 2000, le concepteur de robots de manipulation de plaquettes de silicium a enduré une dizaine de plans sociaux, la banqueroute (en 2005), un carnet de commandes resté vierge pendant douze mois d’affilée… Autant dire que la mission de redressement confiée à Alain Jarre en 2008 relevait du grand défi. À son arrivée, l’entreprise de Blagnac gérait toutes les étapes de fabrication de ses machines, avec des filiales importantes en Tunisie et Biélorussie. Première décision du nouveau patron : passer de la structure intégrée à la « fab light », avec l’arrêt d’activité d’unités de production, notamment celles réalisées à l’étranger, pour se concentrer sur la conception, l’assemblage et le contrôle qualité.

« C’était Do or die »

Décision compliquée, socialement ? « Nous n’avions pas le choix. C’était do or die, et cela a été assez bien compris », explique Alain Jarre. Cet ancien de STMicroelectronics et Oberthur a vu l’entreprise passer de près de 500 salariés en 2008 à une soixantaine cette année. Ceux-ci sont répartis entre le siège à Blagnac et deux filiales à Taïwan et aux États-Unis. « Après une première phase de restructuration, de 2008 à 2011, il a fallu redéfinir l’ADN de l’entreprise : l’innovation », raconte le dirigeant qui s’est rapidement tourné vers la recherche collaborative. Après de longs efforts pour convaincre clusters, entreprises et administrations, Recif Technologies s’est retrouvé chef de file d’importants projets collaboratifs européens. Dès 2011, il fait entrer l’entreprise dans une phase importante d’investissement représentant jusqu’à 20 % du chiffre d’affaires, pour développer deux lignes de produits visant une nouvelle clientèle autour des process et de la métrologie. Autrement dit, une ouverture vers le marché des acteurs intermédiaires dans la chaîne d'activité des semi-conducteurs. Pour le moment, le produit phare de l’entreprise, qui a généré 100 % du CA en 2017, est vendu directement aux géants de la fabrication de puces électriques comme Samsung ou TSMC (99 % de la clientèle est hors de France). Le deuxième projet en cours, le TSVHandy, veut répondre au mieux aux exigences de manipulation des plaquettes silicium qui s’avèrent de plus en plus complexes.

De dirigeant à repreneur

Alain Jarre grignotera progressivement des parts dans l’entreprise, précédemment propriété à 100 % de la holding familiale du groupe Gorgé. « Chez Recif Technologies il y a une culture d’entreprise et je me suis attaché à cette société, comme beaucoup de salariés d’ailleurs, au point de vouloir m’y impliquer moi-même», raconte ce Haut-Savoyard, prêt à parcourir des kilomètres chaque semaine pour développer son activité. En juillet 2017, il devient actionnaire majoritaire aux côtés de Bpifrance et BNP Paribas Développement (actionnaires à hauteur de 11 % et de 22 %) et de l’actionnaire historique (17%). Et demain ? « J’ai sorti l’entreprise du rouge et j’ai dépassé mes objectifs de 10 M€ de CA (près 12 M€ en 2017). Nous allons continuer à croître, tout simplement. »

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