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Microphyt se structure en vue de son décollage commercial
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Microphyt se structure en vue de son décollage commercial

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Après avoir fortement augmenté ses capacités de production et ses effectifs en 2020, l’héraultais Microphyt, producteur d’ingrédients pour la santé et le bien-être issus de microalgues, lance la commercialisation de ses premières gammes en 2021. Il prévoit déjà d’investir 15 millions d’euros pour continuer à déployer son outil industriel.

Les photobioréacteurs sont des systèmes tubulaires utilisés par Microphyt pour la production de microalgues — Photo : Microphyt

Entreprise créée en 2007 à Baillargues (Hérault), près de Montpellier, Microphyt (33 salariés, CA 2020 : 300 000 euros) a connu une longue phase de mise en place de ses procédés avant de trouver sa vitesse de croisière industrielle. En levant 28,5 millions d’euros en 2019, elle a bouclé la plus grosse opération de financement de l’année en Languedoc-Roussillon, mais elle s’est surtout donné les moyens d’accélérer sa croissance. Spécialiste des ingrédients actifs naturels issus de microalgues et destinés à la santé et au bien-être, Microphyt a d’abord quadruplé sa capacité de production. Les machines qu’elle utilise, appelées photobioréacteurs (systèmes tubulaires d’une capacité de 5 000 litres), sont passées de 5 à 20 sur son site, tandis qu’elle validait aussi, pour la première fois, le fonctionnement à l’échelle industrielle de son unité d’extraction. « Il y a un enjeu de quantité et de qualité. Nous sommes les seuls à savoir produire à large échelle certaines espèces de microalgues, tout en respectant leurs caractéristiques biologiques, de sorte que nos produits commerciaux affichent des principes actifs de qualité, rarement vus ailleurs », explique Vincent Usache, directeur général de Microphyt.

Une forte structuration en interne

La structuration de Microphyt s’est prolongée sur le plan interne. Ses effectifs ont bondi 15 à 33 salariés en 18 mois, sur des postes stratégiques (études, réglementation, marketing) en plus de ceux dédiés à la production. De même, elle vient de se doter d’un conseil d’administration, composé de trois experts internationaux issus des sciences de la vie et du monde des ingrédients, pour l’épauler alors qu’elle s’apprête à décoller commercialement. Tout au long de cette phase préparatoire, Microphyt générait, en effet, un chiffre d’affaires peu significatif tiré d’une activité de production à façon. Après un nouveau décalage en 2020 dû à la crise du Coronavirus, la PME héraultaise va relancer, d’ici la fin de l’année, la commercialisation de son premier produit, un ingrédient vendu aux laboratoires de compléments alimentaires et destiné à la prévention de déclin cognitif lié à l’âge. Après l’avoir homologué pour le marché américain, elle en fait une cible prioritaire (lire encadré), sans négliger les autres pays. « Nous sommes en contact avec une trentaine de laboratoires dans le monde pour ce produit, mais nous voulons aussi démontrer son efficacité au moyen d’études cliniques, dont la première démarre en Irlande », précise Vincent Usache.

C’est une priorité pour l’entreprise héraultaise : si Microphyt dispose d’une plateforme d’innovation qui lui permet de développer assez rapidement des produits sur la base d’ingrédients uniques et différenciés, elle consacre aussi beaucoup de temps et d’argent à les caractériser sur le plan scientifique. « On observe beaucoup d’appétence chez les consommateurs pour la naturalité. Ils délaissent les produits animaux et privilégient les produits végétaux, qui peuvent être cultivés et contrôlés de façon transparente. Microphyt fait donc le choix d’une production durable, en réalisant des études cliniques pour prouver l’intérêt de ses produits et en investissant dans une fabrication locale et maîtrisée », insiste Vincent Usache.

Une nouvelle salve d’investissements d’ici 2022

Sur le volet de la nutrition, Microphyt compte deux autres produits en développement réglementaire, l’un portant sur les fonctions hépatiques du métabolisme, l’autre sur les douleurs articulaires. En parallèle, la PME développe aussi une gamme en cosmétique et s’apprête à lancer trois ingrédients en 18 mois. « Le premier, prévu pour octobre, favorise une protection contre les effets de la pollution sur la peau », annonce le DG de Microphyt, qui compte déjà une quinzaine de clients dans la cosmétique. Avec de tels marchés en ligne de mire, l’entreprise revoit ses prévisions à la hausse. Elle projette un chiffre d’affaires d’un million d’euros en 2021, sur une activité commerciale qui va donc redémarrer, avant de connaître une forte accélération. Elle prévoit de réaliser de 40 à 50 millions d’ici cinq ans, sur l’ensemble de son portefeuille produits, qui devrait alors compter dix ingrédients actifs nutritionnels, et 20 ingrédients actifs et fonctionnels en cosmétique. Et puisque le marché mondial des compléments alimentaires explose depuis cinq ans, Microphyt se donne encore les moyens de tenir la cadence : elle prévoit déjà d’investir 15 millions d’euros d’ici 2022, afin de se doter de 30 photobioréacteurs de plus, mais aussi de nouveaux laboratoires et unités d’extraction.

« Nous sommes les seuls à savoir produire à large échelle certaines espèces de microalgues, tout en respectant leurs principes biologiques »

ENCADRE

Les compléments alimentaires, un marché en croissance continue

Dans les pays ne bénéficiant pas d’une protection sociale aussi avancée qu’en France, les médicaments sont chers et de nombreuses personnes se tournent vers les compléments alimentaires dans une optique de prévention santé. Sans surprise, Microphyt réalise donc 60 % de son activité à l’export. Les plus gros marchés mondiaux sont les États-Unis (où cette industrie pèse 40 milliards de dollars de chiffre d’affaires) et la Chine (30 milliards de dollars). « On observe depuis quelques années une place de plus en plus grande prise par les ingrédients issus des plantes et des algues. Ils ont des principes actifs encore peu exploités et présentent, pour le consommateur, un vrai intérêt dans des domaines comme la mémoire, la cognition, le métabolisme ou le traitement du prédiabète », indique Vincent Usache. En Europe (15 milliards d’euros), les compléments alimentaires sont moins connus en France, même si nous occupons le rang de troisième marché continental, avec un chiffre d’affaires d’1,4 milliard d’euros. Les deux leaders sont l’Allemagne et l’Italie. « Même dans ces pays où il y a une bonne complémentarité entre la pharmacie et les compléments alimentaires, ces derniers rentrent dans les usages. Les consommateurs s’aperçoivent qu’ils ont des apports spécifiques, au moment des premiers froids et lors des changements de saison, par exemple », cite le directeur général de Microphyt.

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