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Pourquoi le groupe ADF a racheté Latécoère Services
Interview Toulouse # Aéronautique # Reprise

Pourquoi le groupe ADF a racheté Latécoère Services

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Après le rachat de Latécoère Services le 20 décembre dernier, Marc Eliayan, p-dg du groupe marseillais ADF (3.000 employés, 290 millions d'euros de CA en 2016 avant rachat), dévoile la nouvelle stratégie qui concerne désormais l'ETI toulousaine.

— Photo : Le Journal des Entreprises

Le Journal des Entreprises : Pouvez-vous présenter le groupe ADF ?

Marc Eliayan : Notre groupe fournit des services et des installations pour nos clients, en génie mécanique, génie électrique et métallurgie. Spin-off du groupe Gaz de France, nous sommes présents sur les bassins industriels en France ainsi qu'au Benelux, en Espagne et en Afrique. Le management de l'entreprise est aujourd'hui actionnaire majoritaire. Avec notre siège à Vitrolles, nous employons (avant le rachat) environ 3.000 personnes pour un chiffre d'affaires de 290 millions d'euros en 2016.

Pourquoi avoir racheté cette filiale de Latécoère ?

M.E. : Nous réalisons environ 40 millions d'euros de notre chiffre d'affaires dans le secteur aéronautique, sur le matériel de soutien au sol, l'outillage de production et la maintenance sur les lignes de production - nous sommes chez Safran, Stelia, Airbus... Nous étions très intéressés par cette PME qui est l'un des rares pure players de l'intégration sur ligne de production. Nous, nous sommes outilleurs mais pas intégrateurs : nous savons faire de l'outillage mais pas une chaîne d'assemblage finale !

Quel était le montant du rachat ?

M.E. : Environ 60 millions d'euros (rachat à 100 %). Nous avons repris tout le personnel (841 personnes), sauf un site au Brésil. Je tiens à préciser qu'à la faveur de ce rachat, nous avons accueilli dans notre capital le fonds ACE Management. Quant à G2 Métric, filiale de Latécoère Services en partie, basée à Launaguet et spécialisée dans l'ingénierie métrique, nous la rachetons dans l'année à venir.

Quels atouts vous apportent Latécoère Services ?

M.E. : Deux savoir-faire aéronautiques que nous n'avons pas : l'intégration donc et aussi l'ingénierie, la capacité de concevoir des pièces. L'entreprise a travaillé sur le nouvel avion de transport Beluga, sur le programme A350... Nous récupérons aussi une complémentarité dans les zones géographiques : Latécoère Services a des sites propres au Canada, au Royaume-Uni, en Allemagne, Espagne, Tunisie, Israël... À l'export, nous étions à 10 % avant le rachat. Ce chiffre est passé à 30 % !

Quelle est la stratégie d'ADF ?

M.E. : Nous devons avoir une taille critique et ne pas faire que de l'aéronautique, pour être en capacité de répondre, et être diversifié. C'est aujourd'hui le cas. Nous voulons accompagner les donneurs d'ordre à l'international et établir des passerelles entre les secteurs. Faire des offres vis-à-vis des clients de Latécoère Services sur l'énergie, le pétrole & gaz, l'industrie... Dans les services, les industriels cherchent une efficacité et une compétitivité. Chez ADF, cela passe par plus de technologie, de savoir-faire.

Y a-t-il des changements prévus au sein de cette filiale ?

M.E. : Nous avons intégré la direction dans le comité exécutif du groupe ADF. Hubert Dehase, président, devient directeur exécutif de Latécoère Services (le nom devrait être modifié d'ici quelques mois...) Nous avons lancé un projet interne pour faire un groupe intégré.

Combien ADF va-t-il investir dans Latécoère Services ?

M.E. : Nous avons estimé les investissements en 2017 à 3,5 millions, 3 millions pour Latécoère Services et 500 K€ pour renchérir nos capacités liées à la fusion. Nous avons par exemple débloqué une enveloppe sur la robotique. Nous avons déjà ce savoir-faire mais nous devons développer la capacité à intégrer la robotique chez nos clients. Nous allons constituer une équipe dédiée ; un rachat supplémentaire n'est pas non plus à exclure. Quant au segment ingénierie aéronautique, nous souhaitons le développer sur des programmes non pas toulousains mais à l'étranger, sur des pièces d'aérostructures. Egalement dans le spatial, car Latécoère Services a déjà une commande sur la ligne d'assemblage de OneWeb à Toulouse et aux Etats-Unis, et devrait travailler sur l'assemblage du lanceur Ariane 6.

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