C’est au cœur même de la matière que la PME gardoise NewTec Scientific (14 salariés, CA 2020 : 1,5 M€) puise sa valeur ajoutée. Depuis sa création à Nîmes en 2012, elle a conçu une gamme d’instruments scientifiques de très haut niveau (dispositifs d’imagerie numérique, de cryogénie, de cathodoluminescence, etc.) pour la microscopie : utilisés avec des microscopes optiques ou électroniques, ils permettent d’étudier le comportement des matériaux quand ils sont stressés mécaniquement et thermiquement. "Nous sommes les seuls au monde à proposer un outil d’étude des roches de ce niveau. Quand elles sont bombardées d’électrons, elles deviennent bioluminescentes et notre cathodine révèle en elles une certaine quantité de terres rares, ces métaux très recherchés par l’industrie informatique et les télécoms", cite Antoine Candeias, président de NewTec.
Trouver les matériaux du futur
Les utilisateurs de ces instruments évoluent dans de nombreuses filières : le spatial, l’aéronautique, l’industrie pétrolière, la géologie ou même la gemmologie. "Nous pouvons dire si un diamant est naturel ou artificiel", glisse Antoine Candeias. NewTec, qui réalise 70 % de son activité à l’export, est sollicité dans le monde entier. L’entreprise travaille avec les plus grands centres de recherche publics ou privés. En quelques mois, elle a conclu des partenariats avec les universités de Bordeaux, de Troyes, de Kingston (Canada) ou encore avec l’Onera, le centre français de la recherche spatiale. Du côté des industriels, elle affiche des références telles que Michelin, EDF, General Electric ou, encore récemment, Horiba Medical, le fabricant de robots d’analyse hématologique basé à Montpellier.
En 2018, NewTec a franchi un cap important en signant avec Rolls Royce et le centre de recherche que l’industriel a installé au sein de l’université de Manchester (Angleterre). Le partenariat, qui porte sur la livraison de cinq machines en 4 ans, se poursuit encore. Il a contribué à la visibilité internationale de la PME gardoise, qui affronte des concurrents 6 ou 7 fois plus gros qu’elle sur ce segment technologique. "Avec des machines qui analysent les matériaux du futur, nous sommes au cœur des dynamiques les plus actuelles. Par exemple, tout le monde parle de l’hydrogène. Or, c’est un élément dont les particules sont hyperfines et s’insèrent partout. Nous aidons la recherche à trouver les matériaux qui ne subiront pas de transformations physiques ou chimiques liées à ce phénomène", poursuit Antoine Candeias.
Chaud et froid extrêmes
Pour poursuivre ses développements, NewTec vient de doubler sa surface en déménageant dans des locaux de 800 m2, situés à Caveirac (Gard). Elle prévoit de porter son chiffre d’affaires à 2 millions d’euros en 2022 en s’engageant dans de nouvelles voies. Elle devait dévoiler, en décembre dernier, un nouvel instrument permettant de travailler sur des échantillons à 1 450°. "Ce système permet d’observer le comportement du matériau en temps réel, et non plus d’attendre de le retirer du four alors que la chaleur l’a déjà détruit", précise Antoine Candeias. Des fabricants dans l’avionique, le spatial et des motoristes ont déjà manifesté leur intérêt. Mais NewTec se lance déjà un nouveau défi, dans une direction opposée : d’ici 3 ans, elle espère sortir de nouvelles machines fonctionnant en température négative. Jusqu’à -250°…
